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Hier en fin de journée, un cargo d'assistance aux Ghazaouis, le «Rachel
Corrie», faisait route vers le littoral de Ghaza alors qu'Israël tente
désespérément de justifier l'injustifiable attaque de la flottille pour la
paix, lundi dernier. Tel Aviv demeure sourde aux divers appels à la levée du
blocus de Ghaza.
Le régime israélien se réfugie dans la posture de la « légitime défense » pour motiver la criminelle attaque des navires humanitaires. Leurs occupants auraient été armés, ce à quoi personne ? à l'exception des ultra-sionistes ? n'a cru. La presse occidentale, généralement favorable à la politique israélienne, a, cette fois-ci, pris ses distances. Le quotidien Libération ouvre ses colonnes à une série de témoignages sur l'assaut de l'armée israélienne, tel que vécu par les militants pro-palestiniens qui étaient à bord des navires de la flottille. « Plusieurs récits contredisent largement la version israélienne », souligne le journal français. Libération cite notamment l'écrivain suédois Henning Mankell, engagé dans cette action militante, qui indique que l'attaque s'était produite «bien avant la limite, dans les eaux internationales». Il a dénoncé les affirmations d'Israël selon lesquelles des armes ont été retrouvées à bord des bateaux de la flottille. «Sur le bateau à bord duquel je me trouvais, ils ont découvert une seule arme: mon rasoir. Et ils l'ont effectivement arboré, mon rasoir. C'est dire à quel niveau on était», a déclaré Henning Mankell. De son côté, Francis Boyle, professeur de droit international à « l'University of Illinois College of Law de Champaign », a mis au pied du mur Israël et ses alliés. Il a en effet relevé avec pertinence : «L'attaque israélienne sur la flottille de Gaza a violé la Convention SUA (Suppression of Unlawful Acts against the safety of maritime navigation - Convention internationale sur la répression des actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime) dont Israël, la Turquie, l'Irlande et les U.S.A sont signataires. Cette convention a été fortement appuyée par les U.S.A en réaction au détournement du navire Achille Lauro et du meurtre de Leon Klinghoffer». Ce détournement, opéré il y a plus de 30 ans par une organisation palestinienne, le FLP, avait donné l'occasion à Israël de mener une campagne mondiale anti-palestinienne. Israël, le mépris du droit international On rappellera que l'attaque israélienne - désormais qualifiée d'acte de piraterie - contre la flottille, dont le navire Mavi-Marmara, a fait au moins neuf morts (dernier bilan), principalement des citoyens turcs. Dans ce contexte, la Turquie a annoncé qu'elle allait réduire ses liens économiques et d'industrie de défense avec Israël. Réagissant également à cette nouvelle agression et violation du droit international par Tel aviv, le principal négociateur palestinien Saëb Erakat a estimé qu'»après 43 ans d'occupation, Israël semble avoir choisi l'apartheid plutôt que la paix». «La colonisation israélienne détruit tout espoir de solution à deux Etats», a-t-il affirmé, accusant Israël de «non-respect continuel du droit international et des droits de l'Homme». Sur ce plan, il est difficile, voire impossible de pouvoir sérieusement contredire Saëb Erakat. Sans grand espoir d'être entendu, le Secrétaire Général de l'ONU, Ban Ki-moon, a réclamé la levée immédiate du blocus israélien de Ghaza. Il le juge «contre-productif, intenable et immoral». Pour lui, le grave incident constitué par l'abordage sanglant dans les eaux internationales par l'armée israélienne d'une flottille pro-palestinienne apportant de l'aide humanitaire à Gaza «met en lumière le blocus du territoire qui dure depuis longtemps». Naturellement, cela n'a pas eu d'écho auprès du régime israélien. Poursuite de la campagne de solidarité active De retour en France, après avoir participé à l'équipée humanitaire pro-palestinienne à bord de la flottille pour la paix, Thomas Sommer-Houdeville, un des animateurs de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP), annonce, dans les colonnes du journal Le Monde, qu'il ne baissera pas les bras. «Un bateau français partira pour Gaza dans quelques mois, il y en aura d'autres. Tant que la communauté internationale ne prendra pas ses responsabilités,» a affirmé Thomas Sommer-Houdeville exprimant une position adoptée par des milliers d'autres hommes et femmes de diverses nationalités. En fin de journée, hier, un autre navire-seul cette fois-ci -, le « Rachel Corrie », se rapprochait de Ghaza. La « Campagne de solidarité Irlande-Palestine » qui le parraine suivait sa progression vers le littoral palestinien. Cindy et Craig Corrie participent activement à cette campagne de solidarité. Ils sont les parents de Rachel Corrie tuée par un bulldozer de l'armée israélienne, le 16 mai 2003 dans la Bande de Ghaza, alors qu'elle essayait d'empêcher la démolition de la maison d'une famille palestinienne, un pharmacien, sa femme et leurs trois enfants. C'est ce bateau qui porte son nom et qui se rend en ce moment à Ghaza. À son bord se trouvent, entre autres, la lauréate irlandaise du Prix Nobel de la Paix, Mairead Corrigan-Maguire, et l'ancien Assistant du Secrétaire Général de l'ONU, Denis Halliday, lui aussi irlandais. Transportant au total 15 personnes de nationalité irlandaise et malaisienne, ainsi qu'un millier de tonnes d'aide, selon les organisateurs, le « Rachel Corrie » devait initialement faire partie de la flottille arraisonnée dans le sang, le 31 mai dernier. Reste à savoir maintenant quel sort vont lui réserver les autorités d'occupation israéliennes. |
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