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Par la voix de sa présidence en exercice, en
l'occurrence l'Etat tchèque, l'Union européenne a estimé que le discours
prononcé dimanche par le Premier ministre israélien, en réponse aux exigences
formulées par le Président américain et appuyées par l'ensemble de la
communauté internationale, «constitue un pas en avant dans la bonne direction».
Appréciation relayée par l'inénarrable ministre français des Affaires
étrangères, Bernard Kouchner, qui en a rajouté dans le satisfecit en «saluant
la perspective tracée de création d'un Etat palestinien par le discours de
Benjamin Netanyahu».
Paradoxalement, l'extrême droite et tous les milieux ultras en Israël ont eux aussi bruyamment manifesté de la satisfaction pour ce même discours qui, selon leur décryptage, constitue une fin de non-recevoir ferme à l'exigence internationale de la reconnaissance par Israël du principe de la solution des deux Etats. Un même discours donc mais deux lectures et deux interprétations aux antipodes. Mais les deux ont dû rassurer Netanyahu. Parce que celle faite par l'Union européenne lui permet d'envisager que cette entité n'est que mollement déterminée à recourir à des pressions sur son gouvernement autre que sous la forme d'encouragement à «aller dans la bonne direction» qu'elle a affirmé avoir décelé dans son discours. Et celle qu'ont retenue les ultras israéliens qu'il n'y a pas à craindre l'effritement ou l'éclatement de la coalition sur laquelle s'appuie son cabinet. La lecture du discours du Premier ministre israélien faite en Palestine et dans le monde arabe va dans le sens de celle de la droite et des ultras israéliens, au sens où ce discours a été interprété comme «un torpillage des efforts de paix qui ont été déployés internationalement». Benjamin Netanyahu n'a évoqué l'éventualité de la création d'un Etat palestinien que par l'esquisse d'une entité qui ressemble à tout sauf à un Etat jouissant des attributs de la souveraineté et de l'indépendance. Et de surcroît, en posant des conditions préalables inacceptables pour les Palestiniens à l'ouverture de négociations menant à la création éventuelle de cette entité, version israélienne. Pour imager la conception de Netanyahu de ce que serait l'Etat palestinien dont il consentira à l'existence, disons que les Palestiniens doivent tout simplement renoncer à leurs droits nationaux et admettre de vivre dans une prison dont les clefs seront détenues par Israël et à l'intérieur de laquelle il leur sera permis de s'auto-gouverner sous haute surveillance toujours israélienne. Si le délire proféré dimanche par Benjamin Netanyahu est «un pas dans la bonne direction», tel que l'ont soutenu l'Union européenne et le ministre français des Affaires étrangères, alors les Palestiniens et les Arabes ont du souci à se faire sur la sincérité de l'engagement occidental en faveur de la solution des deux Etats. Qu'ils ne comptent pas trop en effet sur la détermination occidentale à faire revenir le Premier ministre israélien et son cabinet sur leur vision de «l'Etat palestinien». En opposant un «niet» catégorique à toutes les exigences formulées par la communauté internationale, le gouvernement israélien défie celle-ci tout autant, voire plus radicalement encore que ne le fait celui de l'Iran. Mais c'est sur celui-ci que l'UE et Bernard Kouchner exerceront leur «compétence de vigiles défenseurs» de la légalité et de la paix internationales. Benjamin Netanyahu peut se tranquilliser, son pays bénéficiera toujours et quoi qu'il fasse de la compréhension des gouvernants occidentaux. |
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