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«Nous estimons que la
génération qui monte devra suivre l'exemple de ses aînés en s'efforçant
d'obtenir plus tard les crédits nécessaires pour la construction des bassins
qui conduiront le port jusqu'à la Salamandre». C'est une phrase prononcée par
l'ingénieur Lieussou, il y a plus de six décennies,
quand les travaux du 2e bassin du port de Mostaganem furent achevés.
Le port de Mostaganem, dont les premiers travaux furent entrepris en 1847, fût construit dans des conditions très difficiles. C'est ainsi qu'un raz-de-marée en 1903 qui détruisit 300 mètres de la grande jetée et malgré une catastrophe en 1927 et en dépit de tous les obstacles, l'ingénieur Lieussou et ses équipes ont, grâce à leur ténacité et à leur inlassable dévouement, doté la ville de Mostaganem d'un port commercial d'une importance de taille. Il faut rappeler dans ce sens qu'une étude d'extension du port de Mostaganem pour la création d'un 3e bassin a été élaborée en 1999 par le LEM (Laboratoire d'études maritimes) et actualisée par le bureau d'études SOGREAH-ALGERIE en mai 2011. Cette étude porte notamment sur la construction d'un terminal à conteneurs ainsi que la construction d'un terminal céréalier avec des capacités d'accueil des navires et de la cargaison dépassant de loin celles des grands ports. L'objectif principal de la création de ce 3e bassin est de générer un trafic supplémentaire estimé à 1,5 million de tonnes avec pour conséquence immédiate la suppression des allégements de navires effectués dans d'autres ports voisins et la réalisation d'un nombre de structures de stock pour les vracs. Il est à noter que l'allègement d'un navire oblige l'importateur à payer un supplément de 2 à 5 dollars la tonne sur le total de la cargaison transportée et ce, quand le navire lui décharge sa cargaison dans 2 ports consécutifs. Quant au trafic conteneurs, indépendamment du fait qu'une bonne partie de la région Ouest pourrait être effectuée au niveau du port de Mostaganem, des trafics conteneurisés spécifiques induits par les projets en cours de réalisation dans la zone Ouest du pays. Les promesses pour l'aménagement d'un 3e bassin ont été faites par la majorité des ministres des Transports qui se sont succédé à la tête de ce département mais sans aboutir à de réels résultats. Actuellement, les navires notamment de céréales et tubes attendent leur tour pour accoster au niveau de l'unique poste à forte profondeur. Les nombreux navires destinés tant à l'OAIC qu'aux minoteries de la wilaya souffrent sur rade. Ces attentes génèrent des surcoûts considérables qui se répercutent sur le Trésor public et le consommateur. Aussi, faut-il rappeler que le montant des surestaries payées annuellement par le Trésor algérien est très élevé. A titre d'exemple, pour l'année 2009, ce sont 750 millions d'euros qui ont été payés par l'Algérie à ses partenaires étrangers sous forme de remboursement des coûts supplémentaires sur les navires qui restent en rade pendant plusieurs jours et au niveau des ports. L'insuffisance des caractéristiques actuelles du port de Mostaganem font que ces navires, soit ils attendent leur tour, soit ils font escale dans un autre port (allègement) avant de venir au port de Mostaganem, ce qui implique des frais supplémentarités. Ces pertes sèches pour l'économie nationale profitent aux armements étrangers, le marché algérien du fret maritime est dominé à 95% par des armateurs étrangers. Nous citons ici le cas d'une minoterie située dans la wilaya de Mostaganem et qui reçoit annuellement de forts tonnages de céréales au niveau d'autres ports à cause des faibles profondeurs du port de Mostaganem, ce qui augmente leur coût à la tonne dû à l'acheminement du produit vers la minoterie par voie terrestre. Aujourd'hui, tous les paramètres sont réunis pour permettre au port de Mostaganem d'améliorer ses performances et se hisser à la hauteur de ses ambitions. Cette nouvelle infrastructure si elle serait réalisée donnera un nouveau souffle au port de Mostaganem, réduira les attentes des navires sur rade avec une récupération du trafic perdu à cause des faiblesses des tirants d'eau du port et de l'insuffisance des espaces. Mostaganem dispose d'atouts majeurs pour devenir une zone de développement industriel intégré, une zone à vocation agricole, une zone touristique et un plateau halieutique riche. Ces atouts sont favorisés par un réseau routier et ferroviaire développé, rattaché au réseau national et relié à un port prometteur qui offre de réelles possibilités d'extension par la réalisation d'un 3e bassin avec des profondeurs allant jusqu'à 14 mètres et des quais de centaines de mètres linéaires ainsi que l'aménagement de vastes terre-pleins. La bretelle autoroutière reliant le port de Mostaganem à l'autoroute Est-Ouest a permis au port de Mostaganem de jouer le rôle de pivot logistique au niveau de la région et d'acteur économique efficace où une grande fluidité est assurée dans les axes routiers le desservant. Le port de Mostaganem est un atout économique majeur pour toute la région dont le développement reste tributaire de son dynamisme. Ses performances confirment son aspiration à se maintenir dans le peloton en tête des ports nationaux les plus compétitifs. Le trafic du port de Mostaganem a atteint son rythme de croisière dans un passé récent. Tous les indicateurs de gestion réalisés par ce port confortent cette assertion. Aujourd'hui, avec ses caractéristiques actuelles qui sont dépassées par la nouvelle technologie imposée par la construction navale font de ce port une infrastructure obsolète désertée par la majorité des opérateurs économiques. A ce rythme, le port de Mostaganem perd beaucoup de trafic et risquerait un jour de devenir un port de pêche... *Ex-Commandant de port/Cadre dirigeant. Expert maritime agréé près les tribunaux (Non opérationnel). |
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