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Commençons par la plus récente des chroniques à savoir celle consacrée au King of Pop. Je vous laisse découvrir le commentaire de l’ami Renaud, confrère, ancien collègue à une époque où, déjà, les marchés financiers perdaient la tête, compagnon de rigolade et grand spécialiste de contrepèteries. Parenthèse: pour celles et ceux qui l’ignorent, la contrepèterie est l’inversion de syllabes d’au moins deux mots d’une phrase, ce qui en donne une nouvelle. Exemple: «glisser dans la piscine». Je vous laisse le soin de permuter « gl» et «p» pour comprendre l’esprit de ce genre de calembour et je vous assure avoir choisi l’une des plus gentillettes... Bref, voici le dit commentaire: «Salut Akram. Hélas, tu as manqué ton coup, et cette chronique ne fait pas illusion... Tous ceux qui te connaissent un tant soit peu savent bien que cet hommage à Michael Jackson n’est rien d’autre qu’un simple exercice préparatoire, une répétition générale à la rédaction du seul article vers lequel tu tends et que tu considères par avance comme le sommet de ta carrière, ce pour quoi tu souhaites que les lecteurs se souviennent avant tout de toi: la nécrologie dithyrambique de Diam’s. » Quelle rancune ! Tout cela parce qu’il n’a jamais digéré les rumeurs, que j’avoue avoir propagées dans la rédaction, selon lesquelles il aurait été surpris, dos voûté et front honteux, achetant un CD deux titres où la rappeuse Diam’s barète à qui veut l’entendre qu’elle exige qu’on la laisse «kiffer la vib’ avec son mec.» Ah, Diam’s... Oui, Renaud a raison. Il faudra bien que je lui consacre une chronique mais de son vivant et il n’est pas dit que le propos soit dithyrambique. Passons à un autre commentaire, concernant toujours mon texte sur feu le petit ami de Billie Jean. «Etes-vous fier d’écrire sur des thèmes pareils ? Ai-je besoin de vous dire qu’il y a des choses bien plus graves et bien plus importantes ?», me tance un lecteur. Je croyais avoir pris les précautions d’usage avec quelques phrases liminaires, affirmant bien que j’étais conscient de la futilité du sujet mais, à dire vrai, je me doutais bien que je recevrai quelques missives électroniques de ce genre. Pour répondre, contentons-nous de citer l’illustre Bahaudin Naqshband qui nous encourage à maintenir «ouvert le chemin qui semble conduire à des choses de peu d’importance, aux yeux du pédant et du fanatique». Revenons maintenant à la chronique consacrée à Beyrouth et publiée en mars dernier. J’ai reçu plusieurs courriers, allant pratiquement tous dans le même sens, me reprochant des descriptions hâtives et une restitution trop glauque, trop insultante même, pour être prise au sérieux. «En voilà une bien triste description de Beyrouth. Reviens au printemps ou en été et tu verras que c’est plus folichon...», me dit ainsi un exilé du côté des rives du Potomac. Je veux aussi vous faire partager la réaction d’un Algérien vivant à Beyrouth et dont le sang n’a fait qu’un tour à la lecture de ladite chronique. D’ailleurs, son écrit ne manquera pas d’interpeller ses compatriotes du bled. Extraits :«Cher Mr Belkaïd, je me permets de réagir à l’article que vous avez consacré à Beyrouth et qui indisposerait non seulement tout Libanais qui se respecte mais tout Algérien qui comme moi partage le quotidien de cette ville depuis des années (...) pour l’exemple, le très large parking situé au coeur de la place des martyrs est loin d’être de fortune, (...) c’est un parking tracé, payant et gardé avec portillon de sécurité et équipement anti-incendie comme la ville en dispose un peu partout, c’est tout de même un peu mieux qu’avoir à faire à des jeunes voyous qui vous rackettent dès que vous garez (...) Vous auriez pu citer l’incontournable belle corniche du Raouché, située à 100 mètres du Monument de feu Rafiq Hariri, récemment pavée et parsemée de bancs publics aux couleurs de la Méditerranée et où quotidiennement des dizaines de femmes, voilées ou non, de tout âge, s’activent à faire leur marche ou jogging sur le parcours long de plus de 2 km sans que personne ne les importune !» Et ce lecteur de défendre ensuite le nouveau centre-ville, dont j’avais moqué le côté bling-bling, un quartier qu’il juge bien restauré «avec ses dizaines de restaurants avec terrasse où l’on peut s’attabler en famille ou seul, un service impeccable, une hygiène irréprochable où même des gens du Golfe peuvent boire leur verre de vin blanc sans gêne ni remords». Des endroits, me dit ce Beyrouthin d’adoption, bien différents de nos «cafés masculins aux tables puantes régulièrement passées au chiffon douteux par le serveur à la barbe d’une semaine et surtout moins glauques que les bars infects dans lesquels se mêlent alcooliques et amateurs de vin ! (...) A Beyrouth, poursuit-il, on voit de tout, de la fille au hidjab à celle aux habits moulants. Celle aux habits moulants ne se fait jamais harceler ni insulter dans la rue et celle au hidjab n’a aucun mérite social ou moral. Et de conclure: c’est tout de même mieux que l’image des djilbab venant d’un autre âge, qui balayent la saleté sur la chaussée (...)» Fichtre, quelle mise au point ! Pour ma défense, je plaide le droit à la subjectivité pour le chroniqueur. Je ne parle pas d’exagération ni de mensonge mais bien du droit à mettre sur papier son ressenti du moment, ses propres impressions. Une chronique, n’est ni un reportage, ni une enquête, ni même un article classique. Etre à Beyrouth, un jour de février, alors que ciel et mer se confondent dans un gris de cendre ; se retrouver face à un immeuble sinistre, vestige d’une période cauchemardesque : comment écrire, comment décrire autre chose que ce spleen qui s’est alors emparé de moi ? Mais l’on apprend toujours. La renaissance, même bling-blingnesque de Beyrouth est une source de fierté mais aussi de grande susceptibilité. Cela mériterait bien un grand reportage. |
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