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Prisonniers algériens en Libye : vers un dénouement politique ?

par Mahrez Ilias

Cela n'a aucune ressemblance, ni de près ni de loin avec le dossier des infirmières bulgares, accusées d'avoir inoculé le sida à des enfants libyens à partir de sang contaminé, et libérées après plus de sept années passées dans les prisons libyennes.

Mais force est de reconnaître que l'épineux dossier des Algériens qui croupissent dans les geôles libyennes commence à prendre une tournure plutôt positive. Les déclarations d'officiels algériens et libyens sur ce dossier semblent indiquer que les deux pays s'acheminent vers un accord global qui prendrait en compte les intérêts des deux pays à rester politiquement toujours proches l'un de l'autre. Jeudi, le garde des Sceaux, M. Tayeb Belaïz, est revenu sur ce cas précis. «Le dossier est pris en charge par le ministère des Affaires étrangères et est sérieusement suivi, conformément aux conseils du ministère de la Justice car compétent en la matière», a souligné le ministre de la Justice, qui a affirmé que c'est le ministère des Affaires étrangères qui «traite directement avec les autorités libyennes». M. Belaïz confirmera cependant qu'il existe actuellement 57 prisonniers algériens en Libye, dont 30 sont condamnés à de lourdes peines, à savoir la peine de mort et la prison à perpétuité. Il a indiqué aux journalistes en marge de la séance du Conseil de la Nation consacrée aux questions orales que 30 Algériens ont été arrêtés pour trafic de drogue en Libye, des «crimes graves», dont 22 ont été condamnés à la prison à perpétuité et 8 autres à la peine capitale, 5 à l'amputation de la main et 17 autres sont toujours dans l'attente de leur procès. Le guide libyen, Maamar El-Gueddafi, a gracié 56 détenus algériens condamnés, entre autres, à l'amputation de la main et à la perpétuité. Treize détenus qui ont bénéficié de la grâce présidentielle et qui étaient dans les prisons de Sebha et de Djandouba à Gheriane, au sud de la Libye, ont été transférés à la prison d'El-Djadida à Tripoli. Ces détenus algériens, dans leur majorité originaires de la wilaya d'Illizi, ont été arrêtés entre 2006 et 2008 pour les chefs d'inculpation de « trafic de drogue et de contrebande ». Mais, officiellement, les autorités libyennes «ont gracié 23 Algériens en 2008 et libéré 17 détenus condamnés à des peines légères début 2009», selon le garde des Sceaux, qui n'a pas manqué de rappeler les propos du fils du Guide libyen, Seif El-Islam Gueddafi, lors de sa dernière visite en Algérie qui a dit que ce qu'il a « entendu au sujet du dossier était de bon augure». De son côté, l'Algérie a gracié fin 2008 une dizaine de détenus libyens emprisonnés en Algérie, dont des éléments accusés de terrorisme et que Tripoli avait réclamés. Pour M. Belaïz, «il n'y a actuellement aucun citoyen libyen dans les prisons algériennes», et a souhaité «voir les deux parties algérienne et libyenne aboutir à la libération dans de bonnes conditions des Algériens détenus en Libye». Voeux Pieux ? Pas tellement si on considère les relations politiques actuelles très «détendues» entre le Président Bouteflika et Maamar Gueddafi. Avant de quitter l'Algérie, le fils du guide libyen, Seif El-Islam avait déclaré à la presse à Oran, que la situation juridique des prisonniers algériens «sera réglée dans les jours à venir».

Ses entretiens avec les responsables algériens, et particulièrement le Chef de l'Etat, ont abordé cette question et il semblerait que Seif El-Islam, connu pour diriger une dynamique fondation qui fait beaucoup de bonnes choses dans l'humanitaire et notamment la médiation pour la libération d'otages, aura à coeur de prouver encore une fois qu'il reste, dans certains cas «difficiles», incontournable. Plus concrètement, l'Algérie a déjà demandé, il y a quelques années, que ces prisonniers puissent être transférés en Algérie pour purger leur peine. Sans réponse pour le moment, jusqu'à l'intrusion de ces dernières semaines dans ce dossier du fils du guide libyen. «L'espoir est permis de voir un jour les détenus algériens libérés ou transférés parce que les Libyens sont capables de le faire comme ils ont libéré les infirmières bulgares et un médecin palestinien, condamnés à mort, le 6 mai 2004, après leur arrestation le 9 février 1999. Même si, au début, personne n'y croyait.