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Cinquante années, c'est somme
toute, un âge suffisamment avancé pour que l'Ecole algérienne prétende à l'âge
de raison.
La gestion de la mission éducative et celle de l'acte pédagogique telle que pratiquées par une technocratie qui persiste à cautionner l'indigence socioculturelle algérienne, témoignent, jusqu'à aujourd'hui, du peu d'intérêt qu'elle a, à effectuer des examens critiques objectifs de la politique éducative et culturelle, développée et à en évaluer les résultats atteints. En tout cas, l'opinion avisée déplore cette réticence voire, cette incapacité de mettre en place des mécanismes susceptibles d'assurer une évaluation systémique périodique en vue de juger de la concrétisation des objectifs fixés. Ceux qui ont eu la charge, se contentent de rendre compte et sporadiquement, des activités réalisées, sans pour autant, mesurer l'impact réel de celle-ci, sur l'amélioration de la qualité du service. De toutes manières et malgré les obstacles qui peuvent être nombreux et les résistances qui peuvent être acharnées, à l'endroit de la mise en application d'une politique éducative et culturelle créatrice de renaissance, (prière vous référer à mon essai publié sur ?Le Quotidien d'Oran du 1er octobre 2016), l'heure est venue pour l'Ecole algérienne de mesurer, (d'apprécier), au regard de l'enjeu, les chemins de l'avenir, de dépasser les pesanteurs et les controverses stériles et de s'attacher à définir, à ériger et à consolider ce projet éducatif et culturel, parce qu'il permet aux Algériennes et aux Algériens, de conquérir leur avenir par une intégration active au progrès universel. L'heure est venue pour l'Ecole algérienne de finir avec l'âge ingrat. Cinquante années, c'est somme toute, un âge suffisamment avancé pour prétendre à l'âge de raison et devenir une Ecole Intelligente. Pour une Ecole Intelligente Des ruptures et des discontinuités se produisent, partout dans le monde, et partout dans le monde on est à la recherche de nouveaux équilibres civilisationnels d'ordre social, économique et culturel. Inspirés par la dynamique de cette philosophie évolutionniste, les peuples qui, aujourd'hui se mirent dans le gigantisme technologique, ne cessent de rechercher, en droit et en raison, des solutions nouvelles. Mieux encore, des défis nouveaux en quête de plus de prestance, d'un « plus être ». Les peuples qui, aujourd'hui, confirment leur puissance et leur suprématie, ont compris que seul ce qui maximalise le rendement scolaire, (scolarité de qualité) est digne d'intérêt. Ils ont, en outre, compris qu'un modèle de projet de société ne peut être que l'expression d'un paradigme éducatif et culturel. Il leur a été, par implication, indispensable d'évaluer, continuellement, la direction dans laquelle ce dernier devra évoluer, afin qu'il développe une meilleure efficacité, comptabilise une meilleure performance et enregistre des résultats probants. Comment l'Algérie soucieuse de l'accomplissement de son développement autonome et durable, pourrait-elle en enclencher le processus et en accélérer la cadence ? Il lui suffit de prendre exemple sur les nations qui, aujourd'hui, s'affichent en tête du peloton, parce qu'elles ont compris que le développement durable est non seulement possible et que son aboutissement est, non seulement, indispensable mais surtout urgent et qu'il leur a fallu, pour cela, opter pour une Ecole intelligente. Il s'agit d'une école: - érigée en un authentique moteur de réaménagement social, (qui formera le citoyen, porte-parole de son temps et témoin de demain), en assurant aux jeunes une orientation répondant à la diversité de leurs profils psycho-intellectuels et psycho-mentaux, par souci de leur permettre la réalisation de leur état d'équilibre, (synergie entre leurs épanouissements cognitifs, psychologiques, intellectuels, et mentaux) et en apportant des réponses franches à leurs interrogations, ce qui suppose un encadrement administratif et pédagogique compétent et surtout motivé pour la cause ; - ouverte sur l'universel et en prise avec le sens nouveau de la vie auquel président la modernité et la démocratie pour que ses plans de formation soient hardis et ne génèrent plus cet intellectualisme contingenté et en total déphasage avec la révolution éducative et scientifique qui anime le monde. Cela suppose des curriculums, (programmes d'étude, rythmes scolaires etc?) adaptés. Cette école qui, structurée dans une perspective d'ouverture sur le monde et rompant avec les querelles idéologiques et les dogmes, ne sera plus cet espace en rupture avec le complexe progrès / civilisation. Mieux encore, elle se gardera