La grève des enseignants s'enlise dans un pourrissement jamais atteint
dans les annales des précédents conflits qui ont secoué le secteur de
l'Education. A l'orée d'une troisième semaine de débrayage, le CNAPEST fait
monter la pression et annonce la tenue de sit-in quotidien devant les
directions de l'Education à travers le territoire national. «Ce dimanche 22
novembre, et à l'instar de nos collègues à travers d'autres wilayas, un sit-in
des grévistes sera observé à 10 heures devant la direction de l'Education»,
nous a déclaré le coordinateur du CNAPEST à Constantine. En sus, donc, d'une
reconduction automatique de la grève pour une troisième semaine consécutive, la
protesta prend une autre forme d'action plus énergique, tel que prévu le 8
novembre dernier lors du lancement de ce mouvement de contestation, où il a été
décidé par les syndicalistes «de recourir à d'autres mesures, ou formes de
protestation, en plus de l'arrêt de travail, si l'on n'arrive pas à la
satisfaction des revendications des travailleurs», comme le souligne notre
interlocuteur. La dernière tentative du ministre de l'Education dans le sens
d'un apaisement de la tension, voire d'un désamorçage de la crise, lors d'une
réunion qui l'a regroupé avec les représentants des syndicats autonomes, a tout
simplement périclité. La cause de l'échec du dialogue ? Les syndicalistes la
mettent sur le compte d'une absence manifeste d'un pouvoir de décision entre
les mains du ministre, qui n'a aucune prérogative pour donner suite aux
problèmes qui lui sont soumis, jugeant en conclusion le dialogue est ?'creux''.
Il faut relever, aussi, que cette rencontre a beaucoup plus obscurci le tableau
pour les syndicalistes qu'elle ne l'a éclairé. «On veut nous piéger avec des
propositions à propos de questions secondaires, et nous détourner de nos
revendications essentielles, qui portent, elles, sur la modification du statut
particulier, la révision de l'âge de départ à la retraite, l'intégration des
enseignants contractuels dans des postes permanents sans passer par le
concours, et le reclassement des enseignants des filières techniques», estiment
à l'unanimité les représentants syndicaux du CNAPEST, du CLA, du SNAPEST, ou
ceux de l'UNPEF. Cette sombre situation pousse à l'inquiétude les élèves et
leurs parents, qui commencent à ressentir une grande ?'lassitude'' face à ce
bras de fer qui perdure, sans qu'aucune solution ne pointe à l'horizon pour
l'instant. «Avec un emploi du temps déjà surchargé au début de l'année
scolaire, on ne voit vraiment pas comment faire pour remédier à la situation et
rattraper les séances perdues, à moins d'une annulation des vacances d'hiver»,
estiment des parents d'élèves, qui se disent «très inquiets quant à l'avenir de
l'année scolaire».