Le procédé utilisé dans l'opération de restauration de la façade du théâtre régional d'Oran (TRO) ne fait pas l'unanimité parmi certaines associations activant dans le domaine de la protection du patrimoine. En effet, les associations en question, à savoir l'association Bel Horizon et l'association Santé Sidi El Houari, jugent le «nettoyage mécanique» (à l'aide de meules), procédé utilisé par l'entreprise chargée de l'opération, comme méthode «radicale» et «tout à fait contre-indiquée pour la pierre de taille, au même titre que l'autre méthode également décriée, le sablage». De son côté, le bureau d'étude «Ibdaâ», qui chapeaute l'opération, estime, par la voix de son premier responsable, M. Bourayou, que le nettoyage mécanique dans le cas présent s'impose du fait qu'il permet d'enlever tout ce qui est friable pour donner à la pierre un aspect lisse, et lui éviter ainsi de retenir l'eau.

Pour les détracteurs de la méthode mécanique, en dépit de la blancheur qu'elle donne à la pierre, ce procédé reste complètement contre-indiqué, car il élimine au passage le calcin, cette couche superficielle qui permet à la pierre de mieux résister contre toutes les formes d'agression, lui ôtant du coup un moyen de protection naturel. Pour ces mêmes sources, le meilleur moyen de nettoyer la pierre de taille dite de «tuffeau» reste l'eau chaude et la brosse. A la limite, quand les impuretés sont profondes, on peut utiliser en plus un adjuvant aux caractéristiques physico-chimiques qui n'agressent pas la pierre, mais rien ne justifie l'utilisation d'un moyen aussi radical qu'un nettoyage à la meule, estime-t-on encore. «On ne peut pas se permettre de faire n'importe quoi dans un édifice comme le TRO, une structure classée comme monument à protéger».

Devant les avis partagés des uns et des autres, il n'était pas possible d'avoir hier l'avis de l'Office national de gestion des biens culturels protégés, première instance chargée de réagir en cas de dépassements sur un site protégé.

A noter que l'entreprise chargée de l'opération de restauration de la façade du TRO est la même qui se charge de la mosquée «Abdellah Ibn Abdessalam» (ancienne synagogue sise au boulevard Maâta). Il semblerait que les autorités locales ont été tellement satisfaites du résultat réalisé à la mosquée qu'elles ont attribué les travaux du théâtre à la même entreprise.