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2ème partie
En 2009, un semi-remorque décime une famille de 17 personnes près de Ghazaouet. Les habitants des cités avoisinantes ferment aussitôt la route avec des pierres, des branchages et des pneus. Les pauvres villageois affirment avoir transmis plusieurs pétitions aux autorités locales pour attirer leur attention sur les menaces que font peser sur eux ces hordes de criminels. Rien n'a été entrepris par les autorités locales Ce cas n'est pas unique, on peut en dénombrer des centaines. On a l'impression de revivre ces anciens mythes antiques où des communautés impuissantes étaient condamnées à consentir des holocaustes pour satisfaire des divinités sanguinaires, une vie misérable faite de soumission à un destin bizarre qui vient ponctuellement prélever sa dîme, son butin en décimant l'espèce humaine. Abandonnés à eux-mêmes, ces communautés otages de cette cruelle fatalité oublient l'Etat et prennent leur destin en main en érigeant des ralentisseurs en guise de remparts contre des envahisseurs, contre des barbares, contre des criminels. Mostaganem a été récemment le théâtre d'un épisode de ce genre. Si, immédiatement après le drame tous les pouvoirs concernés avaient agi dans la célérité en donnant des gages sérieux de l'efficacité, de l'équité et de l'impartialité dans le traitement de cette malheureuse affaire, les émeutes n'auraient pas eu lieu. Ce qui a été instantanément entrepris suite à ces émeutes aurait du être diligemment et correctement effectué en tous lieux et en toutes circonstances, en s'assurant dans la rigueur la plus totale que les citoyens prennent conscience et soient convaincus de la transparence, de l'équité et de l'impartialité dont doit se prévaloir l'ensemble des services en charge du dossier afin d'éviter que la rumeur publique ne s'adonne à toutes les supputations aussi farfelues et infondées soient-elles ou entièrement légitimes. Ces chimériques responsabilités parentales Des principes sacrosaints et des dispositions innées régulent depuis la nuit des temps la vie familiale et définissent clairement les responsabilités qui incombent à chacun. Tous les codes civils du monde n'ont jamais dérogé àces dogmes: «On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait de personnes dont on doit répondre, ou des choses que l'on a sous sa garde.» ? «Le père et la mère, en tant qu'ils exercent l'autorité parentale, sont solidairement responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux.» Jusqu'à une certaine époque, et avant que la violence et autres formes d'incivilités permanentes ne se rallient aux autres instruments de communication et d'expression qui façonnent notre jeunesse inconsciente et le plus souvent fière de ces comportements hors-normes qui sont souvent appelés à perdurer au-delà de l'adolescence. Cette responsabilité parentale exigeait du père à être «seulement» civilement responsable des actes de sa progéniture. Cette quiétude, cette insouciance, cette responsabilité atténuée qui se transformait le plus souvent chez les parents en irresponsabilité manifeste propageait au sein de la société une culture de la «Démission et du désengagement», à fortiori que l'ensemble des philosophies pénales ont depuis toujours institué ce principe général de responsabilité personnelle. Bourgeoisie décadente et mœurs dévoyées Des parents qui, au non d'une affection, d'une tendresse ou d'un amour étrange, éduquent leurs enfants dans un climat de luxe et de faste immérités et où aucunes normes, aucune discipline morale intransigeante, aucunes vertus constructives ne sont omniprésentes pour structurer convenablement la personnalité de leurs enfants. Des parents qui offrent à leurs gosses des voitures qui valent des centaines de millions, sans se soucier un seul instant des terribles vices qui rongent insidieusement leur progéniture. Des garnements mineurs qui , à l'insu de leurs parents ou avec la débile bénédiction de ces derniers, et sans permis de conduire , s'emparent du véhicule de leurs parents et enclenchent des processus éminemment dangereux pour eux-mêmes , leurs parents et la société toute entière. Par ailleurs et combien même les auteurs de ces délits essayent de réparer civilement les dommages qu'ils ont crées, en offrant à la famille des victimes ou aux victimes eux-mêmes une coquette somme d'argent qui dédommagera les différents torts matériels ou physiques causés , Combien même on s'évertuera désespérément au moyen de sa fortune à compenser à la famille la perte d'un enfant qui soit dit en passant est irremplaçable, le tort demeure par son choc, sa violence et sa répétition gravé au sein même du corps social et cela en dépit de cette dichotomie entre le pénal et le civil. Même après que l'Etat, au moyen de la sanction pénale, aurait réprimé, vengé et réparé le tort qui aurait touché l'ensemble du corps social, et après que les victimes soient dédommagées individuellement, la cruauté et l'immense perturbation et terreur que ces actes déviants et potentiellement dangereux et récurrents font peser sur la société, resteront gravés dans les inconscients collectifs et iront parfois jusqu'a constituer dans certains pays des enjeux électoraux. Des parents qui , soit imbus d'eux-mêmes ou extrêmement préoccupés à fabriquer leur fortune, estiment en majorité avoir pleinement accompli leurs obligations à l'égard de leurs enfants en espérant naïvement qu'une certaine providence clémente se chargerait du reste et préserverait leurs familles de tous les fâcheux aléas de la vie.( Toxicomanie, délinquance, suicide, échec scolaire, déchéance sociale et psychologique, déception et déni de soi?). D'autres parents plus infortunés et sans aucune prise sur leurs enfants souhaitent de la même manière que dans le meilleur des cas aucun drame impromptu ne s'y grefferait sur leur détresse sociale déjà insupportable et que de toutes les façons dans les pire des cas, seuls les gosses trinqueront tout seuls si par malheur ils sont amenés à commettre des actes délictueux. Quels que soient ces raisons multiples invoquées à charge ou à décharge des parents, les dommages qui sont causés à la société deviennent de plus en plus proéminents et ravageurs. La Loi n'a pas les mêmes échéances et aisances temporelles ainsi que les instruments méthodologiques d'un sociologue, d'un psychiatre ou d'un psychanalyste. Ces disciplines disposent de cette aptitude à la distanciation et à une objectivité volubile que la Loi ne peut se permettre. Celle-ci doit immédiatement répondre au tort que la société subit, même si parallèlement elle doit constamment s'inspirer de ces recherches sociologiques et psychiatriques. Les seules richesses que le prophète Lokman a légué à son fils ne sont ni une bagnole de luxe, ni un compte en banque garni, ni les moyens de s'encanailler à outrance. Ce n'étaient que de simples préceptes sensés lui éviter d'être la proie et la victime de ses propres pulsions, de son arrogance ou de toutes les autres tares qui l'habitent et qui n'attendent que le moment propice pour jaillir afin de s'adonner à leur unique mission: L'auto-dévastation. Lorsqu'ils auront le temps, les parents d'aujourd'hui doivent méditer ce trésor pédagogique. Réajustements juridiques et évolution de la Loi Je dois avouer que tout inconditionnel que puisse être notre assentiment vis-à-vis de l'esprit des lois et de la Loi, nous avons des difficultés à accepter ces nuances entre des faits qualifiés de manière inamovibles comme Crimes et d'autres comportements déviants qui se généralisent au sein de la société en portant gravement atteinte à l'ordre public et à la sécurité des biens et personnes et qui sont hélas hiérarchisées parmi des infractions pénales qui suscitaient des peines le plus souvent complaisantes jusqu'à ce que cette conscience collective dont parlait le sociologue Durkheim s'en trouva ébranlée. «Un acte est criminel quand il offense les états forts et définis de la conscience collective. La force contre laquelle le crime vient se heurter est trop intense pour réagir avec tant de modération. D'ailleurs, elle ne pourrait le faire sans s'affaiblir, car c'est grâce à l'intensité de la réaction qu'elle se ressaisit et se maintient au même degré d'énergie.» (3) Et ce n'est justement que suite à l'effarement de notre conscience collective devant l'ampleur de ces drames chaque fois inédits mais toujours intolérables que les gouvernements se sont mis à déverrouiller une dogmatique juridique qui devait impérieusement s'adapter aux différents phénomènes sociaux. La Loi consent enfin à se délester de ses pesanteurs qui la rendaient quelque peu anachronique et obsolète par apport à l'évolution des mœurs sociales. Chacun a pu constater par le passé l'inefficience de l'appareil judicaire et pénal, peu répressif et en conséquence dénué de son potentiel de coercition et