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Avec l'assassinat aux
Etats-Unis d'Amérique, le monde a pris conscience des effets dévastateurs de
l'esclavage et de la colonisation, notamment d'une jeunesse qui n'a pas été
actrice de ces tristes évènements.
C'est dans ce contexte que le président de la République algérienne M.Abdelhamid Tebboune, dans une importante interview donnée à «France 24» le 04 juillet 2020, a tenu à réaffirmer l'indépendance dans les décisions de l'Algérie, tout en n'interférant pas dans les décisions souveraines d'autres pays en soulignant pour le président français, la jeune génération, que concernant l'histoire, que M. Emmanuel Macron est un homme de dialogue et reconnaissant pour la première fois, les méfaits de la colonisation. Comme j'ai eu à le souligner, dans plusieurs tribunes internationales, dont plusieurs conférences notamment au Parlement européen et au Sénat français avec d'importantes personnalités politiques et économiques tant européennes que françaises, l'Algérie entend ne pas être considérée comme un simple marché, mais un partenaire à part égale. Je pense fermement que les relations entre l'Algérie et la France sont souvent mouvementées et passionnelles mais qu'avec les bonnes volontés, elles peuvent être surmontées. Nos deux pays dans le cadre euro-méditerranéen, via le continent Afrique, doivent avoir une vision commune de leur devenir, et ce, afin de contribuer ensemble à la stabilité régionale, conditionnée par un véritable co-développement. S'il ne s'agit nullement d'occulter la mémoire, indispensable pour consolider des relations durables, entre l'Algérie et la France, en ce monde impitoyable où toute nation qui n'avance pas recule, nous devons, ensemble, préparer l'avenir. C'est dans le contexte de la quatrième révolution économique mondiale 2020/2030, avec le développement des nouvelles technologies de l'intelligence artificielle, de la nécessaire transition énergétique, que doit être appréhendée une approche réaliste du co-partenariat, tenant compte de nos diversités culturelles. 1-.Au niveau mondial, nous assistons à l'évolution d'une vision purement matérielle, caractérisée par des organisations hiérarchiques rigides, à un nouveau mode d'accumulation fondé sur la maîtrise des connaissances, des nouvelles technologiques et des organisations souples en réseaux comme une toile d'araignée, à travers le monde, avec des chaînes mondiales segmentées de production où l'investissement, en avantages comparatifs, se réalise au sein de sous-segments de ces chaînes. Comme le note justement mon ami Jean-Louis Guigou, président de l'Ipemed (Institut de prospective économique du monde méditerranéen, à Paris), il faut faire comprendre que, dans l'intérêt tant des Français que des Algériens - et plus globalement des Maghrébins et des Européens ainsi que de toutes les populations sud-méditerranéennes -, les frontières du marché commun de demain, les frontières de Schengen de demain, les frontières de la protection sociale de demain, les frontières des exigences environnementales de demain... doivent être au sud du Maroc, au sud de la Tunisie et de l'Algérie, et à l'Est du Liban, de la Syrie, de la Jordanie et de la Turquie, passant par une paix durable au Moyen-Orient, les populations juives et arabes ayant une histoire millénaire de cohabitation pacifique. Plus précisément, l'Algérie et la France présentent, l'une et l'autre, des atouts et des potentialités pour la promotion d'activités diverses et cette expérience peut être un exemple de ce partenariat global devenant l'axe privilégié du rééquilibrage du sud de l'Europe, par l'amplification et le resserrement des liens et des échanges, sous différentes formes. C'est dans ce cadre que l'Algérie a adhéré, outre à au sommet « sécurité » des 5+5, en 2019 à l'initiative du président Emmanuel Macron, des 5+5 de la société civile, de la Méditerranée occidentale ( Algérie-Maroc-Tunisie-Libye- Mauritanie, France, Italie, Espagne, Portugal- Malte) , plus Allemagne et les institutions internationales (FMI/BM-OCDE, BIRD etc..), qui aura, en ce XXIème siècle, un rôle déterminant comme lieu de dialogue et de coopération, en collaboration avec les Etats et les institutions internationales, devant préparer le sommet des chefs d'Etat, courant 2021. L'Algérie, en plus de sa présence dans différentes ateliers, a été chargée par les 5+5 du dossier, un des plus importants, celui de la transition énergétique que j'ai l'honneur de présider, au nom de l'Algérie, dossier qui sera déterminant d'ailleurs pour l'avenir de notre région via l'Afrique, et où l'Algérie peut jouer un rôle stratégique à travers le développement des industries écologiques, à forte valeur ajoutée... 