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Algérie: du feu rouge au vert de l'espérance

par Yann Bernal

L'Algérie a terminé la CAN-2010 sur une fausse note teintée du rouge égyptien, de ses trois exclusions et de ses insuffisances, démontrant que sa fougue et son coeur ne suffisaient pas au plus haut niveau, mais a elle aussi gagné quelques motifs d'espoir pour le Mondial. Un peu verte, cette jeune équipe ? «On joue un total de six matches, c'est une bonne chose pour faire progresser une équipe qui est jeune et qui a de l'avenir», a estimé le sélectionneur Rabah Saâdane. «On est jeunes, on sait que dans l'avenir on pourra faire quelque chose», a embrayé l'attaquant Matmour. Ce manque d'expérience pourrait expliquer la déroute de jeudi (4-0 face aux Pharaons): les Fennecs se sont éparpillés, entre longs ballons au casse-pipe et dégagements mal assurés. La cohésion, vantée auparavant, notamment contre le Mali (1-0) en phase de groupe et surtout face à la Côte d'Ivoire en quart de finale (3-2 a.p.), a volé en éclats. C'était d'ailleurs le pressentiment des journalistes algériens avant le match: cette équipe peut réaliser un match homérique, ou exploser. Face au réalisme presque scientifique de l'Egypte, le coeur algérien n'aura pas suffi. Surtout quand cette fougue se retourne contre l'équipe: voir l'exclusion de Belhadj, un tacle décollé les deux pieds sur les chevilles d'un Egyptien.

 Le bilan est néanmoins «très positif», selon Saâdane. Avec une place en demi-finale qu'ils n'avaient plus vue depuis 20 ans et le sacre d'Alger, les Fennecs ont réalisé une belle performance. «On est parmi les quatre meilleures équipes d'Afrique», souligne Bougherra.       

 Le tournoi aura révélé Matmour: l'attaquant de 24 ans (Mönchengladbach) a été un incisif et inlassable combattant malgré un frêle gabarit, capable d'exploits individuels - en témoigne son égalisation en solo contre les Ivoiriens. Il bénéficie aussi d'une ligne très technique dans l'entrejeu. Yebda et Meghni ont achevé leur intégration et trouvé leurs marques. Ils n'ont pourtant intégré qu'en 2009 l'EN, à la faveur de l'amendement adopté par la FIFA permettant à un joueur ayant évolué en équipes de jeunes d'un pays (en l'occurrence la France) d'endosser le maillot d'une autre sélection en équipe A. Ziani, lui aussi né en France mais plus ancien chez les Verts (depuis 2003), partage désormais son leadership technique avec eux, même s'il n'apprécie pas forcément d'être relégué sur un côté. Ses centres sont pourtant une excellente arme, par exemple à destination d'un joueur de tête comme Bougherra. Le capitaine Mansouri est dès lors un peu seul pour colmater les brèches, et les infiltrations récurrentes des Egyptiens jeudi soir posent la question du milieu défensif. Car les trois milieux offensifs sont aspirés vers l'avant, même si Yebda peut aussi reculer d'un cran. Des réglages défensifs à affiner et une discipline tactique à peaufiner, pour franchir un cap. Celui de Bonne-Espérance.