d'en faire un complexe mythifié. Elle produira la richesse et la puissance et non les malentendus. Elle permettra, de la sorte, à l'Algérie de lutter contre cette insignifiance et ce confusionnisme qui empêchent son système technico-économico-culturel de prendre de l'essor et de gagner en envergure. Adoptant cette stratégie, animée par la volonté de former l'homme intégral*, elle mettra son avenir à l'abri du besoin. Cette volonté se situera, bien entendu, au-delà du discours politique simplificateur et générateur d'utopie. *L'homme intégral est cet homme dépositaire de savoir-faire que distille le capital cognitif comptabilisé. Il est cet homme en qui se conjuguent celui qui conçoit et celui qui applique. Il est cet homme qui adopte une position souple et fonctionnelle dans la gestion de ses préoccupations, (ambitions, aspirations, besoins et contraintes). Il est cet homme nanti de compétences générales et de qualifications spécialisées, de volonté et de sagesse. Il lui suffit donc, (à l'Algérie), d'admettre que le savoir occupe, désormais, une place inégalée dans l'évolution des rapports entre les nations et que la croissance civilisationnelle* et la prospérité économique et sociale ne sont plus, et c'est une évidence établie, subordonnées à la possession des richesses, fussent-elles des plus stratégiques. Il lui suffit, aussi, d'admettre que l'explosion vertigineuse des sciences et des technologies et l'accélération exponentielle de leur actualisation, ont permis l'émergence d'une société de savoir et d'action et sa refondation continue. Il lui suffit, en outre, d'admettre que le changement d'un paradigme pédagogique ne s'invente pas au gré de l'humeur. Il doit être préparé et protégé des fausses manœuvres, des illusions qu'il peut susciter et des désillusions qui peuvent s'en découdre. Il ne peut donc être engagé sous l'impulsion de modes ou de slogans populistes, quand bien même, séducteurs. Il ne peut se confondre en une improvisation hâtive incapable de se soucier du degré de civilisation auquel la société algérienne aspire. Il lui suffit, enfin, d'admettre que parmi les défis de l'avenir auxquels elle doit faire face, ceux de permettre à l'Ecole de comprendre sa mission, de faire échec à l'échec scolaire, d'aménager une situation pédagogique qui permet à l'esprit de s'élever des notions confuses vers les notions claires, des notions claires vers des notions déterminées, des notions déterminées vers des notions distinctes, d'élaborer des curriculums adaptés à la formation de la mentalité scientifique, (raisonnement logique et jugement méthodique) et d'accompagner la scolarité, sont les plus difficiles à gérer, les plus chargés d'espérance et les plus passionnants à relever parce qu'ils déterminent l'avenir des générations futures et de fait, le développement économique, scientifique et technologique de la cité. Cela dit, elle peut s'investir dans cette entreprise pour peu que les actions à entreprendre, à cet effet, soient menées dans le sens d'une meilleure prise en charge des facteurs enclenchant une réussite scolaire de qualité. Ce sera alors, une approche novatrice et réformatrice de l'Ecole algérienne. Pour être intelligente, l'Ecole algérienne devra connaître et comprendre sa mission Alors que les préoccupations de la société algérienne, (ses ambitions, ses aspirations, ses besoins et ses contraintes), évoluent, l'Ecole algérienne ne doit pas demeurée réfractaire aux changements, au profit du développement de la cité. Autrement dit, elle doit évoluer en interaction avec les mouvements de la société humaine, en général, et de la société algérienne, en particulier. Charge à elle, alors, de motiver ceux qui la fréquentent. L'apprentissage dispensé cheminera, par conséquent, et c'est le moins qu'elle puisse faire, à rythmes différenciés, (en prenant acte du complexe psycho-intellectuel* de tout un chacun). De la sorte, la majorité d'entre eux ne se verra plus en difficulté d'apprentissage. *complexes psycho-intellectuel : Ressort animé par la motivation, la détermination et la curiosité de réflexion en fonction du degré de maturité atteint et qui permet à l'individu d'être nanti ou non d'arguments à opposer aux circonstances, en vue de s'y adapter et de s'en accommoder, avec subtilité. Le système éducatif et culturel algérien n'éprouvera plus de difficultés à comprendre sa mission si, enfin, il s'interrogera sur la façon dont elle devra s'accomplir, sur ce que devrait être la hauteur des exigences de celle-ci, sur la manière la plus perspicace de dispenser aux jeunes une formation de qualité, sur le mode et le procédé pédagogique à mettre en œuvre et qui leur assureraient