|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Impossible
de décrire ici les 287 temples recensés dans la région d'Angkor. Deux circuits
sont proposés : le petit circuit de 15 km et le grand circuit pour 24 km. Le petit circuit :
Angkor Wat, c'est le plus connu, le plus majestueux
des temples. Sa construction a duré 35 ans. Ce temple montagne est dédié à
Vishnou, dieu suprême de l'hindouisme, symbolisé par la tour centrale (le
phallus est un attribut du divin). D'ailleurs tout est symbole à Angkor Wat : les murs d'enceinte (1025 m sur 800 m) représentent
la chaîne de montagnes sur laquelle repose le mont Meru, centre de l'univers
pour les hindous. Et le temple figure comme centre de la capitale et du
royaume. Voilà pourquoi le roi bâtisseur d'Angkor Wat,
Suryavarman II déclara son œuvre « temple d'Etat ».
Il divinisa du même coup sa fonction, en s'apparentant à Vishnou?
Le temple est orienté à l'ouest (entrée principale), ça vous permettra de vous y retrouver. Autour de l'enceinte extérieure, des douves de 1,3 km de côté, larges de 190 m et profondes de 2 à 3 m. Elles étaient infestées de crocodiles autrefois. Un pont superbe, couvert d'une chaussée de pierre longue de 200 m, les franchit. En longeant le mur d'enceinte vers le sud, profitez pour admirer la grande statue de Vishnou. Plus loin un naga, serpent géant à 7 têtes, roi des animaux marins et gardien des richesses de la terre. Pour avoir une belle vue d'ensemble, prenez à gauche et longez le grand bassin. Les murs des galeries des bas reliefs sont gravés sur 2 m de hauteur et 200 m de largeur des scènes fantastiques soit au total 800 m de chef-d'œuvre ! Un vrai péplum, figé dans les grès, s'étale devant nos yeux. Dans le pavillon de gauche, au fond de la galerie sud, les divinités hindoues : Ravana cherche à ébranler la montagne où se tient Civa. Cette première partie de la galerie sud est appelée galerie historique. Elle mesure 90 m, illustre l'audience que Suryavarman II, le maître des lieux âgé de 20 ans (1124). Devant une multitude d'escaliers abrupts, aux marches usées et glissantes menant à l'intérieur du temple, j'y renonce. Je préfère aller me reposer sur un petit muret en face, juste à côté d'une vieille dame à l'air sportif. « Bonjour ! C'est bien fatigant. Et ce n'st que le début ! - Bonjour, c'est admiratif, je suis de votre avis soupira la dame. - Et dire qu'il y a mille ans que le Baphuon a été construit et que sa restauration entre dans sa phase ultime. - Oui je me suis intéressé à la question depuis son début en 1975. - Alors vous savez que cette prouesse de reconstruction de ce fameux temple-montagne a demandé la décomposition de plus de 300.000 blocs. - Démonter bloc par bloc, dégager de sa gangue végétale et déplacer pour sa reconstruction ailleurs. L'opération a démarré en 1960, perturbée en 1970 par la guerre civile, repris en 1975 pour être terminée en 2010/2011. Le puzzle remis en forme sur le terrain a mobilisé 240 personnes en permanence. - Vous avez l'air de vous y connaître. - Oui je suis dans la branche. Et pour l'actualité, il y a de la recherche qui investit la forêt plus loin que le site sur plus de neuf millions de mètres carrés d'arbres, de broussailles et de mares d'Angkor. - Vous êtes de quel pays ? Français ? - Non, je parle français, mais d'origine algérienne. Civilisation hydraulique Avant que la rupture s'installe je la salue et repend ma visite en me dirigeant vers le temple Bayon. Je traverse les grands bassins tout en pensant à cette immensité et la vie devait y régner. Comment cette ville gigantesque de 9 millions de mètres carrés, sillonnée d'innombrables rues, de bassins, d'un vaste réseau hydraulique pouvait-elle renfermer des milliers d'habitations en bois sans menace d'incendie ? La cité des rois était donc au moins trois fois plus grande que l'on pensait, presque aussi vaste que New York. Elle abritait plus de mille bassins artificiels, presque autant de temples, et des centaines de kilomètres de canaux et de routes. Dans les années 1070, on qualifiait Angkor de « civilisation hydraulique ». Cela fut contesté par les Anglo-Saxons qui préféraient n'y voir qu'un symbole de la cosmologie khmère. Il est clair que l'hydraulique n'était pas là juste pour faire joli : les Khmers