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A la veille de la tenue d'un séminaire de l'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne (APEM) consacré à la relance de l'Union pour la Méditerranée (UPM), le président du Parlement européen (PE), l'Allemand Martin Schulz, nous a accordé un entretien. Il livre sa conception des relations entre l'UE et le Sud méditerranéen. Le Quotidien d'Oran: Le projet de l'UPM était au point mort à la veille du «printemps arabe». Pensez-vous qu'il a des chances d'être relancé avec les bouleversements politiques que vivent les pays du sud-Méditerranée, ainsi que la crise des dettes souveraines que vivent les pays d'Europe ? Martin Schulz: Justement, c'est en période de crise que l'UE se doit d'être active pour résoudre la crise et non pas se replier sur elle-même. Prenez l'exemple de la fin de la 2e Guerre. Qu'avions-nous ? Une Europe ruinée, détruite et un héritage politique en Allemagne et ailleurs radical et extrémiste, c'est-à-dire le nazisme. Qu'avons-nous fait ? En s'appuyant sur le plan Marshall, nous avons réuni nos efforts et commencer la reconstruction de l'Europe sur tous les plans, économique et politique. Q.O.: Justement, comme vous le dites, les pays ayant vécu le «Printemps arabe» et organisé des élections ont, à l'exception de l'Algérie, porté les islamistes au pouvoir. Cela ne vous pose pas un problème d'ordre politique ? M. S.: Pas du tout. Les peuples sont totalement libres de choisir leurs dirigeants. Nous devons, nous Européens, apprendre à respecter ces choix et cesser d'être donneurs de leçons politiques. Il faut faire confiance aux choix des peuples. En revanche, nous devons intensifier le dialogue politique avec les pays du Sud. Nous devons écouter aussi les citoyens et comprendre leurs demandes. Il est vrai que le résultat des élections a, quelque peu, surpris les Européens. Mais c'est le choix des électeurs et il faut le respecter. Nous disposons de divers canaux de coopération et de dialogue. Il faut rétablir la confiance et le respect entre les deux rives de la Méditerranée, et c'est ce que nous faisons et à quoi nous nous attelons. Q.O.: Concrètement, par quel moyen allez-vous «réveiller» le projet de l'UPM ? M. S.: D'abord relancer les structures exécutives de l'UPM. Par exemple, je vous informe que le roi de Jordanie a donné son accord pour la coprésidence en désignant un diplomate. Du côté européen, ce sera le service d'action extérieur de Mme Catherine Ashton qui représentera l'Europe. Et puis, il ne faut pas que l'on reste au stade des déclarations. Il faut identifier les secteurs de coopération à haute valeur ajoutée, tels ceux de l'agriculture, la pêche, les transports, les services, etc. Les pays du sud-Méditerranée doivent nous dire ce qu'ils attendent de nous; en quoi on peut les aider et dans quel secteur précis. C'est en maintenant un dialogue permanent et en intensifiant la coopération économique tous azimuts que le projet de l'UPM prendra une forme concrète et une signification politique bénéfique pour tous. Q.O.: Quels types de domaine de coopération vous paraissent prioritaires dans l'immédiat ? M. S.: Ils sont nombreux pour les pays du Sud. L'agriculture, l'eau et les transports offrent de grandes opportunités d'investissement. Cela participera aussi au règlement, du moins à l'atténuation des problèmes de déplacement de populations touchées par la sécheresse et le sous-emploi. Cela participera à la résolution de la question migratoire provenant du Sahel. Les pays sud-méditerranéens sont les premiers touchés par la migration des pays du Sahel. Vous comprendrez qu'une coopération et des investissements conséquents sont dans l'intérêt de tous les membres de l'UPM. Q.O.: Et les problématiques de société, de droit de l'homme ? M. S.: Evidemment, notre premier souci est l'écoute de la société civile, des partis politiques, des associations non gouvernementales, etc. Ce sont eux qui donnent le pouls, la température ambiante dans le pays. Nous y prêtons une très grande attention directement ou par l'intermédiaire de nos ambassades, des délégations de l'UE, etc. Bien sûr, l'Europe, qui défend des valeurs telles les libertés publiques, l'égalité des sexes, le droit à la différence politique, les droits humains en général, est très attentive et conditionne même ses relations et sa coopération sur le respect de ces valeurs par ses partenaires. Q.O.: Pardon, la coopération a, aussi, un soubassement politique. Dans ce sens, la présence d'Israël, et c'est son plein droit, ne posera-t-elle pas un problème, eu égard à la question palestinienne ? M. S.: Tout est question de hauteur de vue et de sagesse politique. Je dis clairement que les Palestiniens ont le droit à un Etat viable, sur base de ce qui est contenu dans les résolutions de l'ONU et aussi des accords entre les deux parties. De même qu'Israël a le droit à la sécurité de son Etat. A ce titre, j'ai écouté à la dernière réunion de la Commission politique du PE, le 31 mai, plus de 60 discours. Seule la Turquie a tapé et critiqué la France. Le reste des discours ont critiqué Israël. En tout cas, il n'y pas d'autre solution que de continuer le dialogue politique pour avancer. Q.O.: L'Algérie a marqué sa différence de ses voisins lors des dernières élections législatives. Mais l'Algérie est aussi un pays qui dispose de ressources financières conséquentes. En cette période de crise, peut-elle à votre avis jouer un rôle particulier ? M. S.: C'est vrai, l'Algérie est très à l'aise financièrement. Bien sûr, l'Algérie peut par exemple participer au fonds de financements de certains projets par l'intermédiaire de la Banque européenne d'investissement (BEI). Vous savez que le dernier Sommet européen a décidé d'augmenter le capital de la BEI de 10 milliards supplémentaires. Rien n'empêche l'Algérie d'y participer. Ceci, d'autant plus que le FMI et l'OCDE estiment, dans leur dernière étude, qu'il y a de réelles possibilités d'investissement dans les pays du Sud, avec une rentabilité immédiate. L'agriculture et le tourisme pour l'Egypte par exemple; ou l'hydraulique en Algérie et au Maroc, etc. Le tout est d'avoir une vraie volonté d'aller de l'avant ensemble. |
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