une orientation qui permettrait à leurs aptitudes potentielles de prendre du pas, sur la nécessité et l'importance des passerelles qui devraient exister entre les différents niveaux et cycles d'études, qu'il est sensé pourtant mettre en place et gérer et entre le cours d'enseignement général et celui de la formation professionnelle qui s'expriment, du reste, comme une alternative. Aussi, ne poursuivant pas des objectifs* morcelés, il ne manquera pas d'expertises pour pouvoir réaliser, convenablement, les apprentissages de base, (lecture, écriture et calcul), pour effectuer de bons diagnostics auprès des élèves à risque, pour motiver la population scolaire dans sa globalité. D'ailleurs, l'expérience vécue a prouvé qu'un grand nombre d'élèves, en difficultés d'apprentissage et se voyant forcés de cheminer leurs cursus scolaires à des rythmes scolaires qui ne sont pas les leurs, décrochent. Ils sont alors, tout simplement, abandonnés à leur nature de débrouillardise et sans plus. Ne valorisant, donc, pas l'enseignement-apprentissage, il l'a jeté beaucoup plus qu'il n'en a dispensé. * objectifs: situation qu'on doit atteindre et qui ne peut être influencé par des préjugés La promotion du savoir créatif de savoir-faire* ne sera plus, désormais, le benjamin de ses soucis. Promouvant la recherche-développement, sa mission ne sera pas carencée. L'heure est, par conséquent, venue de donner toute sa densité à l'enseignement, à la valorisation de la ressource humaine, à la recherche scientifique et de fait, au développement autonome durable. L'heure est venue de donner toute sa densité à la gestion de la mission éducative, de manière à ce qu'elle mène le plus grand nombre d'élèves possible à la diplomation mais dépositaires d'une formation de qualité. Le savoir, tant général que professionnel, devenant la ressource la plus précieuse et la plus convoitée par la société humaine post-industrielle, la formation de qualité est, désormais, cette exigence que s'imposent les peuples qui aspirent à transcender leurs dilemmes, surmonter leurs contradictions, évacuer leurs malaises, accomplir le pas libérateur. Elle contribue, tout autant, à la prospérité économique de la cité par la promotion de l'égalité des chances et à la définition d'un espace civique. C'est dire, autrement, que le développement économique, politique, social et culturel, dépend pour une large part d'une éducation / formation qui assurera aux ressources humaines compétences générales et qualifications spécialisées. Assurer l'acquisition des compétences générales et celle des qualifications spécialisées, tel devra être le centre de gravité de la mission éducative émargeant à une Ecole intelligente. *savoir-faire : savoir observer, interpréter les données, procéder à des déductions, formuler des prévisions, émettre des hypothèses, classer, communiquer, planifier, combiner Cela dit, éduquer, instruire, former et qualifier suppose que le système éducatif algérien doive, au même titre que les autres systèmes scolaires performants, à travers le monde, favoriser la persévérance, manager l'accessibilité aux études, se mettre à l'écoute des usagers, (élèves, parents d'élèves,), être sensible aux attentes sociales. Il ne devra plus demeurer réduit à une boîte à cours, décrochée de la vie des individus et se contenter de peu d'exigences dans le choix des enseignants et dans celui des gestionnaires de la mission éducative et de ceux de l'acte pédagogique. (Ceux qui sont en poste ont largement prouvé leurs limites). Autrement dit, il devra cesser de dispenser un enseignement médiocre. S'agissant des compétences générales et des qualifications spécialisées Les compétences générales dont l'Ecole Intelligente devra garantir l'acquisition, sont cet ensemble d'habiletés et d'aptitudes qui, acquises à l'individu, lui permettront de décloisonner et de mettre en relation tous les savoirs conquis pour pouvoir comprendre le monde, dompter ses mystères et y exercer son métier de citoyen. C'est donc la formation de l'intelligence, dispensée depuis le préscolaire à l'université, qui lui permettra, par la fréquentation de plusieurs disciplines, dans divers champs de savoirs, (langue d'enseignement, Coran et Hadiths du Prophète Mohammad QSDSSL langues vivantes, langage mathématique, technologique et artistique, grands courants de la culture universelle), de comptabiliser des connaissances structurantes qui le nantiront du pouvoir de développer son aptitude au raisonnement logique et au jugement méthodique, (ces composantes de la mentalité scientifique), d'orienter sa démarche intellectuelle *afin qu'elle devienne spéculative*, d'organiser ses informations, de