2.- Les relations économiques entre la France et l'Algérie se maintiennent à un niveau loin des potentialités, comme l'atteste le bilan du Commerce extérieur de l'Algérie. Durant l'année 2019, les pays de l'Europe sont toujours les principaux partenaires de l'Algérie, avec les proportions respectives de 53,40 %, au titre des importations et de 63,69 % au titre des exportations avec une valeur globale des échanges commerciaux d'un montant de 45,21 milliards USD contre 51,96 milliards USD enregistrés durant l'année 2018. En ce qui concerne la répartition des importations par partenaire commercial, les cinq premiers fournisseurs de l'Algérie représentent 50,33 % des importations globales et ce, pour l'année 2019. La Chine érigée en principal fournisseur durant l'année 2019, a contribué à hauteur de 18,25 % des importations de l'Algérie, suivie par la France, l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne avec des parts respectives de 10,20%, 8,13%, 6,99 % et de 6,76 %. Et les cinq premiers clients de l'Algérie représentent près de 50,85 % des exportations algériennes. A ce titre, la France est le principal client de l'Algérie avec une part de 14,11%, suivie par l'Italie, l'Espagne, la Grande-Bretagne et la Turquie avec des parts respectives de 12,90 %, 11,15 %, 6,42 % et de 6,27 %. Il est entendu que cela ne concerne que la balance commerciale, le document le plus significatif étant la balance de paiements qui inclut non les services dont les sorties de services pour entre 2010/2019 varient entre 10/11 milliards de dollars par an. Cependant, les échanges entre l'Algérie et la France, des recettes en devises du pays peuvent être intensifiés dans tous les domaines: Agriculture, Industrie, Services, Tourisme et Education sécuritaire où l'Algérie peut être un acteur actif, comme le montrent ses efforts en vue de la stabilisation de la région. Par ailleurs, n'oublions pas le nombre de résidents d'origine algérienne en France, qui dépasseraient les 6 millions, dont plus de 2 millions de binationaux. Quel que soit son nombre exact, la diaspora représente un élément essentiel du rapprochement entre l'Algérie et la France, car elle recèle d'importantes potentialités intellectuelles, économiques et financières. La promotion des relations entre l'Algérie et sa communauté émigrée doit mobiliser, à divers stades d'intervention, l'initiative de l'ensemble des parties concernées, à savoir le gouvernement, les missions diplomatiques, les universités, les entrepreneurs et la société civile. 3.-En ce moment de tensions géostratégiques au niveau de la région, avec notamment le terrorisme, la consolidation des grands ensembles, les enjeux d'une nouvelle reconfiguration de la mondialisation avec l'épidémie du coronavirus, l'Algérie entend tisser des relations avec la Chine , la Russie, les Etats-Unis d'Amérique, partenaires stratégiques, l'Afrique, le monde arabe et musulman et l'Europe via la France , chaque pays devant préserver ses intérêts propres car dans la pratique des affaires n'existent pas de sentiments mais que des intérêts. Le rapprochement entre l'Algérie et la France au sein de ce monde instable en perpétuel mouvement, est possible à la mesure du poids de l'histoire qui nous lie. Aussi, l'intensification de la coopération ne sera possible - tout en n'oubliant pas le devoir de mémoire - que si l'Algérie et la France ont une approche réaliste du co-partenariat, un partenariat gagnant-gagnant loin du mercantilisme et de l'esprit de domination. Les deux pays doivent avoir une vision commune de leur devenir. La symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident, le dialogue des cultures et la tolérance sont sources d'enrichissement mutuel. Les derniers événements devraient encore mieux nous faire réfléchir, évitant cette confrontation des religions car autant l'islam, le christianisme que le judaïsme, ont contribué fortement à l'épanouissement des civilisations, à cette tolérance en condamnant toute forme d'extrémisme. Le monde 2020/230/2040 s'oriente vers un nouveau modèle économique et énergétique ( l'hydrogène 2030/2040) déclassant les énergies traditionnelles) qui sera un bienfait pour l'Humanité, à condition d'intégrer les rapports sociaux et ne pas la circonscrire uniquement aux rapports marchands en synchronisant la sphère réelle et la sphère monétaire, la dynamique économique et la dynamique sociale, évitant cette dualité sociale planétaire. 