L'été est là, synonyme de canicule ambiante mais aussi de manque de
loisirs pour les jeunes et moins jeunes. Alors une destination qui fait
l'unanimité, c'est la grande bleue, au-delà des mauvaises nouvelles des noyades
qui ont été déjà signalées. Pour ce, tous les moyens sont bons, les
organisateurs des virées en semaine ou lors des week-ends sont à cheval. Ceux
qui matériellement ne peuvent se permettre ces virées sur la côte
témouchentoise principalement ou oranaise, ils ont recours, relève-t-on, à des
petits métiers devant les entrées des marchés de la ville ou s'érigent en
gardiens de parkings ou autres tâches saisonnières. Certes, des initiatives
sont prises ici et là mais la grande masse demeure oisive et se trouve dans
l'obligation d'observer cette grande ruée vers la bleue. Ce qui est fortement
ressenti dans la journée, jusqu'au retour où, par groupes, des dizaines voire
des centaines de jeunes retournent chez eux après leur virée où la veillée
nocturne se poursuit malgré l'effet de la fatigue qui butte à ces tempéraments
stoïques d'une jeunesse gagnée par la dépravation et où la bleue pour n'en
rester que là est une petite thérapie éphémère voire aléatoire face au
véritable fléau dévastateur du désespoir qui semble gagner des pans entiers de
cette frange de la population au-delà de la panoplie des dispositifs
d'insertion et autres efforts menés. Il est opportun de relever que le
sport-roi constitue une attraction avec ces interminables tournois de quartiers
mais les terrains, relève-t-on, sont pris par les vétérans et le créneau censé
être laissé aux petites catégories d'amateurs et adeptes de M. Football est
insignifiant pour ne pas dire inexistant. Néanmoins les chaleurs ralentissent
grandement ce loisir du petit peuple qui pourtant n'en demande pas trop. Vu que
l'aisance financière aurait permis de résoudre ces pénibles constats de
désoeuvrement qui laissent parfois s'inviter d'autres maux, toxicomanie,
beuveries nocturnes qui ne peuvent s'occulter. Des traces tangibles éclairent
les lanternes de tout un passant, riverain, voisin en certains lieux discrets
où les profondeurs de l'ennui, des fléaux sociaux et autres platitudes sont
momentanément oubliées par ces nuées de jeunes et parfois moins jeunes,
gardiens des murs d'immeubles ou de leurs haouchs respectifs, devant l'éternel,
sans espoir ni horizon. Pourtant, en l'espace d'une vingtaine de jours, nous
avons eu deux rencontres internationales, face à Oum Eddounia, l'Egypte, et les
Zambiens pour le compte des éliminatoires de football nous menant en Coupe
d'Afrique et le Mondial 2010. Ce fut la délivrance, la liesse où tout ce qui
pouvait servir de moyen de locomotion, vélos, bus, voitures particulières,
chevaux, cela été le cas au centre-ville belabbésien, ont été utilisés pour
faire éclater la joie souvent démesurée voire avec des dépassements
regrettables.
En somme, un excès d'énergie apparemment mal canalisé qui renseigne les
politiques, les pouvoirs publics en général interpellés à répondre par une
batterie de mesures en matière d'animations régulières, pérennes, une sérieuse
approche pour désenclaver les périmètres ruraux et les gros centres urbains au
vu de ce qu'on a pu voir lors de ces inoubliables et exubérantes sorties
massives de milliers de jeunes venus de partout, flanqués de l'emblème
national, scandant les viva l'Algérie... Et sous toute réserve, il n'est pas
forcément évident que ces masses juvéniles soient des férus de M. Football. De
grâce, un programme été !