Le hooliganisme, phénomène d’utilisation de violence avec saccage et actes de vandalisme par des jeunes dans les stades et au-delà, à l’occasion de matches de football notamment, a fait l’objet hier d’une conférence-débat animée par le professeur N. Oukassi, et organisée à l’hôpital Ben Badis de Constantine et ce, à initiative de l’association des psychologues de la wilaya. «L’utilisation de la violence dans les stades a toujours existé, peut-on dire, toutefois actuellement le phénomène est en train de prendre des proportions importantes et des formes dangereuses en Algérie, pays qui a été épargné jusqu’à maintenant, mais qui malheureusement ne l’est plus», souligne le conférencier. Et de poursuivre, «d’où la nécessité de l’étudier sous ses différentes facettes et en premier dans ses caractéristiques locales, quitte à s’inspirer après, par des solutions apportées par les pays traditionnellement théâtre de ce phénomène en les adaptant.» Pour comprendre au mieux cette violence dans les stades, il y a lieu de privilégier l’étude de ses manifestations spécifiques nationales, à l’effet de les cerner au plus près et dégager des solutions qui soient réalistes et qui collent au terrain, précise l’intervenant. Et de s’interroger, «pourquoi ce sont surtout les garçons qui recourent à la violence et non les filles ?». Et de répondre que, «il est à relever que tout se joue avant l’âge de six ans, que cet âge constitue une plate-forme cruciale dans son éducation et que si elle est bonne, on peut construire dessus, sinon c’est difficile.» Le professeur Oukassi, souligne d’abord le caractère patriarcal de la société qui se distingue, indique-il, par une réaction négative entre le père et l’enfant, faisant en sorte que la société, pour préparer le jeune aux responsabilités de demain, lui apprend les manières fortes avec utilisation de la violence pour s’imposer, il faut être homme «Redjla», notion qui n’existe pas ailleurs.
«Le garçon est alors bourré et gavé de comportements déviants, à telle enseigne que dès l’apparition de ses premiers muscles, il aura tendance à les utiliser contre sa mère et son père, leur en voulant en quelque sorte, pour cette éducation qui n’en est pas une, dont quelque part il a conscience», dira-t-il. Par contre, aux filles, on leur apprend comment être conciliantes, comment supporter, être obéissantes, etc., d’où des déviances marginales chez elles. Cependant les carences dans l’éducation ne se limitent pas seulement à ces aspects, il y a aussi la violence que l’enfant voit à l’intérieur de la famille, pratiquée contre sa mère, contre sa soeur de la part de son grand frère. «Avec de tels exemples de comportement, comment voulez-vous qu’il respecte un tant soit peu la fille du voisinage», lance l’orateur. Et d’ajouter que l’enfant vit également «un déni de sa propre identité», du fait d’une survalorisation de tout ce qui vient du Moyen-Orient, «il faut faire sortir le jeune de l’univers d’El Djaziraa en l’arrimant et en l’enracinant dans l’algérianité», insiste-t-il. Pour opérer les changements nécessaires, il faut que la conciliation se transforme, dira-t-il, en culture de la paix, paix qui ne viendra que si l’on prépare les jeunes à se connaître par le dialogue et dans le respect des différences, biologiques, de classes, de générations, etc.