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« Les anniversaires ne valent que s’ils constituent des ponts jetés vers l’avenir. » [Jacques Chirac]1
L’Algérie célèbre à longueur de l‘année toutes les anniversaires et toutes les journées internationales sur tous les thèmes inimaginables, de l’enfance à l’environnement en passant par l’arbre, les droits humains et celle du travail en attendant dans quelques jours celle des asthmatiques. Mais il est fort de constater que la fête d’un événement n’est en elle-même que le couronnement des efforts fournis tout au long de l’année où il s’agit de faire un bilan profond de ce qu’il a été fait de celui qui ne l’a pas été. A titre indicatif, la fête des mères ne peut pas être réduite à une seule journée avec à la clé un bouquet de fleurs ou un présent offert durant ce jour fatidique mais elle doit être l’apothéose de la vénération de notre génitrice durant les 365 jours de l’année. Chez nous, ces journées d’anniversaires mondiales sont justes un rappel pour montrer que l’on a un comportement comme les autres pays sauf que les politiques préconisées ne sont les mêmes. Dès la clôture de la journée de l’évènement, on oublie résolument le dossier et le rendez-vous est pris pour l’anniversaire prochain. En un laps de temps à l’approche de celui-ci, un branle-bas de combat est mené pour établir un programme à la va-vite afin de sauver la face vis-à-vis des tutelles et des instances internationales. Le budget alloué de l’année part en fumée en quelques heures. Nous marchons toujours à double vitesse, la plupart du temps à celle de l’escargot et à la célérité du vent à quelques instants de l’avènement fatal. C’est aussi ça une des tares de notre pays. JOURNEE DE L’ENFANCE, COMME LES ANTECEDENTES ! Durant ce début de ce même mois de juin, la journée de l’enfance a été célébrée exactement comme toutes les autres années, c’est un remake qui ne dit pas son nom et qui se répète à satiété chaque 2 juin de chaque année. Certes, on entend qu’ici et là que l’état prenne en charge les problèmes de notre enfance mais les acteurs font défaut. Les associations pullulent mais à part quelques unes très rares mais tenaces, les autres sont là juste pour embellir le décor et les salons. Les problèmes de nos enfants subsistent et s’amplifient davantage sans que les remèdes appropriés ne soient apportés. Ce ne sont pas les ressources qui manquent mais ce sont les idées et les bons programmes qui font cruellement défaut. LE DESASTRE ENVIRONNEMENTAL La seconde journée internationale commémorée ces jours-ci avec fracas est celle de l’environnement. Qui dit environnement, dit catastrophes écologiques sur tous les fronts. De la gestion des détritus de nos cités jusqu’aux décharges publiques ou sauvages en passant par la crasse de nos rues, les journaux en ressassent tous les jours que Dieu fait. Tellement, le malheur s’est accru, la démobilisation s’est installée par fatalité. Cracher dans la rue est devenue quelque chose d’insensible, fumer dans un lieu public, loi ou pas loi, est tolérable. Gare à celui qui ose faire une quelconque remarque désobligeante, il est vite montré à l’index de quelqu’un débarquant nouvellement de la lune. L’IMAM AU SECOURS DE L’ENVIRONNEMENT Ce vendredi, j’ai assisté comme par pur hasard à un prêche du vendredi dans une mosquée à Relizane qui a été entièrement consacré à l’environnement. Je ne sais pas si cela était propre à cette mosquée ou à l’ensemble du territoire national. En tous les cas, l’initiative est louable à plus d’un titre. Elle n’est ni politique, ni partisane mais citoyenne. Le rôle d’une mosquée, c’est aussi l’éducation civique. L’incivisme est partout alors on fait appel aux imams pour lutter contre la bête immonde. Les cœurs des citoyens sont devenus froids aux lois de la république, les lois divines sont donc les bienvenues pour rappeler aux fidèles les bienfaits de la préservation de l’environnement. Ce jeune imam, issu de la nouvelle génération de prêcheurs, a utilisé même la langue de Voltaire pour titiller les âmes inaccessibles à tout changement. Il a su manier la langue Arabe alliée au Français pour faire passer le message avec un discours très simple et