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« Les manuels
d'histoire retiendront-ils le nom de Ahmed Gaïd
Salah, comme étant, l'homme de la transition démocratique en Algérie ? Ou par
contre, celui qui a entravé la tenue d'un vrai processus de transition
démocratique, crié par des millions d'Algériens de toutes leurs tripes ? Celui
qui, au nom de la continuité de l'Etat, s'est mis au travers de la volonté de
tout un peuple ? Une continuité de l'Etat qui perd tout son sens, en présence
d'institutions complément paralysées, en ce temps de crise majeure !
Finira-t-il par comprendre que la transition démocratique peut, tout à fait,
rimer avec la continuité de l'Etat, indépendamment aux personnes, mais
aucunement d'avec la continuité d'un régime vomit par le peuple et surtout, d'une
façon de gouverner mafieuse. »
En disant non au 5e mandat de Bouteflika, le peuple a libéré tout le monde, y compris l'armée elle-même, au moment où beaucoup, et jusqu'à la dernière minute, ne jurait que par Fakhamatouhou. De toute façon, et après l'électrochoc du 22 févier, les adeptes de l'idolâtrie politique, se sont réveillés du sortilège de Bouteflika. Quant au peuple, désormais, il ne croit plus aux hommes-providence, qu'ils soient en cravates ou en casquettes et encore moins, à voir, un jour, la démocratie sortir d'une caserne. La rue a décidé, ne jamais être une extension de la caserne, ni de la mosquée ni des salons d'Ambassades, quand bien même, ceux-ci, cherchent à la dompter. Le capital confiance et de fraternité qui s'est rétabli et consolider depuis le 22 février, entre le peuple et son armée, après les tristes événements des années 90, sera soumis à rude épreuve, si le Général de Corps d'Armée et Chef d'État-major de l'Armée Nationale, reste réfractaire à toute autre alternative de sortie de crise y compris, celle qui conjuguerait une solution constitutionnelle, à une autre, politique, avec des intervenants politiques qui rassurent, à la fois, et le peuple et cette institution. Et bien sûr, l'éjection des têtes huées par la rue, dans le respect de la continuité de l'Etat, si chère au cœur de tout Algérien sensé. Derrière ce bras de force qui ignore le cri de millions d'Algériens «Yetnahaw gaa», ils doivent tous partir, parlant des figures emblématiques du régime Bouteflika et cette obstination à ignorer toute autre solution extra constitutionnelle, qui de toute façon, s'imposera, par elle-même, sous peu, doivent bien se cacher des enjeux importants ! D'une part, l'armée laisse entendre qu'elle n'est pas habilitée à négocier une solution politique de sortie de crise ou à entrer dans ce jeu avec quiconque. Ce n'est pas son rôle, dit-elle. Cette démarche revient à Bensalah, en concomitance avec sa feuille de route à elle. C'est comme cela, qu'elle entend les choses. Mais comme personne ne veut en débattre avec Bensaleh, et de surcroît, le Hirak n'a mandaté personne pour parler en son lieu et place, l'armée reste donc légaliste jusqu'au bout. Du moins, sur le plan constitutionnel. Contrairement à l'armée Soudanaise, qui elle, n'a eu aucun complexe ni empêchement constitutionnel, à traiter directement avec la rue et l'opposition, alors pourquoi la nôtre, fait-elle la sourde oreille? Disent certains. Les articles 7 et 8, avaient-ils été joints au 102, uniquement, en guise d'assaisonnement, pour apaiser la rue et faire passer la feuille de route de l'armée ? Disent certains. Pour eux, il est clair que certains cercles du noyau du pouvoir cherchent à fatiguer le Hirak, en le faisant tourner en rond, afin de garder le contrôle sur la suite des événements. Restant allergique aux solutions politiques, le régime n'est nullement disposé, disent-ils, à ouvrir, facilement sa boite noire et à partager ses secrets avec le premier venu. En 1992, l'armée