|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Le moins que l'on puisse dire est que les principaux al-liés de l'Amérique font faux bond au président Barack Obama, s'agissant du problème afghan. La plupart refusent en effet d'envoyer des renforts de troupes à Kaboul, comme ce dernier le leur a demandé lors du dernier sommet de l'OTAN. Le plus fidèle d'entre eux, le Premier ministre britannique Gordon Brown, s'est contenté d'un symbolique geste de solidarité consistant à faire savoir que son pays allait envoyer cinq cents hommes supplémentaires. Les autres ont opposé une fin de non-recevoir catégorique à la sollicitation du président américain. C'est le cas du président français qui a déclaré que «la France n'enverra pas un homme de plus en Afghanistan». Les Premiers ministres italien et japonais vont plus loin encore dans la prise de distance avec leur allié américain. Le premier en annonçant que l'Italie allait retirer au plus vite son contingent présent en Afghanistan, et le second en décidant de mettre fin à la contribution logistique que le Japon apporte aux forces déployées par l'alliance de l'OTAN dans ce pays. Ce faisceau de prises de décisions et de déclarations n'est pas pour conforter Barack Obama, qui est laissé ainsi seul se «dépatouiller» dans le bourbier afghan. Il va falloir à celui-ci ne compter que sur le propre effort de l'Amérique à tenter de renverser en Afghanistan le cours des évènements, qui sur le terrain devient de plus en plus délicat pour les forces de l'alliance anti-taliban sous la pression croissante et sanglante de la guérilla islamiste. Et c'est là un dilemme pour le président américain, coincé entre des généraux qui lui réclament avec insistance l'envoi d'importants renforts et son opinion publique qui ne soutient pas cette perspective et lui demande au contraire de dégager au plus vite l'Amérique de ce bourbier afghan. L'urgence et la gravité de la situation ne laissent pas de choix à Obama, qui est obligé de tenir compte de la demande pressante de ses généraux, pour qui c'est la seule chose à faire dans l'immédiat pour empêcher un désastre militaire humiliant à l'Alliance et à leur pays au premier chef en tant que principale composante de cette dernière. La «solution» aurait été que les alliés de l’Amérique acceptent de partager avec elle le fardeau. Ce qu’ils refusent parce que comptables devant leurs opinions publiques respectives, réfractaires à l’engagement de leurs pays dans l’aventure afghane. Mais aussi pour certains parce qu’ils ne sont pas mécontents de fragiliser l’autorité et la popularité du président américain. Il se confirme avec ces développements que le dossier afghan est la pire affaire internationale à laquelle Barack Obama est confronté. La pire car, du point de vue militaire, sa solution paraît impossible à brève échéance et qu'il n'y en a pas de politique en comptant sur le gouvernement corrompu de Hamid Karzaï, totalement coupé du peuple afghan. Les conditions à une solution politique acceptable passent par l'instauration de liens de confiance entre le peuple afghan et ses dirigeants, mais aussi par la prise en charge des conditions d'existence de la population. Faut-il encore stopper la montée en puissance des talibans et démontrer au peuple afghan que l'intervention de l'Alliance répond à ces deux objectifs. C'est à Obama qu'il revient de relever ce défi, alors que ses alliés lui savonnent cyniquement le terrain sous les pieds. |
|