précis. Il montre ainsi que l’islam est synonyme de modernité où tous les problèmes peuvent être abordés sans aucune retenue et ni aucun complexe. La nuisibilité du bruit provoqué par les machines sonores des menuisiers et ferronniers voisins entres autres sont évoqués pour désigner le pourquoi de la délivrance de permis et d’autorisations de tels métiers dans des zones à habitation où le calme reste l’ennemi à détruire. C’est ce qu’on appelle couramment la pollution sonore dans le jargon de spécialistes. Notre imam s’en est sorti évidemment à merveille dans cet exercice difficile pendant environ trois quarts d’heure consacrés à la leçon du trône du vendredi. Il a même évoqué le parc de loisirs inauguré dernièrement dans la ville avec une verdure dominante et dont il faudra prendre soin comme l’insiste-t-il avec force. Ce n’est pas tous les jours que naisse un jardin dans une ville. Une leçon d’écologie en plein minbar et il fallait bien le faire. Je dirais un grand bravo à cet imam en lui souhaitant une bonne continuation de par sa pédagogie, il peut changer beaucoup de choses néfastes à la société. J’oserais même dire que l’appel de l’imam a plus d’impact sur la population que n’importe quel discours fleuve ou affiche car il est direct et adopté sur le champ sans aucune réserve. Ce cas d’expérience est à méditer surtout que l’on est en pleine déconfiture. Ô DAOUD, POUR QUI LIS-TU TON ZABOR ? Le lendemain c’est au tour de mon université d’organiser une journée pluridisciplinaire sur l’environnement où une panoplie de spécialistes à été invitée à étaler leurs recherches dans ce domaine, du biologique au linguistique et à l’halieutique, en passant par le chimiste et le juriste. L’environnement est concocté à toutes les sauces où les moindres recoins sont fouillés pour donner enfin un constat acerbe de la chose. Des solutions sont proposés mais comme le dit si bien l’adage «Ô Daoud, pour qui lis-tu ton Zabor ?». QUEL SORT POUR LES 8 MILLIONS D’ARBRES FRUITIERS ? Sur ce même sujet, une question me ronge l’esprit depuis la rentrée scolaire 2008/2009. En effet, le ministère de l’éducation nationale avec la collaboration du ministère de l’agriculture avait lancé le 15 septembre 2008 l’opération «une école, un enfant, un arbre, un double cadeau, pour la nature et l’enfance» de planter, par nos élèves, 8 millions d’arbres fruitiers (oliviers, figuiers, grenadiers et palmiers) sur une période de 6 mois dans le souci de sensibiliser les plus jeunes sur la nécessité de préserver l’environnement, au développement durable et au respect de l’arbre et des aménagements paysagers. Le 21 mars dernier était donc la fin de cette opération dont on n’ignore complètement le bilan avec le nombre d’arbres effectivement boisés. Noyer un verre d’eau dans un océan n’est pas fait pour arranger les choses. Des colloques sont organisés, ici et là, dans toutes les cités Algériennes mais l’aboutissement final est analogue que ce soit pour l’enfance, l’enseignant ou l’écologique. UN 1ER MAI DEJA REVELATEUR Le mois dernier, le 1er Mai, la fête mondiale des travailleurs, enfin de ce qu’il en reste après le rouleau compresseur du FMI, de l’accord d’association avec l’Europe, de la mondialisation et bientôt l’OMC, a été accueillie presque dans l’inconnue et est passée quasiment inaperçue comme pour les précédentes éditions sans que les salaires des fonctionnaires connaissent un léger mieux en dépit des cycles de protestations et de la nouvelle déjà usée grille des salaires. Le régime indemnitaire attendu avec ferveur par tous les fonctionnaires sera-t-il l’annonce de la fin du calvaire ? Les prémices de l’avenir nous diront qu’il n’en est pas certain. L’anniversaire des travailleurs, en pleine déstructuration, n’aurait ainsi aucun sens. Les choses ne sont jamais closes de manière définitive pour permettre au pays d’aller de l’avant malgré la cherté du pétrole et le matelas financier engrangé continuant d’épaissir sur lequel somnole l’Algérie. *Universitaire et syndicaliste 1. Ancien président de la République Française (Extrait d’un discours pour le 50e anniversaire de la Déclaration des Droits de l’Homme) |
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