|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Massage et féerie
Pour les salons de massage, ce ne sont pas les Américains qui les ont inventés. Ils en ont simplement permis le développement industriel. Autrefois, on les appelait Turkish bath, aujourd'hui c'est de plus en plus « massage mamour ». Les masseuses y débutent vers 15 ans, sans qu'aucune école ne les prépare, aussi certaines sont-elles moins douées que d'autres, cela va de l'ouvrière spécialisée (o.s) du Body à l'artisane besogneuse qui aime polir son ouvrage. Deux catégories de massage : simple ou body. L'intérêt du body, pour certains, est d'avoir une savonnette qui ne vous échappe pas constamment en glissant entre vos doigts. Dans ce type de massage en effet c'est le corps de la masseuse qui sert de savonnette et elle laisse la peau douce. Depuis peu on assiste au massage alimentaire : sandwich massage, cela coûte le double d'un body, cher pour un sandwich où vous jouer le rôle de cornichon. Les prestataires de service de la location de compagnie d'hôtesse dont la publicité s'étale dans les journaux distribués aux touristes ne doivent pas causer d'illusions : il s'agit de call-girls. L'intérêt est que l'on peut payer avec sa carte de crédit sans le reçu. Merci. Les kiosques de change très pratiques deviennent notre source financière pour faire notre comptabilité boursière. Un coup d'œil chez le libraire du coin afin de renouveler le stock de lecture. Comme je dois visiter le Sud doté de ses fameuses plages, la lecture sous le cocotier devient un passe-temps favori. Pattaya : un village hédoniste Je vais commencer par Pattaya, une cité qui attire du monde comme des mouches. Est-ce le clinquant de ses bars ou l'ancienneté de la base des rangers à l'époque de la guerre du Vietnam, ou l'immense plage qui absorbe tant de clients ? Il faut dire que la réputation de Pattaya après la guerre du Vietnam fut l'attrait des fesses pour le repos du guerrier américain. Le vestige est difficile à enrayer. Le chauffeur me disait récemment que la prostitution circule à Pattaya comme le taxi cab à Londres. Ce qui n'empêche pas que la ville et ses habitants n'ont pas la peste. C'est une ville très agréable qui vit normalement avec le respect des mœurs et quand on voit les familles déambuler au centre de la ville, quand les enfants en meutes reviennent de l'école, quand les moines colorés en jaune accentuent la couleur locale, le côté négatif s'éloigne et nos yeux sont charmés plutôt par l'architecture moderne et les beaux rivages à la quintessence du paradis tropical aux eaux d'émeraude. La Thaïlande qui n'a jamais été colonisée par une puissance étrangère, transcende toutes les religions avec l'idée de sauver à jamais la face. La qualité du Thaïlandais est d'éviter la confrontation et de ne mettre personne dans l'embarras, ni soi, ni les autres. C'est pourquoi les Thaïlandais n'abordent pas les sujets négatifs dans les conversations quotidiennes et évitent généralement de se mêler de trop près des affaires des autres. Cette attitude explique en partie le célèbre sourire thaïlandais. Il adore plaisanter et le san uk fait partie intégrante de la philosophie. Mon gîte bénéficie d'une ambiance un peu particulière que la plupart des autres hébergements de la ville. Le décor se compose de rangées de pots de fleurs et d'objets accrochés aux murs, tels que des éventails déployés et de vieux outils de ferme. Les chambres sont disposées autour de la piscine, sorte d'oasis attirant les clients fatigués après une longue nuit au milieu du scintillement des néons. La plage de Pattaya est loin d'être idyllique, la marée en se retirant laisse traîner des tas de détritus charriés par les dernières vagues sur un kilomètre. Les baigneurs circulent non convaincus d'une trempette rafraîchissante. La Méditerranée à côté est d'une classe particulière. Plusieurs grappes s'agglomèrent sous un parasol dégustant une bière ou quelques liqueurs du coin. D'autres isolées se dorent les seins en l'air banalisées par le string aux limites fourragères. Pattaya mérite sa place au royaume des trois S : soleil, sable et sexe. Si les publicitaires font tout pour effacer son passé sulfureux, sa réputation de cité de débauche lui colle toujours à la peau. Son manque total de subtilité distingue Pattaya des autres « cités pécheresse » du monde. Amsterdam a son lot de femmes en petite tenue qui dansent dans des vitrines éclairées de rouge, mais ici les allusions sexuelles sont plus abruptes : rien n'est laissé à l'imagination comme ses rues et ses night-clubs aux noms évocateurs. Bien que les puristes du voyage la méprisent cette Bangkok balnéaire commence réellement à changer. Désormais, un quatrième S pour « site touristique » fait partie intégrante de Pattaya. De fabuleux temples, des zoos relativement sauvages, des spectacles et des musées originaux (Musée de la torture, ils doivent penser plutôt à un musée de la prostitution en couleur locale) sont à voir autour des plages et au-delà. Avec un peu d'initiative et d'esprit d'aventure, un voyage