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«Je n'aurais pas
choisi cet hôtel», a déclaré sèchement, il y a quelques jours, la jeune Rama
Yade âgée d'à peine 34 ans et pourtant secrétaire d'Etat chargée des sports dans
le gouvernement français, juste après que l'équipe de France de football ait
posé les pieds en Afrique du Sud et élu résidence dans le luxueux hôtel 5
étoiles à presque 600 Euros la nuit à savoir le World of Pezula situé à
quelques kilomètres de la ville de Knysna au bord de l'océan indien, sujet de
la polémique qui a enflé ces jours-ci dans l'hexagone.
Les Espagnols en ASSIDUS Étudiants ! Pour étayer fermement ses dires, elle rajoute sans utiliser la langue de bois que « L'Espagne, par exemple, a choisi un campus universitaire». En effet, les Espagnols, constellés d'étoiles du Barça et du Réal, ont opté pour le NWU campus à Potchefstroom à 120 km au sud de Johannesburg. Comme ils l'ont d'ailleurs annoncé, ils ne cherchent que le confort pas le luxe en évitant un ostentatoire 5 étoiles. Pour ceux qui ne le savent pas, l'équipe ibérique est championne d'Europe des nations en titre et l'une des favorites pour le sacre final au pays de Mandela. Elle était première du classement mondial de la FIFA pendant plusieurs mois avant de céder la place il y a seulement deux mois au géant du football mondial le Brésil. A titre comparatif, L'équipe d'Italie, actuelle championne du monde, loge au Leriba à Centurion, un lieu rustique dont le premier prix est à 120 Euros la chambre, même pas le prix d'un hôtel d'un certain standing d'Alger ou d'Oran, malgré le niveau de vie très élevé en Afrique du Sud. Les Argentins n'ont non plus investi dans le super luxe, ils ont élu domicile dans un centre sportif de Prétoria. Quant à l'équipe d'Angleterre, son dévolu s'est porté sur le Bakofeng Sports Campus à Rustenburg, à quelques kilomètres du stade où elle affrontera l'équipe des USA pour le premier match de ce premier tour. A tout seigneur, tout honneur, le recordman et quintuple champion du monde, le Brésil a fait dans le très classe en préférant le Fairway Hôtel and Spa à Johannesburg. Enfin, l'équipe du Portugal, du détenteur du record mondial des transferts, en l'occurrence Cristiano Ronaldo, habite carrément et modestement en plein milieu rural à la villa Lodge Hôtel à Mogaliesburg, au prix, tenez-vous bien, de 90 Euros la chambre ! Messieurs, Rendez-nous des comptes ! Pendant ce temps là, Rama Yade ne va pas par quatre chemins en poursuivant ses attaques contre les bleus que « Si la France va très loin, le choix d'un site proposant les meilleures conditions d'entraînement paraîtra judicieux. Par contre, si les résultats ne sont pas à la hauteur de nos attentes, les instances devront s'expliquer. Il faudra logiquement en tirer les conséquences ». Elle poursuit dans sa logique en ajoutant que « J'attends que l'équipe de France nous éblouisse par ses résultats plutôt que par le clinquant des hôtels. Moi je les ai appelés à la décence en temps de crise ». A peine 24 heures se sont écoulées que la machine s'est mise en branle contre son point de vue qui sort un peu de l'ordinaire bien qu'elle soit issue du monde politique de la droite française et a vécu dans son pays d'origine le Sénégal jusqu'à l'âge de 11 ans où son père était le bras droit et secrétaire particulier du président Léopold Sédar Senghor. Peut-être a-t-elle réagi conformément aux conditions de ses ex-compatriotes et aussi, sans doute, elle a été prise de malaise de par son enfance difficile après que ses parents se soient séparés? La première à remettre de l'ordre fût sa supérieure hiérarchique la ministre de tutelle qu'est Roseline Bachelot qui la dépasse de 30 ans, en cadrant les dires de Rama qualifiés de politiquement incorrectes et en sa présence au cours d'une intervention face à la presse en déclarant que « Maintenant, allez stop, on est derrière notre équipe, elle en a besoin ». Au sujet de l'hôtel, elle insiste « la Fédération française de football a fait un choix. C'est elle qui en est responsable. Ca ne coûte pas un sou au contribuable ». En désavouant en public sa secrétaire d'état, elle termine « Il n'est plus temps de faire des polémiques. Chacune a son style». Le SOULAGEMent du coup de gueule Le coup de gueule, que la ministre de la santé et du sport a voulu boucler, a jeté un grand froid et un grand gêne au sein de la sélection française et aussi au sein de l'opinion française avec comme d'habitude les pours et les contres. Pour relancer le litige, le très respectable journal français « le Monde » a organisé sur son site On-line un sondage sur cette critique de Rama la rebelle. A l'heure de la rédaction de ce papier, sur presque 25229 sondés, 46.5% trouvent de telles dépenses totalement indécentes. 