construire, d'actualiser et d'intégrer le savoir qu'il aura conquis dans la dynamique de son épanouissement. Il est, par conséquent, attendu de l'Ecole Intelligente de s'élever de la seule transmission de la connaissance pour mener les élèves à consentir l'effort intellectuel nécessaire qui leur assurera la maîtrise des configurations des problèmes qui tenteront de les assiéger. *démarche intellectuelle spéculative: celle qui met à nu la vérité, quand bien même dans sa relativité, qui la rétablira dans sa légitimité et qui animera l'esprit pour qu'il démêle le vrai du faux, le légal de l'illicite, le réel du factice, l'essentiel du secondaire S'agissant des qualifications spécialisées Les qualifications dont l'Ecole Intelligente devra assurer l'acquisition, sont cet ensemble de connaissances, d'habiletés et d'aptitudes propres à une ou plusieurs disciplines d'étude et qui permettent, à tout un chacun, une orientation scolaire ou professionnelle, largement justifiée parce qu'elle sera l'expression de ses aptitudes. Assurer à chaque élève une intégration dynamique dans la société humaine et lui éviter de souffrir des injures de l'exclusion ou du laissé pour compte, elle veillera à ce que aucun d'eux n'en «sorte» sans s'être donné des qualifications dans des disciplines pour lesquelles il nourrit une propension particulière. Cela dit et à quelque palier que ce soit du système éducatif et culturel, le développement des qualifications spécialisées, (dans une ou plusieurs disciplines d'étude), ne devra jamais être séparé de la formation des compétences générales. (Celles-ci et en leur qualité d'outils psycho-intellectuels, si elles sont, efficacement, structurées, permettront l'amélioration des qualifications et leur exploitation à bon escient). Cependant, un équilibre entre un espace de formation des compétences générales, (pouvoir d'analyse, de synthèse, de déduction, d'abstraction, d'agrégation et d'abrogation), et un espace favorisant la structuration des qualifications dans divers champs de savoir, devra donc être aménagé lors de la conception et de l'élaboration des curriculums. Par souci de notoriété, une Ecole Intelligente, parce que se voulant fonctionnelle, recommandera, pour celles et ceux qui décrocheront ou qui n'accéderont pas au diplôme de fin de cycle ou de fin d'études et dans le cadre du « mérite-système » dont nous proposons l'institutionnalisation, des certificats attestant des compétences générales et des qualifications spécialisées si elles seront avérées et ce, pour leur éviter la lie de l'exclusion sociale et leur permettre, en revanche, au moyen d'une éducation permanente, foncièrement, consentie, le développement optimum des potentialités dont elles ou ils seront nantis. Un système éducatif et culturel se voulant intelligent et faisant du développement psychologique, intellectuel, cognitif et comportemental, le nord magnétique de sa mission, cultivera les valeurs qui fondent la morale de la vie en commun, forgera la maîtrise de soi et éduquera la synthèse de soi. Autrement dit, par les apprentissages formels qu'il poursuivra, (notamment en nantissant tout un chacun de la capacité d'apprendre à apprendre) et par sa vocation, (édifier une société de savoir et d'action), il s'affichera, en promoteur de cette autonomie intellectuelle*qui se situe au fondement même, de toutes les compétences et de toutes les qualifications. *Autonomie intellectuelle : qui permet à l'esprit d' effectuer aisément les opérations d'exploration, de prospection, de sélection, d'abstraction, de conception, d'élaboration. L'acquisition des compétences générales et des qualifications spécialisées étant, par essence, la source du développement national durable, elle imposera au plan directeur de la gestion d'une mission éducative intelligente, de définir le cadre de finalités, celles qui permettront aux élèves d'exercer un réel pouvoir au sein de l'école. Celle-ci devant devenir un espace où ils seront initiés à cultiver et à mettre en synergie leurs potentialités, où ils refuseront de se soumettre au diktat du fatalisme et de la résignation que produisent les difficultés d'apprendre et partant, l'échec scolaire, où s'installeront, entre eux et ceux qui les encadrent, (enseignants ? administration), des réseaux de communication horizontaux, donc plus directs et plus démocratiques, où la recherche et l'action s'articuleront pour faire aboutir le succès de tous, où s'édifieront leurs repères. A suivre... *Directeur de l'Education de wilaya - Professeur-chercheur INRE - Auteur de 12 ouvrages, (pédagogie et histoire immédiate d'Algérie) |
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