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Contre toute attente et alors que le cimetière de Sidi Senouci de Aïn
Ouazouta, non loin de Sidi Daoudi, se tenait fin prêt pour accueillir la
dépouille de la mère du président de la République Abdelaziz Bouteflika, la
défunte Mansouriah Ghezlaoui (Bendi Abdellah), décédée à l'âge de 90 ans dans
la nuit même de la célébration du 47e anniversaire de l'indépendance, voilà
qu'était annoncé par voie de presse (dépêche de l'APS) son enterrement (lundi 6
juillet) au cimetière Zidek de Ben Aknoun sur les hauteurs d'Alger. Et pour
cause. Dès l'annonce de la nouvelle nécrologique, le site funéraire, qui était
quelques jours auparavant inaccessible aux visiteurs à cause des mauvaises
herbes qui l'envahissaient avec tous les aléas inhérents (serpents, difficulté
de localisation des tombes, feux de brousse, risque de chute...), fut
littéralement investi par une armée d'agents communaux qui lui «dédièrent» un
lifting en règle pour la circonstance.
Mais c'était sans compter sur les voies impénétrables du protocole. En tout cas, Mansouriah ne reposera pas dans le carré des Bendi, ni celui des Benseghir, Kerzabi ou Terfous... Dans ce cadre et généalogie oblige, un deuil «officieux» sera marqué à travers un programme «adapté» pour la circonstance de la radio locale et l'annulation intempestive du festival «Les nuits andalouses» (APC) ainsi que le déplacement d'une délégation officielle conduite par le wali pour assister aux obsèques à Alger. Mansouriah Ghezlaoui (dont le prénom signifie victorieuse et le nom tirerait son origine des Béni Ghezli «fileurs de laine de mouton» dans la région de Tlemcen) naquit au début des années 1900 dans la périphérie (hawz) de Tlemcen, et plus exactement à Sidi Daoudi «Ben N'çar fakkak men hçal», le premier saint patron de la ville, avant Sidi Boumediène (originaire de M'sila, la cité de Boudiaf) qui fut l'illustre exégète de Sahih El Boukhari. A noter au passage que l'environnement du sanctuaire éponyme se trouve dans un état lamentable au moment où la capitale des Zianides va être la destination d'un grand pèlerinage en 2011... Mansouriah était l'aînée de la famille. Elle aidait sa mère Yamina dans le ménage et dans l'éducation de son frère Boumediène et ses deux soeurs Aouicha et Mama. Son père était à ce moment-là un travailleur agricole (fellah). Elle se maria avec Ahmed Bouteflika, un commerçant de Nedroma, qui dut quitter Tlemcen suite à la répression coloniale pour trouver refuge au Maroc où il décéda en 1958. Elle eut 5 garçons avec lui, Abdelaziz, l'aîné (2 mars 1937 à Oujda), Abdelghani (1940), Mustapha (1953), Abderrahim (1956) et Saïd (1958), le cadet, outre une fille, Latifa (1955), tous nés à Oujda où la maison des Bouteflika se trouverait à l'angle de la rue de Nedroma au n°6, non loin de la mosquée dite des N'darma (les Nedromis). Mansouriah Ghezlaoui appartient en fait à la famille Bendi Abdellah dit Bendi Allel, un ex-général de l'armée de l'émir Abdelkader déporté lui aussi à Amboise... A Tlemcen, la défunte avait un «pied à terre» au sein d'une villa dans le quartier résidentiel de Bab Wahran, à quelques encablures du siège de la wilaya. Lors de ses séjours dans sa ville natale, elle ne manquait pas de descendre à Sidi Daoudi mue par la nostalgie et en quête de la baraka du saint. Elle ne revenait jamais à Alger sans s'approvisionner en «kaâk» (gimblette) qu'elle adorait. Mansouriah chérissait Abdelaziz qui lui rendait la pareille en venant se «ressourcer» auprès d'elle. «Allah hali klamek, oua ali alamek oua yahlek dalamek» était la formule de bénédiction consacrée que la défunte prononçait à son adresse à chaque fois que son fils (président) lui rendait visite avant une mission donnée. Il faut souligner que cette prière était en usage dans le milieu tlemcénien, en l'occurrence chez les femmes qui étaient très pieuses. |
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