27.3% pensent que la secrétaire d'état a raison sur le fond mais le moment n'est pas bien choisi pour le faire. 5.5% trouvent que c'est normal que les sportifs de haut niveau puissent disposer de telles conditions pour préparer ce type d'évènement. Enfin, 20.7% estiment que Rama Yade n'est pas dans son rôle en critiquant ainsi les Bleus, elle devrait en être solidaire. Suite à ce sondage, on remarque que l'opinion publique est nettement en faveur de l'indocile Rama contrairement au monde politique et financier. L'ancien international marseillais Eric Di Meco et actuellement consultant sur RMC, est venu la réconforter en partageant son avis. « Je suis complètement d'accord », a déclaré l'ancien défenseur de l'OM. « D'autres nations auraient pu aller dans cet hôtel, mais ne l'ont pas fait par décence. Les joueurs et le staff ont toujours envie d'être dans les meilleures conditions. Quand j'étais joueur, je pleurais parce que j'avais envie d'avoir une belle chambre comme tout le monde ». Il enchaîna que Rama Yada a voulu dire aux joueurs: « Déjà, vous ne nous faites pas rêver sur le terrain ni en dehors et en plus vous voulez le plus bel hôtel ! Alors il faudra rendre des comptes sur le terrain. Si l'équipe de France se fait sortir en poule, elle aura raison. ». PAS DE QUART, PAS DE PRIMES Des pareils propos sortis de la bouche d'un ex-international et néanmoins détenteur de la Champion's League, démontrent que le débat n'est pas entièrement clos comme le souhaitait la veille la ministre du secteur. Une vague de déclarations des politiques est venue envenimer les choses en répliquant à la juvénile secrétaire d'état, presque mise à l'amende. Que ce soit par sa famille politique ou par celle de l'opposition. Le président de la fédération française souligne quand même que les primes de matchs ne seront perçues que si l'équipe de France parvenait à être quart de finaliste. Affaire à suivre, pourvu que le débat évolue dans la clarté et dans la transparence. ET NOUS DANS TOUT CELA ? Maintenant que la faille vient de s'ouvrir ailleurs, qu'en est-il exactement des nôtres ? Les verts sont-ils logés à la même enseigne que les bleus ? Le Mondazur Resort Hôtel de San Lameer où résident nos capés depuis lundi 7 juin n'est pas aussi mal que ça et n'a rien à envier aux autres. Il est aussi situé en face du même océan à quelques 150 km au sud de la ville de Durban. Comme rapporté su le net, cet édifice est aussi doté d'une piscine et de deux terrains de football, homologués aux normes FIFA et construits pour l'occasion. Pour les amoureux de la faune et de la flore, une réserve de rhinocéros au milieu d'une végétation idyllique couronne le tout aux alentours du lieu de résidence des Fennecs. LA FIFA, UN EMPIRE FINANCIER Comme tout le monde sait, chaque pays qualifié en Afrique du Sud recevra, de la part de la FIFA, une dotation d'au moins 8 millions de dollars (6.6 millions d'euros ou 66 milliards de nos centimes), une somme qui se bonifie au fur et à mesure du parcours de l'équipe dans la compétition. Par exemple, un quart de finaliste gagnera plus de 11 millions d'euros, et le champion du monde, environ 25 millions d'euros. Même les clubs des joueurs engagés recevront aussi leurs dotations, pour un total de 40 millions de dollars. D'après les estimations, la FIFA s'attend à engranger 3.2 milliards de dollars de recettes lors de ce Mondial dont 2 issus des droits télévisuels. Notons que la FIFA par la voie de son secrétaire général s'est aussi mise de la partie en appelant Rama Yade à plus de réserve en qualifiant au passage de non-sens ses révélations. On ne doit pas déranger de cette façon non diplomatique un ordre établi et défini. LA COPIE ALGÉRIENNE DE RAMA ? Chez nous, c'est presque devenu un tabou, vu la qualification de notre équipe en coupe du monde, de faire la moindre petite indélicatesse. A chaque fois que quelqu'un essaie d'élever un petit peu la voie sans qu'il soit mis machinalement sur le banc des accusés. Est-ce que notre clone