Chantée,
acclamée, adulée pendant longtemps avec son goût qui rimait avec Ramadan, la
chamia et sa soeur jumelle la zlabia ne font plus recette.
Tout le monde peut faire le constat que
pendant ce Ramadan, il n'y a pas eu comme par le passé le grand engouement sur
la pâtisserie orientale. Nombreux commerçants saisonniers ont dû vite déchanter
en fermant boutique avant même d'avoir commencé tant le créneau ne semble plus
porter. La clientèle fait défaut, préférant de loin acheter juste le nécessaire
vital et ça se voit. Même devant les boulangeries, les plus huppées ou les plus
réputées chez qui il fallait faire la queue pour être suivi, il n'y a pas la
grande bousculade. Le rituel de la chamia et de la zlabia est devenu d'un
affligeant superflu, un luxe inutile et coûteux dira plus d'un. Le Ramadan de
cette année a pointé du nez à la veille de la rentrée des classes (habits et
affaires scolaires) et ses multiples dépenses, sans oublier la préparation de
l'Aïd El-Fitr et le rituel du gâteau maison : c'est ce qui a fait que le
citoyen cherche avant tout à finir le mois quitte à faire des choix. L'année dernière,
tout le monde pouvait se targuer d'être un vendeur de zlabia. Encore plus dans
chaque coin de rue l'on pouvait voir les artisans à l'oeuvre au milieu des
grands poêles à frire. Cette année, par contre, ils sont moins nombreux. A côté
de l'érosion du pouvoir d'achat, il faut ajouter le tour de vis opéré par les
services du commerce qui, en ce début de Ramadan, ont fait la chasse aux
clandestins parmi lesquels les occasionnels de la chamia.