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Le 08 mars a été
à l'origine d'une journée de colère et de contestation des femmes en Occident
pour revendiquer non seulement de meilleures conditions de travail mais aussi
un statut meilleur.
Lassées d'être soumises, elles se sont entendues pour se faire entendre qu'elles sont des citoyennes à part entière. Elles y sont parvenues. En 1977, les Nations Unies ont décrété officiellement le 08 mars comme «Journée internationale de la Femme», invitant, ainsi, les nations membres à la célébrer - donc, à reconnaître, par la même - les droits fondamentaux de leurs femmes. Les femmes de tous les continents se sont réunies pour s'entendre à défendre collectivement leurs droits en dépit de moult différences d'ordre ethnique, racial, linguistique, culturel, cultuel, économique, politique?. Elles ont rompu le silence, brisé les tabous, bravé l'opinion. Bref, elles ont haussé le ton pour revendiquer haut et fort leur « féminitude » en tant qu'entité. Si elles sont Européennes, Américaines, Asiatiques, Arabes, Africaines, Musulmanes, Chrétiennes?, elles d'abord et avant tout ?'femmes'' et veulent être reconnues en tant que telles. Des femmes ordinaires qui ont fait l'Histoire malgré elles, sans le vouloir, voire sans le savoir. Va-t-on vers la liberté de la femme arabe ? Un rapport du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) sur le développement humain dans le monde arabe du 27 février 2007 a montré que le manque d'autonomie de la femme dans le monde arabe est un sérieux handicap qui empêche tout développement humain, social, économique et même politique dans nos pays. Aujourd'hui, même si le monde arabe est en pleine évolution à l'instar des autres nations, cela n'empêche qu'il continue à fermer la marche au lieu et place de faire face aux nombreux défis qui l'attendent dont ?'la mondialisation'' qui avance comme un rouleau compresseur. Elle écrase, sur son passage, tous les petits mondes de ce monde qui refusent d'être grand monde ou de le devenir. Il est, donc, d'une nécessité cardinale, voire vitale de donner toutes les chances aux femmes de se réaliser, de disposer d'elles-mêmes et leur faire valoir leurs droits imprescriptibles et inaliénables au même titre que les hommes, si notre nation décide de préparer sérieusement son avenir. Nul ne conteste que certaines avancées aient été réalisées dans certains pays arabes mais de manière timorée et inégale. En Algérie, par exemple, la femme est ministre, députée, sénatrice, femmes d'affaires?. Ceci est dû à une volonté politique affichée par l'État en harmonie avec une certaine ouverture d'esprit de la société civile. Cette dernière semble amorcer un début de changement de mentalité pour être en conformité avec son temps parce qu'elle a pris conscience des défis du XXI° siècle. (Ah, si les Gouvernants prennent une pareille conscience !!!) Malgré cela, la promotion de la femme arabe, en général, demeure partielle et en-deçà des espérances attendues. Ce qui limite son rôle dans la société au foyer seul et à la maternité. Sa mobilité se trouve, de ce fait, réduite. La femme arabe n'est pas seulement la moitié de l'homme. Qu'on le veuille ou non, elle aussi la moitié de la société. L'essor de la nation arabe tout entière en dépend. Si le monde arabe continue à fonctionner avec sa seule gent masculine en renvoyant toutes les femmes à leurs cuisines ? elles se marcheront, alors, sur les pieds tellement elles seront nombreuses (sœurs, brus, mères, belles-doches) -, il accusera un retard qui sera sérieusement préjudiciable pour les générations à venir. D'où la nécessité primordiale d'un débat à l'échelle monde arabe sur le statut de la femme afin d'accéder à la modernité dans le respect de la tradition. Celles-ci (tradition et modernité) ne sont pas foncièrement incompatibles. A contrario, elles ont toujours une affinité. L'une est à l'origine de l'autre. C'est plutôt les régimes qui sont inconciliables, voire opposés aux aspirations de leurs peuples respectifs Peut-on rompre avec le code de «l'infamie ?» Des amendements ont été amorcés dans le «nouveau code de la famille» algérien. Des mesures -mais restent encore "anémiques"- ont été prises sans impact apparent. La femme reste encore et toujours inféodée à l'homme. Tous les