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La violence observée dans nos établissements et au cours des épreuves du
baccalauréat de cette année est due, à mon avis, essentiellement à la
défaillance de l'évaluation pratiquée dans nos lycées.
En effet, les élèves sont souvent admis aux classes supérieures sans qu'ils aient eu le niveau requis. La défaillance est suscitée par des pratiques d'évaluation perverses. Depuis plusieurs années, la surveillance des épreuves des compositions et du baccalauréat est devenue un vrai cauchemar pour les professeurs qui souhaitent en être dispensés. Cette défaillance est accusée au niveau de tous les examens qui ont lieu durant l'année scolaire. La note du contrôle continu est souvent attribuée subjectivement, c'est-à-dire qu'elle n'est pas basée sur des critères rationnels. Ainsi, la note attribuée est non seulement irréaliste mais elle ne profite pas à l'élève qui, en évaluation normale, fournirait un effort pour remonter sa note et, par conséquent, s'améliorerait. Alors qu'il serait intéressant d'évaluer l'assiduité de l'élève (Présence, ponctualité, concentration en classe, exécution des travaux proposés à la maison, détention du cahier et des affaires scolaires nécessaires, ?), la tenue du cahier (Présentation et correction), la participation orale, etc. Les devoirs surveillés se présentent souvent sous la forme d'un sujet unique proposé à raison de deux élèves par table. Dans cette situation, on ne peut empêcher un élève faible d'évoluer de la 1ère à la 3ème AS à l'ombre d'un camarade bon. Car, du côté de l'œil seulement, l'élève parasite est orienté par le travail de son camarade et peut même recopier carrément les bonnes réponses sans qu'on puisse l'on en empêcher. Alors qu'il faut, soit proposer, aux deux élèves de la même table, deux sujets différents aux difficultés voisines, soit faire subir l'examen à la classe à raison d'un élève par table. Cependant, pour opter pour cette deuxième manière de faire, il faut penser à dégager une après-midi libre au milieu de la semaine en rétablissant la semaine de cinq jours et demi. Les sujets de composition de fin de trimestre sont souvent d'un niveau facile et la surveillance n'est pas prise très au sérieux. Il arrive même que des collègues permettent la tricherie parce que des comptes ne leurs sont pas demandés. Je pense d'abord que le niveau de difficulté des sujets de composition doit être légèrement au dessus de celui des bons élèves afin que tout enfant sache que la vie est pleine de défis imprévus et est un perpétuel combat à mener. Ensuite, il faut former tous les professeurs ? surtout les nouvelles recrues ? pour la surveillance et les avertir au maximum sur les rouages et les conséquences des tricheries. Enfin, il faut appliquer rigoureusement la réglementation existant: espacer régulièrement les tables; débarrasser les élèves de leurs cartables ou sacs et vérifier soigneusement les affaires et les brouillons qu'ils détiennent ; sanctionner sévèrement (zéro sur vingt) les tricheries écrites (transmission de documents) et les tricheries verbales (qui ne sont pas prises au sérieux). Les décisions des conseils de classe en fin d'année ne sont pas respectées pour les élèves n'ayant pas obtenu la moyenne d'admission. Des notes sont gonflées au vu et au su de tout le monde et des élèves qui sont sensés être orientés vers la formation professionnelle sont repris. D'autres élèves orientés vers la vie professionnelle sont repris dans d'autres établissements où, des fois, ils sont même admis en classe supérieure, suite à l'intervention de leurs parents bien placés et à la complicité des chefs d'établissement. Alors qu'il faut prendre en considération l'évaluation effectuée par les huit ? ou plus ? professeurs qui ont évalué l'élève. Je crois qu'il est sage de penser qu'un élève qui ne réussit pas, dans les conditions normales, à obtenir la moyenne, deux années de suite dans le même niveau, qu'il a atteint ses limites supérieures et qu'il doit être orienté vers la formation professionnelle. Là, il faut préciser qu'il est normal que des parents d'un pays sous-développé réagissent ainsi dans la mesure où ils n'ont pas l'objectivité nécessaire pour conduire leurs enfants seulement vers une responsabilité socioprofessionnelle qu'ils pourront assumer pleinement à l'avenir, mais l'Institution de l'Education est sensée imposer aux parents l'objectivité nécessaires pour les orienter vers des tâches qu'ils pourront exécuter sans faire de mal à la société. Je crois que le plus grand amour qu'on puisse donner à un enfant, c'est le conduire vers ses réalités et les responsabilités qu'il peut assumer pour qu'il puisse vivre sa liberté intérieure, sa santé mentale et son bonheur. Autrement, c'est l'aliénation mentale et la dérive vers le mal et la misère. C'est l'Ecole qui doit créer les vraies valeurs, ce n'est pas la société qui doit imposer à l'Ecole de fausse valeurs. Il y a même des cadres de l'Education qui osent affirmer que des élèves «exclus» sont repris et ont réussit par la suite. Mais, moi, je crois que les sociétés fonctionnent au moyen de règles, pas au moyen d'exceptions. Il faut savoir que cette dernière pratique est derrière de très nombreux problèmes gênant très sérieusement le fonctionnement de nos établissements : les élèves, qui n'ont pas le niveau de leurs classes et qui ressentent qu'ils n'ont rien à perdre en perturbant les cours et en enfreignant le règlement intérieur, peuvent freiner très sérieusement le travail et provoquer des dégâts considérables sur le mobilier et l'immobilier des établissements. Le sentiment d'infériorité de beaucoup d'élèves rescapés les oblige - règle de la nature oblige - à compenser par toutes les sortes d'actes «héroïques» (opposition insolentes aux éducateurs en général et donc ralentissement des cours, dégradation des salles de classe, et? perturbation des examens). Beaucoup de ces élèves s'enlisent dans plus de comportements pervertis et insensés, enrôlent d'autres élèves prédisposés et ouvrent les portes de tous les dépassements, notamment la violence au sein même de l'établissement. Pour remédier à cette dépravation des établissements, il serait intéressant que notre Institution mette en place un fichier national de suivi de la scolarité de façon à ce qu'aucune intervention ne puisse remettre en cause les décisions des conseils de classe et ne pervertisse l'évaluation des enfants. Je crois que si nous ne maîtrisions pas l'évaluation de nos élèves, aucune amélioration ne pourra être obtenue en optimisant les autres paramètres (Contenu des programmes, didactique, orientation scolaire, emploi du temps, ?) influençant la réussite de notre système éducatif. J'espère que nos autorités ouvriront les yeux à ce sujet pour améliorer la situation de notre Ecole qui doit former des citoyens honnêtes et travailleurs et qui doit éduquer avant de former intellectuellement. Que Dieu bénisse notre peuple de la confusion et lui ouvre les yeux pour son intérêt. Que Dieu bénisse l'Algérie. * PES, Lycée Filles, AEH, Tizi Ouzou. |
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