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Une élimination préméditée

par Adjal Lahouari

Dès le coup de sifflet de l'arbitre béninois Kodjia Coffi, et dans les toutes les grandes villes du pays, les fans ont défilé et exprimé leur attachement à cette équipe nationale qui leur a redonné leur fierté et procuré tant de joies, depuis les éliminatoires jusqu'à la soirée funeste de Benguela. Les défilés se sont poursuivis tard dans la nuit et des you-yous ont retenti lors du passage de ces supporters qui savent qu'ils ont maintenant des garçons doués techniquement, courageux et qui se sont battus sur des terrains hostiles face à des rivaux et d'arbitres pas toujours au-dessus de tout soupçon, comme ce fut le cas jeudi en Benguella.

Les hommes de Saâdane ont eu tous les malheurs à partir de la demi-heure. Jusque-là, Coffi a été arbitre, c'est-à-dire, un juge équitable comme cela devrait être toujours le cas. Durant cette période, les nôtres avaient fait bonne impression par leur organisation, obligeant les Egyptiens à faire circuler, le plus souvent, le ballon latéralement, hormis les montées de l'arrière latéral El Mohammedi. A ce propos, on se demande pourquoi n'a-t-on pas trouvé la parade face à cet élément rapide et déterminé. Du côté algérien, les longs centres aériens vers Ghezzal n'avaient aucune chance, étant donné le marquage exercé par le rude Gomâa. Chaouchi n'a effectué son premier arrêt qu'à la 12e minute. Grosso modo, face à des Egyptiens attentistes et calculateurs comme à leur habitude, les Verts ont bien quadrillé le terrain, leur faiblesse n'étant autre que la finition. Soit le ballon était intercepté par les défenseurs de Shehata soit à cause de ratages dans les contrôles et les tirs. Halliche, dans le collimateur de Coffi Kodjia, a reçu son deuxième carton pour un prétendu fauchage de Moteeb dans la surface alors qu'il voulait dévier le ballon. L'arbitre n'a pas bronché lorsque le tireur Hosni a bloqué sa course avant de prendre Chaouchi à contre-pied. Pour certains experts, ce geste constitue une tricherie contre l'esprit du jeu. Et même à 10, l'équipe d'Algérie a dominé son adversaire, il est vrai à l'aise tactiquement dans ce contexte, comme on l'a bien vu face aux Camerounais. D'ailleurs ce fut la même physionomie (52% de possession du ballon pour les Verts) jusqu'au nouveau coup de pouce de l'arbitre qui a infligé un carton rouge à Belhadj. A 11 contre 9, les données étaient faussées. Les coéquipiers de Mansouri n'étaient pas au bout de leurs peines, puisque après avoir encaissé le troisième but, Chaouchi a été prié de rejoindre les vestiaires. Zemmamouche, quant à lui, ne pouvait rien sur le quatrième but signé Gedo. La chevauchée de Bougherra en fin de match démontra à tout le moins, que les Fennecs sont tombés les armes à la main, contre ...12 adversaires, dont ce maître du terrain qu'on appelle arbitre.

 Cet épilogue douloureux (parce qu'il s'agit tout simplement de l'Egypte, dont les pratiques sont connues depuis belle lurette) ne doit pas nous faire oublier l'essentiel: c'est d'avoir retrouvé une équipe nationale qui développe un football cohérent, football développé par des joueurs à la moralité irréprochable. Aucun d'entre eux n'est allé dire son fait au sinistre Coffi Kodjia. Sous d'autres cieux, ailleurs, il n'aurait certainement pas eu une telle quiétude. C'est que la CAF (centre affaires du football) veille aux intérêts de ses ouailles !