ingrédients semblent être réunis pour perpétuer un code archaïque qui n'a plus raison d'exister si ce n'est pour veiller sur un immobilisme digne de la période antéislamique. C'est pourquoi, certains féministes l'ont baptisé «le code de l'infamie.» Face aux chantres de la tradition et les plaideurs de la modernité, instaurer un équilibre stable n'est pas chose aisée. Pour certains, le code la famille - comme son nom l'indique -, consiste à défendre la famille et non la femme. Voilà comment trouve-t-on prétexte pour louvoyer entre la lettre de la Charia et son esprit. Un code de la famille archaïque, rétrograde et injuste risque d'être une réelle dynamique de la régression de la société et, par voie de conséquence, de la nation tout entière. Vers un code moderne de la famille ? Deux études arabes régionales ont été faites: celle du Machrek (Moyen Orient) avec la Jordanie, la Syrie, le Liban, la Palestine et celle du Maghreb avec le Maroc, l'Algérie, la Tunisie sur les systèmes juridiques et matrimoniaux. Il aurait été souhaitable d'établir une étude sociologique comparative des codes des deux régions qui relèvent, pourtant, de la même aire culturelle arabo-islamique. Certes, le code la famille musulman s'inspire essentiellement du Coran et de la Sunna en tant que tradition du Saint Prophète (QSSSL). Toutefois, il faut rappeler que le rôle de « l'Idjtihad » est en berne depuis des lustres. Loin d'être banni, il est, a contrario, fortement recommandé par la religion car les mentalités changent au fil des générations. L'Islam est capable de s'adapter au temps et à l'espace en vertu de sa flexibilité sans être, pour autant, frelaté dans son essence. Les intellectuels musulmans considèrent que les lois coraniques et sunnites sont, souvent, interprétées, voire codifiées selon un système patriarcal révolu mais maintenu et protégé à dessein d'éterniser la soumission de la femme en terre d'Islam. L'espace limité de cette ?'voyeuse interdite'' l'empêche de s'épanouir et de participer pleinement à son développement personnel et à l'édification de son pays. De pareilles pratiques ne font que reproduire et perpétuer les inégalités séculaires entre les deux sexes. Il est facile de justifier la domination de la femme comme étant une volonté divine pour occulter le désir du pouvoir sur elle. Ce qui explique la difficulté des gouvernements à réformer les codes musulmans de la famille par crainte d'écorcher les susceptibilités de certaines idéologies fondamentalistes. Pourtant, la législation islamique reconnaît et applique le principe de l'égalité absolue entre l'homme et la femme. Le terme «couple», ?'zaoudj'' signifie, en arabe, deux choses (ou deux moitiés) identiques qui forment ensemble une seule et même entité. Le Saint Coran évoque la femme comme étant l'égale de l'homme dans plusieurs versets coraniques, entre autres: «En vérité, Je ne laisse pas perdre le bien que quiconque parmi vous a fait, homme ou femme, car vous dépendez les uns des autres.1» En dépit de ce verset coranique clair et sans équivoque, la majorité des femmes musulmanes ne jouissent pas des mêmes droits de citoyenneté que les hommes comme dans certains pays du Golf (où elle n'a pas le droit de voter et/ou de conduire une voiture. D'autres pays ont introduit un début de solution à cette iniquité dans leurs codes de la famille. La Tunisie a adopté un statut personnalisé plus équitable à la faveur de la femme. Au Maroc, la ?'Moudaouana'' a essayé de palier à son injustice flagrante longtemps exercée à l'encontre du sexe faible pour tenter de rattraper le retard dans ce domaine. L'Algérie n'est pas restée en rade de ces amendements. Ces derniers sont tellement timides que leur impact manque de visibilité au sein de la société, féminine notamment. Pour rattraper le peloton des nations qui ont plus de respect pour le beau sexe, il faudra décréter et appliquer des lois courageuses à même d'éradiquer toutes formes de discrimination qui ne font qu'atrophier l'élan de la nation sans, bien sûr, porter atteinte aux traditions cultuelles et culturelles qui constituent le fondement même de la personnalité de l'Arabe et du Musulman. 1- Soura : 03 ; verset : 195. * Docteur ès lettres Maître de Conférences - Université de Chlef |
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