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Le
deuxième long-métrage d'Anis Djaad «Terre de
Vengeance» et le premier court-métrage de Marcel Mrejen
«Memories of an Unborn Sun»
ont représenté l'Algérie au dernier Cairo
International Film Festival (13-22 novembre), dans un contexte géopolitique
tendu.
Le plus vieux festival arabe de cinéma tient le cap malgré de fortes turbulences. Sérieusement concurrencé depuis quel-ques années, à l'intérieur comme à l'extérieur, soit par le Red Sea International Festival (Djeddah, Arabie Saoudite), mais aussi par El-Gouna Film Festival (Mer rouge) du magnat égyptien Samih Essawires, le Festival du Caire cherche un nouveau positionnement. Sachant que l'Etat égyptien ne pourra jamais s'aligner sur les budgets faramineux de ses concurrents, Le Festival du Caire à travers son président, le comédien Hussein Fahmy, et son nouveau directeur artistique, le critique Esssam Zakaria, joue la carte de la contre-programmation intelligente. En guise d'exemple éloquent la grande place accordée aux palestiniens cette année pour la 45ème édition du CIFF (Cairo International Film Festival) avec dès l'ouverture le dernier film de Rachid Masharawi «Passing dreams» projeté en avant-première mondiale. Une manière de rappeler que contrairement au Red Sea, le Caire soutient à fond et sans ambiguïté aucune la cause palestinienne. La dévaluation de la livre égyptienne et la décision du Festival de ne plus faire appel à des sponsors inscrits dans la liste du BDS- mouvement mondial, Boycott, Désinvestissement et Sanctions- contre Israël, a certes réduit drastiquement le budget de la manifestation mais, de toute évidence le Festival a gagné en audience (salles pleines à toutes les ponctions ou presque), ce qu'il a perdu en termes de moyens pour acquérir des films récents ou pour inviter des sommités mondiales. En rendant hommage d'abord aux stars et aux metteurs en scène égyptiens, en étoffant la sélection des films classiques restaurés (quelques chefs-d'œuvre de Salah Abou Seif, Hussein Kamal, Khairy Beshara, mais aussi une rétrospective du maître indien Satyajit Ray), le Festival laisse les paillettes à ses concurrents pour se concentrer sur l'essentiel : rappeler que l'Egypte a une industrie de cinéma de plus d'un siècle et insister sur le fait que désormais le Festival du Caire soutient en priorité le cinéma d'auteur. C'est dans ce contexte qu'il faut analyser la présence algérienne dans cette très particulière 45ème édition. Les deux réalisateurs sélectionnés ont un point en commun : ils ont refusé et l'un et l'autre de s'incliner devant le dictat des autres festivals de la région qui exigent l'exclusivité. Contrairement à Chakib Taleb Bendiab qui a préféré réserver la première régionale de son premier film «Algiers» au Festival d' El-Gouna (d'où il est reparti finalement bredouille), mais aussi contrairement à Mohamed Lakhdar-Tati et Merzak Allouache qui iront début décembre au Red Sea de Djeddah montrer leurs derniers films, respectivement «Bin U Bin, Ailleurs la Frontière» (compétition officielle) et «Première Ligne» (hors-compétition), et enfin contrairement à Karim Moussaoui qui a réservé au Festival de Marrakech la première Mena de son dernier film «L'Effacement», avant de montrer leurs films au Caire Anis Djaad a d'abord tenu à réserver l'exclusivité «Terre de Vengeance» au dernier Festival d'Oran et Marcel Mrejen, auréolé du Grand Prix du Festival du Réel, a réservé la première régionale de son court «Memories of an Unborn Sun» aux Rencontres Cinématographiques de Bejaïa. Ceci dit, il serait pour le moins imprudent de tirer des conclusions hâtives sur les choix opérés par les uns et les autres. Par exemple, Merzak Allouache dont le dernier opus a été en partie financé par le Red Sea Fund avait-il vraiment le choix de refuser la clause d'exclusivité de Djeddah ? Sans oublier que le Red Sea -et à un degré moindre El-Gouna- assurent médiatiquement une meilleure visibilité aux films et qu'ils invitent dans leurs marchés respectifs des professionnels du monde entier susceptibles d'aider au financement et à la distribution des films ou des projets en cours des réalisateurs, jeunes ou moins jeunes. Last but not least les prix qu'on peut obtenir à Djeddah, Marrakech ou El-Gouna sont autrement plus conséquents que ce que proposent les festivals locaux (Oran, pas beaucoup et pas sûr. Bejaïa, rien, même pas une bouteille d'huile d'olive). Ceci explique pourquoi les producteurs et les distributeurs des films en question ont opté pour ces festivals. Pour autant, c'est un peu humiliant de voir les films algériens faire le tour du monde et de la région avant une hypothétique projection en Algérie. |
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