Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Accusé d'avoir incendié: une ferme, il est acquitté

par H. Saaïdia

Cinq ans plus tard, l'affaire de l'incendie qui ravagea plusieurs hectares de terres agricoles à Bousfer, renaît de ses cendres. Au box des accusés, le présumé «pyromane», B.B, 49 ans. Innocenté au premier procès, puis rejugé et condamné à 20 ans de réclusion par contumace après avoir décliné une «invitation» de la justice à passer à la barre, celui-ci s'est rendu, en septembre 2009, et s'est aussitôt pourvu en cassation. Depuis, dans sa cellule de détention, il comptait les jours en prévision de son troisième - et peut-être l'ultime - jugement. Le teint ciré et le regard éteint, mais le ton enflammé, le mis en cause a clamé son innocence tout au long de l'audience, criant à la machination. Sa belle-mère, la deuxième en fait puisque son défunt père s'est marié avec deux femmes après le décès de la mère de B.B, c'est elle qui aurait tramé cette intrigue de l'incendie délibéré, à en croire, l'accusé. Le mobile ? Des luttes fratricides entre les nombreuses lignées du défunt pour l'héritage de l'exploitation agricole, une propriété de 14 ha, d'un seul tenant.

 Au bout d'âpres négociations entrelardées de querelles et de démêlées devant les tribunaux, les héritiers se sont mis d'accord sur un partage plus ou moins équitable du domaine, mais sans jamais parvenir à s'entendre sur certaines dépendances de la ferme, dont la maison, la «pomme de discorde». Et les frères ennemis ont dû, finalement, se plier à la décision de la justice qui a ordonné la mise en vente aux enchères du bien immobilier. C'était donc, du moins d'après la version des faits de l'accusé, dans ce contexte d'animosité et de déchirement fratricide qu'eut lieu l'incendie du 8 juin 2005, qui dévasta près de 3 ha de récolte céréalière. Une plus grande partie de la ferme, et peut-être même les terres attenantes, faillirent partir en fumée, ne fut-ce l'arrivée prompte des sapeurs-pompiers de l'unité de protection civile de Bousfer, dont le rapport d'intervention fut versé au dossier. Le jour même, une plainte a été déposée par les occupants des lieux par le biais de la mère, accusant son beau-fils aîné, B.B, d'avoir une main directe dans cet acte de sabotage» et d'avoir, également, menacé la famille de décamper sous peine d'être liquidé un par un. Les plaignants ont, en effet, fait état d'un coup de fil reçu de la part de B.B, qui a été vu par un de ses frères, rôder dans les parages, quelques heures avant le sinistre, lui qui avait quitté depuis quelques années la ferme pour s'installer à Aïn El-Beïda. Des allégations démenties tout en bloc par B.B, qui a soutenu que tout cela était une histoire montée de toutes pièces pour l'évincer du partage. Le représentant du ministère public a requis 7 ans d'emprisonnement pour le crime d'incendie volontaire et le délit de menace de meurtre. Finalement, B.B a été acquitté pour manque de preuves.