à Pattaya peut se révéler la partie la plus mémorable de vos vacances. Le cœur de la ville est une jungle commerciale suivant la courbe parfaite de la baie avant de céder la place à un monument érigé avec goût. Des petites ruelles en damier tissent le réseau où des petites gargotes diffusent des effluves alléchants. Pour plus de tranquillité, mettez le cap sur Crabi qui déploie sa jolie plage à perte de vue dont l'aménagement est plus étudié. Je choisis un couple qui parle français (des Belges) où la discussion est plus cool, ceci dans le but de leur laisser en garde mon sac détenant mon portefeuille et passeport. Ainsi pour piquer une plongée il faut marcher un kilomètre pour trouver l'océan et un autre kilomètre pour se mouiller. On sort rassasié de cette drôle de marée dont les Méditerranéens ne sont pas habitués. Les étrangers du Nord se dorent pour un bronzage intelligent car ils ne veulent pas « Bronzer idiot ». On peut prendre le bateau pour les îles de Ko Phi Phi et Ko Lanta. Les agences locales implantées à même la plage tentent de vous aguicher par des rabatteurs qui vous suivent sur deux cents mètres débitant leur laïus. Il faut leur lâcher un sacré sacre en arabe pour qu'ils arrêtent leur charme. Phuket : paradis sur plage Les Belges me confirment que le tour est intéressant juste dans la mesure où l'on découvre de denses mangroves en bordure des rivières à l'intérieur des îles. Je sens que je suis saturé et qu'il me reste le Sud avec Phuket à visiter. Retour à Bangkok pour reprendre le train sur le Sud en destination sur Phuket, une place forte pour les jeunes touristes trop routards sur les bords et la nouvelle coqueluche de la Thaïlande. Le train de nuit vous dorlote dans des couchettes abordables pendant plus de 10 heures, une relève d'autocar vous reprend de la station Surat Thani. C'est le prolongement des chemins de fer. Encore 150 kilomètres pour couper le sud de la Thaïlande en deux. Une fois arrivés, avec des Anglaises on partage un minibus jusqu'à Phuket. Les trois premiers hôtels sont complets. Mon exercice de marche à cette quête est bien rodé. Trimbalant un petit sac au dos à roulettes je salue les hôtesses d'accueil avec un large sourire. Elles me répondent négativement avec sourire. Au bureau touristique, après une batterie d'appels on me réserve une chambre dans un bungalow en haut sur la colline. Le nom de Phuket, prononcer pouket signifie colline en malais. Une île relativement étendue sur 500 km², petit paradis baigné par la mer Andaman à 900 km de Bangkok. La beauté naturelle de la région, particulièrement celle de la baie de Pangnga, fait de Phuket la destination mer et soleil n° 1 de la Thaïlande. La saison touristique s'étend de novembre à mai. En été, le vent et quelques pluies enlèvement beaucoup de charme à cette côte. Comme sur la baie d'Along au Vietnam, la côte est infestée de gros pains de sucre calcaires. Elle s'étend à perte de vue, des rochers qui dépassent souvent les 100 mètres de haut. La promenade à faire à marée haute vous permet de traverser par canaux une forêt de mangrove où dominent palétuviers et palmiers. Je me suis entendu avec le patron de mon hôtel de me conduire tous les jours en voiture ou de me prêter la moto pour descendre au centre de la ville chaque fois que le besoin y est. Pour la première fois je lui téléphone et il vient me cueillir. Très gentil, je lie facilement amitié et comme ils sont musulmans la famille m'invite à partager leur repas. Une colline aux milieux d'autres collines situe un peu le paysage alentour. La mer s'aperçoit au bas et la bise du matin rafraîchit l'atmosphère et vous donne l'envie de continuer votre somme sur votre hamac. De par ses deux moussons annuelles, le Sud est une région à la végétation luxuriante. La majorité des forêts de la côte sont des forêts tropicales humides à arbres à feuillages persistants. La Thaïlande compte aussi près de 75 sortes de mangroves dont la végétation pousse sur des sols à haute teneur en sel. Cet habitat naturel sert d'incubateur aux œufs et aux petites espèces marines. Pourtant, la Thaïlande a détruit au moins 50% de ses mangroves pour laisser place aux élevages de crevettes et aux grands complexes hôteliers. Aucun patriote en vue, je me rabats sur des Canadiens français que j'ai rencontrés sur la plage, un groupe de joyeux lurons qui aime la fête plus que les Méditerranéens. Ils étaient mal logés dans un dortoir mais en plein centre. A ma proposition pour la colline et l'amabilité des propriétaires, ils sont venus visiter et les voilà installés pour égayer la colline. Comme les brahmanistes nous cherchons notre nirvana le soir en chantant et en dansant. Notre écho concurrençait les cris des singes des forêts avoisinantes. Le patron venu pour calmer les ardeurs se met de la partie. Le rythme de la gaîté se répétait se mêlant à la vie balnéaire, devait arriver à sa saturation pour que chacun décide sa destination. La mienne fut Bangkok, l'aéroport et direction le pays d'origine. One, two, three, viva? Fin de ce périple jaune. |
|