ont déployés des trésors d'ingéniosité pour élaborer un réseau complexe, comptant plus de deux cents réservoirs d'un volume de cinquante millions de mètres cubes pour le plus grand. Cette capitale n'a pas disparu comme par enchantement. Plusieurs variantes militant dans le sens de sa disparition. Ce qui est certain c'est qu'en 1500, après 600 ans de prospérité, les habitants se sont trouvés face à un système hydraulique trop complexe et imbriqué, devenu ingérable. D'autres facteurs ont aussi sûrement contribué à la chute d'Angkor : catastrophes naturelles, guerres ou changement de religion. Selon une étude américaine récente, la région a connu deux périodes de sécheresse de plusieurs décennies chacune, à la fin du XIVe et au XVe siècle. La religion a aussi pu jouer un rôle car après le XIIe siècle, le bouddhisme a remplacé le brahmanisme, contribuant à atténuer le prestige de la fonction royale. L'admiration spirituelle l'emporte sur l'aspect physique. Je balaie de mes yeux ce vaste champ d'histoire mythique des dieux hindous et ménage ma santé encore fragile. Demain on continuera la visite si l'intendance suivra. Je cherche une cafétéria, en vain, elle doit être cachée dans un des temples qui devient un vrai labyrinthe dont je ne me retrouve ni en histoire ni en territoire. La beauté des lieux en final me guide abandonnant toute forme d'explication. J'arrête les frais. Ma curiosité est saturée. Je passe au pas de charge le temple du Bayon, le Baphuon, la terrasse des éléphants suivie de la terrasse du roi lépreux et finir par le palais royal dont la sortie me sauve l'honneur. La cafétéria repose mon esprit et mon gosier par un thé rédempteur. Pousse-pousse, foin de ce charnier de ruine restaurée ! Je rejoints mon lit pour un sommeil réparateur. Demain est un autre jour ! La Thaïlande de nouveau Au matin la forme me pousse à affronter la frontière thaïlandaise afin de retrouver ma base de lancement vers mes horizons connus. Le nez collé à la vitre de mon bus en direction de la frontière, un spectacle permanent défile sur fond technicolor. Moto-charrette chargée de 30 personnes ou char à bœuf dont le dessin n'a pas évolué depuis les bas-reliefs d'Angkor, échappées de jeunes écoliers cyclistes, affiches attendrissantes encourageant le port de préservatif, la vertu cardinale, tout imprègne le théâtre de la vie khmère. Le poste de douane canalise efficacement la centaine de visiteurs aux sacs à dos sur une grande file. Le visa, source indéniable pour ces postes doit constituer un revenu important. Quarante cinq dollars par tête, sur un flot continu du matin à minuit, pour un pays sans ressources importantes compense un grain de richesse. De l'autre côté, de nouveau la Thaïlande, une gare routière absorbe ces voyageurs qui la plupart se dirigent vers Bangkok. Bangkok comme une base de distribution dispache ces globe-trotters comme une plaque tournante. La richesse de la Thaïlande attire, pour le chargement des batteries. De nouveau le quartier aussi sympa après une si longue absence. Les matelas au devant des boutiques qui alignent leurs clients et clientes pour des massages constituent une attraction locale qui émousse l'ambiance. Pour les soirées des cœurs solitaires on pourrait faire un livre entier sur les distractions aux amours de bas étage. Le niveau de culture de ces distractions est en rapport avec le niveau culturel exigé pour les troupes américaines. Celles-ci sont parties, la culture est restée. Aussi qu'on parle de distractions à Bangkok, on englobe aussi bien les night-clubs, bars à filles, bars à hôtesses de danse, strip-tease, massage, love-center, cinémas, maisons closes. En ce qui concerne ces dernières, sachez que la plupart des hôtels économiques et certains hôtels de catégorie supérieure ont une partie des chambres consacrée à la prostitution ou, si ce n'est pas le cas, ont des filles attachées à l'hôtel. Lorsque ce n'est pas la direction qui gère cette « animation semi-sportive », c'est le concierge qui a pleins pouvoirs. Les prostitués font rarement le trottoir. Si vous êtes dragué, sachez qu'il s'agit souvent de travestis. Difficile à distinguer à l'œil nu. Bangkok est donc réputé être un paradis pour célibataire, mais le paradis n'est pas rose. A suivre... |
|