Devant la joie spontanée qui a envahi les rues de la ville de Biskra
après l'éclatant succès sur les Pharaons, les dirigeants biskris ont dû avoir
bien des remords pour n'avoir pas cru en leur équipe et programmé son échec
avant terme, la saison dernière. « Cette équipe n'est pas capable d'accéder »,
n'ont-ils cessé de ressasser à longueur de saison les dirigeants. Et pourtant,
beaucoup de paramètres auraient dû leur permettre d'atteindre cet objectif tant
souhaité par les fans d'El-Khadra. Le choix de Kardi Majdi, un entraîneur pas
très connu sur la place certes, mais ambitieux et fonceur, le recrutement de
joueurs chevronnés, l'adhésion sans faille des autorités locales, la
disponibilité des infrastructures sportives, tout était réuni. Tout ce que l'on
pourrait reprocher après coup à ce technicien, et aussi paradoxal que cela
puisse paraître, c'est d'avoir trop vite réussi à monter un groupe solidaire.
Les débuts sous la chaleur infernale du mois d'août et les aléas du calendrier
n'ont pas porté chance au coach Tebessi, mais l'équipe avait de l'allure et
imposait le respect. «C'est une belle équipe» déclara Nacer, un fin technicien
et ancien dirigeant du club. A domicile, les deux premières victoires seront
nettes et sans bavure. Pour déstabiliser Kardi, on choisira le match de
Mostaganem pour «organiser» la première défaite à Biskra. Limogé après 6
matches, Kardi sera remplacé par le « pompier » du club, l'entraîneur des
juniors Souici Yahia. Soudainement, la formation biskrie reprend ses esprits et
se remet à gagner. Mais pour continuer à entretenir l'idée de l'accession, on
fera venir Latrèche à qui on fera croire, lui aussi, que «l'USB jouait
l'accession en catimini pour ne pas créer la pression sur les joueurs». Une
fois sur place, il assistera à un mercato raté et tentera de remobiliser le
groupe, mais quelque part, on continuait à freiner l'avancée de l'équipe. Le
dernier match de l'aller face au WAT, ceux de la reprise face au MCO et au CAB,
seront joués sans grande conviction par certains éléments du groupe, la formation
biskrie laissant filer 9 points à domicile et l'accession avec. En entraîneur
fort rusé, Latreche comprendra vite le manège et annonce qu'il opte pour
Annaba, sans être retenu, remercié par les dirigeants qui lui organisèrent un
dîner d'adieu. Sous prétexte que l'accession était hypothéquée et qu'il fallait
arrêter les frais, Mekihel rappelle Souici qui tentera de redresser la barre à
la tête d'un équipage démotivé. Même Bettoumi, le goleador Biskri (8 buts
marqués), sera démobilisé, du fait qu'il a été marginalisé après un accident de
la route. On fera de même pour Mira Toufik et Laroubi Massinissa, dont les
blessures seront mal gérées par le club. Ces joueurs de talent auraient pu
cependant faire de l'attaque biskrie l'une des meilleures de la saison.
L'unique satisfaction à tirer de ce parcours chaotique, c'est la découverte des
Lakhdari, Ghassiri, Messaoui, Khoualed, Djerboue, espoirs du cru biskri,
pouvant être des doublures de qualité la saison prochaine. Soufflant le chaud
et le froid, l'USB terminera sa saison à la 10ème place avec 12 victoires, 15
défaites et 6 nuls. A l'aller, la formation locale avait, après le WAT, la
meilleure défense de la D2. Le bureau du CSA/USB semble aujourd'hui satisfait
d'avoir rajeuni l'effectif et maintenu l'USB en D2. Mais peut-on se contenter
d'avoir joué « petit » alors que la mise était forte ? Parler de maintien quand
une seule équipe était condamnée à la relégation, est-ce finalement honorable
comme objectif pour une formation qui, dès le départ, bénéficiait de sponsors
généreux et de l'aide précieuse de la DJS et du wali en personne ? Lors de son
dernier point de presse dans les locaux de l'APC, le président Mekihel a
constaté qu'il était un homme seul, sans soutien depuis le retrait de Amouri
Larouci, son principal bras droit. Pour donner au club biskri une meilleure
allure, ne serait-il pas impératif de faire appel à toutes ces compétences
locales qui se disent «prêtes à travailler», pour peu que leur soit donnée la
garantie que des interférences ne viendraient brouiller leur feuille de route ?
L'union sacrée qui s'est organisée autour des clubs comme le MCO, le CAB pour
leur accession, ou l'AS Khroub et le MSPB, pour leur maintien parmi l'élite,
devrait inciter à une sérieuse réflexion. La saison prochaine sera décisive
pour El-Khadra qui n'aura d'autre choix que d'accéder en D1 ou... faire partie
de la D2 à 3 groupes en 2010/2011, véritable purgatoire, ou l'accession ne sera
pas une sinécure. Osera-t-on faire jouer ce périlleux scénario au club le plus
populaire de la région ? Rien qu'à y penser, beaucoup ont déjà froid dans le
dos.