de Rama Yade a le droit de parler du luxe dont nos protégés ont été choyés à Crans-Montana et à Nuremberg pour ne recueillir que des prunes à la fin des courses ? Les 6.6 millions d'Euros des équipes qualifiées représentent une somme énorme par rapport au budget presque dérisoire de notre FAF. Le pactole alloué par l'instance internationale doit être aussi investi dans le football national qui a besoin de beaucoup de moyens d'abord pour la formation. DÉPENSES EN FONCTION DU PIB ET DU SNMG ? Rama Yade dont le pays est le 16ème PIB mondial par habitant est choqué par le luxe dans lequel baignent les hommes de Raymond Domenech au pays des Zulus. Quelle doit être la réaction d'un simple citoyen français par rapport à celle de Rama ? Pourtant cette dernière est habituée aux arcanes des fastes de la république française et des soirées mondaines parisiennes. Certainement plus du quintuple de ce qu'a ressenti la secrétaire d'état. Les conséquences sur un Algérien, dont le pays est classé à la 88ème place du PIB/Habitant de l'année 2008, soit plus de 10 fois moins que celui de la France, seraient désastreuses à la puissance 50 ! Notre SNMG (Salaire National Minimal Garanti) suit la même tendance que le PIB par habitant par rapport à son équivalent français qui se situe à exactement 1344 euros bruts mensuel pour 35 heures hebdomadaires. Faîtes-nous les comptes, Messieurs les comptables ! Si on suit le raisonnement de Madame Yade, la nuitée à 600 euros revient à 57% du net du plus bas des salariés français. Cette même nuitée coûterait alors à un chanceux algérien par rapport à son compatriote smicard l'équivalent de 400 % son dû, de quoi nourrir une tribu ! Même la mort À la gorge ! C'est une folie qu'aucun enseignant chercheur local ne pourra se l'offrir ne serait-ce qu'une seule fois dans sa vie même s'il lui restera une nuit à vivre ! La bourse octroyée aux collègues de ce dernier lors des séjours scientifiques à l'étranger ne leur permettront même pas de passer la nuit dans un similaire bain maure de chez nous. Juste l'équivalent de 30 euros par jour entre hébergement, restauration et transport. Il faut serrer la ceinture jusqu'au dernier cran ! C'est l'une des raisons qui incitent nos universitaires à se rabattre dans des pays dont le niveau scientifique est parfois plus bas que le nôtre à cause du niveau de vie moindre comme le Maroc, la Tunisie, l'Egypte il n'y pas si longtemps ou la Syrie, devenue ces derniers temps la Mecque des enseignants et des trabendistes algériens. N'est-il pas vrai, comme l'avait rapporté le quotidien El-Khabar dans son édition du 19 mai 2010 que 1800 enseignants algériens visitent la Syrie par an ? Une énigme qui a suscité une note ministérielle adressée aux établissements après la réaction des universités syriennes qui ne pouvaient pas la capacité d'accueillir un si grand nombre. Notre prophète nous a recommandé d'aller chercher assez loin la science même en Chine mais pas au point où nos « enseignants » fassent des chaînes interminables devant les bureaux de leurs homologues syriens qui ne possèdent peut-être pas le niveau requis pour se faire établir des lettres d'invitations, sésames pour l'obtention d'un stage à l'étranger. L'université Algérie en prend tous les jours de sacrés coups par ces effets négatifs de ce type. LES PIEDS FAUTE DE TÊTE Revenons à notre héroïne du jour. Notre sosie est-il en mesure comme la déchaînée Rama Yade, qui doit souffrir dans son for intérieur d'avoir lancé cette boutade dans le milieu fortuné, de demander aussi des comptes à notre sélection qui l'a déçue pendant sa préparation malgré les moyens déployés ? Ou bien doit-il garder cette souffrance en lui-même et n'exprimer point un mot ou simplement le mimer par peur d'être taxé de quelque chose ? Croisons les bras et prions pour que notre équipe nationale soit à la hauteur des espérances placées en elle et ne pas décevoir les millions de fans qui n'espèrent que la victoire pour oublier un tant soit peu les problèmes du quotidien qui sont mis au placard le temps d'un rêve, d'une vie virtuelle qui va encore nous transcender vers l'au-delà en espérant un réveil radieux. Actuellement en pleine hibernation, tout le monde ne réfléchit ces derniers mois que par les pieds en attendant de retrouver dans un mois la tête et l'esprit dans un bon état. |
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