4.-Mais le poids futur dans les relations internationales de l'Algérie sera fonction à l'avenir du poids de son économie fonction de profondes réformes politiques et économiques. Les étrangers ne feront pas les réformes à la place de l'Algérie qui sera ce que les Algériennes et les Algériens voudront qu'elle soit, si elle veut éviter sa marginalisation et le retour au FMI, à l'échéance 2022 où les réserves de change clôturées fin 2020 à moins de 40 milliards de dollars. Le défi 2020/2025 est d'aller vers une économie diversifiée en tenant compte des avantages comparatifs, il ne faut pas être utopique, ne pouvant pas tout produire. Or, l'Algérie en 2020 est mono exportatrice dont les recettes d'hydrocarbures en fortes baisses entre 2020/2021 représentent 98% des entrées en devises. Alors que nous assistons à une pression démographique accélérée plus de 42 millions d'habitants fin 2020 et une demande d'emplois annuelle entre 350.000/400.000 qui s?ajoutent au taux de chômage actuel avec donc une demande sociale croissante qui nécessite entre 2020/2025 un taux de croissance réel entre 8/9%/an. Mais l'Algérie peut surmonter les difficultés actuelles et être un acteur actif, au sein de la région méditerranéenne et africaine. Il faut éviter toute sinistrose, dans la vision future de l'Algérie, car la situation est différente de celle de 1986: la dette extérieure, inférieure à 4 milliards de dollars, et les réserves de change offrent un répit de deux années. L'Algérie peut surmonter les difficultés actuelles. Pourtant, la réussite du partenariat industriel, national et international, n'est pas réalisable sans une gouvernance centrale et locale rénovée, une vision cohérente se fondant sur des réformes structurelles tant politiques, que sociales, économiques - dont le marché financier, le foncier, le marché du travail et surtout la réforme du système socio-éducatif, pilier de tout processus de développement à l'aube de la quatrième révolution technologique. Face aux nombreux nouveaux défis qui attendent notre pays, afin de le hisser au rang de pays émergents, à moyen et long termes, supposant un large front social interne de mobilisation, tolérant les différentes sensibilités. Pour cela, la domination de la démarche bureaucratique devra faire place à la démarche opérationnelle économique, avec des impacts économiques et sociaux positifs à terme. En résumé, les relations entre l'Algérie et la France, doivent dépasser les faux préjugés et établir la vérité, afin d'éviter que certains, des deux côtés de la Méditerranée, n'instrumentalisent l'Histoire à des fins politiques - comme l'a souligné récemment le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. L'Algérie et l'Europe notamment du Sud via la France, sont des acteurs incontournables pour la stabilité de la région, et toute déstabilisation de l'Algérie aurait des répercussions géostratégiques négatives sur l'ensemble de la région méditerranéenne et africaine, comme je l'ai souligné, avec force, dans mon interview donnée le 28 décembre 2016 aux États-Unis, à l'American Herald Tribune. Et bien entendu sous réserve que l'Europe redéfinisse ses relations pour une prospérité partagée et que l'Algérie, et d'une manière globale l'Afrique du Nord approfondisse l'État de droit, la démocratisation de la société tenant compte de son anthropologie-culture afin de favoriser la justice sociale via un développement durable. ademmebtoul @gmail.com NB- Auteur de nombreux articles publiés dans la presse internationale, chef de file de la délégation algérienne de la société civile 5+5 +Allemagne et président de la commission ? transition énergétique des 5+5, le Professeur Abderrahmane Mebtoul a donné une conférence au siège de l'Unesco Paris, en 1995, sur le dialogue euro-méditerranéen et au Parlement européen, en novembre 2011, a animé une conférence - le 7 avril 2016 à La Villa Méditerranée de Marseille, «Le partenariat gagnant-gagnant et le dialogue des cultures dans le cadre de la coopération Algérie-Europe-France, facteur de stabilité de la région africaine et euro-méditerranéenne», en présence de nombreuses personnalités politiques et économiques, d'experts internationaux et du personnel diplomatique du Consulat général d'Algérie à Marseille. *Docteur - Professeur des Universités, expert international |
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