
Nos stades sont
devenus de véritables arènes où se libèrent toutes les frustrations sociales et
où explose non pas la joie mais la colère de jeunes délaissés à qui les adultes
ont oublié d'inculquer l'essentiel, ce formidable potentiel d'accomplissement,
de joie et de satisfaction morale que seul le sport permet d'acquérir.
La mort tragique
d'un joueur pétri de qualités sportives et au comportement irréprochable,
victime d'un acte lâche et imbécile commis de surcroit dans l'enceinte d'un
stade de football, sur la pelouse même d'un lieu dédié au sport et aux valeurs
de fraternité, de paix et d'amitié qu'il véhicule laisse perplexe et dubitatif
et révèle en tous les cas l'état de déchéance de larges franges de notre
jeunesse, désormais livrées à elles-mêmes, devenues la proie facile des
différents prédateurs et autres trafiquants de stupéfiants qui sévissent à
l'entrée de nos stades mais aussi de nos écoles, sans encadrement, sans repères
et victimes expiatoires, pour celles qui fréquentent les stades, de ces
dirigeants qui obnubilés par leur certitudes continuent de gérer notre football
comme s'il s'agissait juste d'un tiroir-caisse, à compter sous et gains, sans
aptitudes managériales ni professionnalisme, sans se soucier de ce qu'est le
sport, l'éducation des supporters, sans investir dans la formation de ceux qui
inculqueront aux plus jeunes supporters le véritable tempo de leur présence
dans un stade, celui de la fête et de la joie partagées. Ce destin tragique
d'un joueur qui a cru trouver en Algérie les raisons d'une vie paisible et
sereine et celle d'une paix à vivre, qui espérait peut-être aussi poursuivre
une carrière en Europe ne sera pas hélas sans incidence sur la réputation de
notre pays, sur la crédibilité de notre football et de nos institutions
sportives et ce malgré notre brillante prestation au Brésil et notre très
populiste slogan one, two, three viva l'Algérie. Espérons juste que les mesures
annoncées par les pouvoirs publics en ces tristes circonstances apporteront
l'apaisement nécessaire à la famille et aux proches de ce jeune footballeur.
Mais il faut aussi dire à propos de ce tragique événement qu'encore uns fois
nous excellons dans ce que nous savons faire le mieux, nous faire hara-kiri. Ce
drame apportera en tous les cas de l'eau au moulin de ceux qui ne nous aiment
pas et qui nous ont déjà conféré tous les titres, piètre dictature du
tiers-monde réprimant son propre peuple avili par le populisme et lui faisant
subir et depuis très longtemps les pires humiliations, rois de la corruption,
détenteurs d'un très faible indice de développement humain, pays aux
institutions universitaires déclassées sur le plan international et champions
du plagiat et tout récemment encore désigné comme zone déconseillée aux
voyageurs étrangers, etc. S'y ajoutera sans doute celui faux bien sûr de peuple
aux relents racistes. Sans nous attarder sur les milieux hostiles à l'Algérie
et à son peuple qui contestent à ce jour notre souveraineté, propagent à notre
propos les pires calomnies et qui depuis l'indépendance continuent de nous
faire subir, souvent hélas par algériens interposés, les réminiscences du
colonialisme, nous ne pourrons taire pour autant notre responsabilité morale
dans cette décrépitude et cette déliquescence de notre environnement. La mort
d'un jeune footballeur, après les pires supplices qu'eurent à subir avant lui
et dans le même contexte depuis de nombreuses années de nombreux autres
sportifs algériens, porte incontestablement la signature de notre déperdition
et l'empreinte de l'impunité et de l'incivisme général qui se sont propagés
dans notre espace vital surtout depuis que l'image de ces personnes qui grâce
aux protections dont elles prétendaient jouir ont bénéficié de l'impunité
malgré leurs supposés délits a servi de triste modèle à tous ceux qui se
sachant dans la bêtise et l'incompétence ont cru bien de décrypter dans ces
passe-droits comme un signal et un encouragement à persévérer. Nul n'est
désormais plus à sa place et la note risque à court terme d'être pour notre
pays extrêmement salée parce que la compétence et la responsabilité ont déserté
de nombreux secteurs. La violence ne s'est pas hélas uniquement installée dans
les stades mais elle est partout, dans la rue, les autoroutes, à l'école, dans
les trains et autres transports publics, etc. Aucun secteur n'est épargné et
cette situation est encouragée par ce sentiment d'impunité générale et
d'irresponsabilité qui règne et qui s'insinue partout. Plus de prévention, plus
d'éducation mais aussi règne de l'impunité lorsque la sanction et la punition
sont aussi nécessaires.
Et nous sommes
tous englués dans un incivisme général qui fera demain le lit du grand
banditisme et de la grande délinquance qui constitueront malheureusement et
pour diverses raisons, défaillance de l'école, chômage, démission des parents,
séquelles psychiques et psychologiques des tragiques événements sanglants qu'a
vécu l'Algérie, mauvaise gouvernance, échec des politiques publiques à l'égard
de la jeunesse, etc.., l'un des nombreux grands défis auquel notre pays devra
faire face à l'avenir. Le retour aux fondamentaux qui tissent le lien social et
le rendent indéfectible est plus que vital et l'école doit constituer de
nouveau, comme sous d'autres cieux, et aux cotés de la famille le socle ou se
forge l'éducation, s'apprend le savoir vivre et s'épanouit le vivre ensemble.
Il faut dés maintenant s'occuper des plus petits et leur inculquer dés à
présent les valeurs inépuisables que recèlent notre religion et notre culture
qui les armeront de cette armature que rien et nul ne pourront détruire et qui
fera d'eux les bons citoyens dont aura cruellement besoin aujourd'hui mais plus
encore demain l'Algérie !