s'est retrouvée seule, à gérer une crise politique par une approche strictement sécuritaire, avec les retombées que l'on connaît. Cette fois-ci encore, l'armée, se retrouvant seule à gérer une autre crise politique, via un autre Modus operandi, celui de la voie constitutionnelle. Au lieu d'accompagner une solution mixte et ouvrir le débat avec le Hirak et ce qui reste des personnalités politiques et des figures nationales crédibles, capables de traduire les revendications de la rue, en des termes politiques clairs et réalisables elle s'accroche à sa feuille de route, sans nous expliquer les danger d'une autre voie. Imposer une feuille de route « constitutionnelle «, pouvait, tout à fait passer, si l'on s'est référé à l'esprit de ce document et notamment, à celui des articles 7 et 8 annoncés. Cependant, garder le même personnel politique pour veiller sur la transition, opter pour des mesures d'étouffement sécuritaire du Hirak, en présence d'institutions complètement paralysées et non-représentatives, qui auraient dues être dissoutes dès le début. Ajoutée à cela, une opposition complètement désavouée. Tout cela, n'était pas de nature à rassurer les Algériens. Le Hirak cherche à faire sortir l'Algérie de cette configuration de quasi-Etat. Le pouvoir algérien, n'aime plus parler des médiations, de transitions, ou de solutions politiques qui se mijotent en-dehors de sa marmite, du moins, c'est comme cela qu'il nous a habitués. Il en garde un mauvais souvenir depuis 1995. Il n'aime pas prendre des risques inutiles qui peuvent brouiller ses cartes, embrouiller sa vision despotique et compromettre la configuration des centres de décision, établie depuis Boumediene, mais qui se sont éloignés de l'esprit de Boumediene, hélas ! Le court-circuitage des institutions de l'Etat, à travers les nominations par allégeance et la chkar (le sac d'argent), les a rendues illégitimes. Il les a empêchés de jouer leur rôle constitutionnel. Il ne faut pas s'étonner donc, à ce que, le peuple de la rue, et à l'instant même où ce Hirak commence à s'affaiblir, soit taxé, lui aussi, de traître. Certains voient même un risque réel de basculement vers le schéma égyptien, avec l'incarcération en masse, de blogueurs, d'activistes, de journalistes, et même de politiciens. Faire un croche-pied au Hirak, pour faire imposer l'état de fait, est une sombre perspective pour l'Algérie. En Egypte, ça a commencé avec le slogan « Jich chaab, id wahda». Bien que la situation soit très difficile à gérer, notre ANP est fortement attachée à son peuple et aux valeurs de novembre. Elle a beaucoup appris du passé. Elle n'est pas disposée à répéter les mêmes inepties. En plus, c'est tout le peuple algérien qui est sorti contre le régime, contrairement aux années 90, où une partie du peuple s'est ralliée à la cause du pouvoir, contre une autre partie. À l'instar de ce qui s'est passé en Egypte, où les coptes, ont soutenu Sissi. Dans cette crise, Bouteflika n'a pas été soutenue par l'Omanie ou Tlemcen. Le tifo représentant Gaid Saleh, qui a été décroché à Mila, en est un autre message, d'un peuple Algérien, plus que jamais,mur et uni. Désormais, le pouvoir ne peut plus compter sur le soutien d'une partie du peuple ou d'une région spécifique du pays pour écraser une autre, à moins qu'il remplace tout le peuple par un autre. C'est cette unité historique qui le fait trembler de peur. En plus, ce Hirak est non partisan. Contrairement aux années 90, il n'y a ni barbus fondamentalistes ni terroristes pour pouvoir justifier au monde sa répression, sous l'intitulé » combattre le terrorisme ». Un peuple pacifiste, imprégné d'un haut degré de civisme est sorti pour réclamer sa souveraineté, sa dignité et ses droits. Point à la ligne ! |
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