de dissuasion à l'encontre de l'ensemble de ces comportements déviants qui menacent nos sociétés. L'ensemble des amendements introduits dans le code pénal partout dans le monde traduit cette immense inquiétude et désarroi de la société ainsi que l'urgence du législateur à durcir les réponses pénales. Bien que tout le tohubohu et polémiques que suscitera inlassablement l'ensemble des mesures que l'Etat a été amené à prendre, le monde s'achemine imperceptiblement mais surement vers des sociétés beaucoup plus répressives et intransigeantes. La pédagogie du châtiment, seule forme efficiente de régulation Le reflexe de Pavlov est multifonctionnel, ses mécanismes demeurent aussi bien capables de susciter le désir que d'inspirer la crainte. Le prétendu citoyen qui refusait d'obéir à son bon sens et mettre sa ceinture de sécurité pour sauver sa vie devient sous l'effet de la contrainte assujetti tel un animal à un vulgaire reflexe qui l'intime à enfiler à contrecœur sa ceinture de sécurité mais cette fois ci pour préserver son portefeuille. Une amende de 2000 D.A semble hélas avoir plus d'effet sur ces primates que cet élan spontané, ce devoir et cette conscience suprême de préserver une vie, voire plusieurs. La France vient récemment de décider la suppression des panneaux indiquant la présence de radars fixes, estimant sans doute que les automobilistes ne devraient plus être considérés tels des animaux conditionnés à l'obéissance et au respect des Lois uniquement par le biais de ces ridicules balises peu dissuasives et dont l'efficience et la pertinence ne durent que ces quelques secondes qui permettent à chaque contrevenant en puissance de rééchelonner ses bêtises. Le citoyen doit être plus responsable, moins impulsif, moins hypocrite et retors, et ne plus incarner cette vague personnalité qui «se soumet, il est vrai, au bon plaisir d'un commis mais qui se plait à braver la loi comme un ennemi vaincu dès que la force se retire. Ainsi le voit-on sans cesse osciller entre la servitude et la licence.» (4) A l'instar de tous les autres pays, L'Algérie a depuis 2009 opté pour plus de rigueur, en adoptant son Nouveau Code relatif à la réglementation de la circulation routière, c'est un appareil plus répressif qui est mis en branle et qui portera probablement ses fruits, si à tous les nouveaux l'ensemble des réaménagements sont effectués. 60 infractions coexisteront désormais face aux mœurs de nos conducteurs imprudents, de lourdes peines d'amende, des suspensions et retraits de permis de conduire, des peines d'emprisonnement allant jusqu'à 10 années, des amendes atteignant le plafond de 100 millions de centimes et des retrait du permis de conduire allant jusqu'à 04 années. En durcissant la Loi tout législateur admet (sans le déclarer explicitement parce que n'ayant pas la latitude de requalifier pénalement cette infraction d'Homicide involontaire) que les faits afférents à ce genre de délits routiers sont aussi graves et portent le plus souvent l'empreinte d'un meurtre. Concernant les démissions parentales et face à des déviances sociales et à une délinquance qui ont pris des proportions alarmantes, on voit subrepticement s'installer en Europe des débats philosophiques et surtout juridiques qui essayent par le biais de dynamiques parlementaires d'infléchir la Loi afin de faire peser sur les épaules de ces parents démissionnaires de nouvelles charges , de nouvelles menaces et probablement des peines qui étaient jusqu'à présent inconcevables en Droit pénal ou en Droit tout court. Le Gouvernement français optera, de manière expéditive et très contestée, pour le retrait des allocations familiales aux parents dont les enfants cessent de fréquenter l'école. Des parlementaires s'acharnent à faire adopter des lois qui visent à abaisser la responsabilité pénale à 16 ans, à installer des jurés populaires en correctionnelle et à réprimer plus sévèrement certains délinquants mineurs. On envisage même de poursuivre pénalement les parents pour les délits commis par leur progéniture, chose qui était inconcevable et contraire à ce principe juridique séculaire selon lequel « Nul n'est responsable que de son propre acte.» On commence par installer des troupes policières au niveau de certains établissements scolaires dits sensibles. Beaucoup d'écoles ont cessé d'être ces sanctuaires, ces havres de paix, de science et de révérence. |
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