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Si les
écosystèmes oasiens du Touat-Gourara doivent leur existence à l'affleurement de
la nappe du continental intercalaire, il est aussi fondamental d'admettre que
leur survie tient au souci permanent que les agriculteurs ont eu pour les
préserver, grâce au procédé ingénieux d'irrigation par foggaras.
C'est justement ce mode de gestion traditionnelle basé sur l'équité dans la répartition de la ressource en eau, entre les différents usagers au sein de la communauté, qui est aujourd'hui au centre des préoccupations majeures des populations des ksours. Dans cet espace totalement inscrit dans l'hyperaridité, l'on ne peut-être que fasciné par le travail remarquable accompli par les oasiens, ces êtres admirables qui ont pu garantir pendant des siècles, la viabilité de l'écosystème fragile de leurs palmeraies et assurer de la sorte, la pérennité des établissements humains qui s'y adossent, à la faveur du microclimat qu'ils ont su créer. Ce miracle n'est certainement pas le fruit du hasard ! Il est tout au contraire, le résultat d'une sédimentation d'efforts soutenus dans la continuité des générations, depuis l'époque pharaonique dans cette lutte quotidienne que livre l'homme du désert pour sa survie, alors qu'exposé aux aléas d'un milieu des plus hostiles ! N'est-ce pas là, une expression bien singulière de l'esprit d'abnégation ! C'est aussi cela, sans aucun doute, la meilleure traduction du compter sur soi, dans un contexte climatique particulier où l'activité économique n'est possible que sur cinq à six mois dans l'année. Malgré ces conditions des plus difficiles, les gens dignes de cette contrée aride, élevés dans le rite du travail communautaire de la touiza, ne peuvent entrevoir la raison de leur existence, qu'au rythme de l'abondance du suintement de la sueur de leurs fronts. C'est vrai qu'Ils ne sont pas les seuls ! Il en est certainement de même pour les gens de cette vallée du M'Zab, classée par l'UNESCO dans le patrimoine de l'humanité et de bien d'autres régions de ce merveilleux Sud algérien, fait de labeur, de sagesse et d'enseignements. LE RISQUE MAJEUR DU DECLIN DES ECOSYSTEMES OASIENS En tout état de cause, il faut se dire que nous avons tout à apprendre de la sobriété des gens du Sud, ces férus du labeur, ces maîtres de la convivialité autour de la symbolique du thé en trois services et de la parcimonie dans l'usage de la chose rare ! Leur patience légendaire et leur attachement au travail bien accompli, devraient être pour nous tous, une source d'inspiration et une référence, dans cette Algérie de l'Etat providence, ce royaume du social pour tous, qui tire ses largesses des gains de SONATRACH. Que Dieu préserve cette source bénie, en espérant qu'on puisse se réveiller un jour, pour se remettre réellement au travail, avant qu'il ne soit trop tard ! A bien y réfléchir, il n'est pas exclu que ceux sont ces « gros bras » oasiens du minimum vital, « d'el-quanâa » qui s'échinent au travail jusqu'au moment crépusculaire, auxquels aurait pu aisément penser Lafontaine, sans que l'on puisse s'en étonner, en écrivant sa fable sur ce riche laboureur, qui sentant sa mort prochaine, fit venir ses enfants, leur parla sans témoins. Gardez-vous, leur dit- ils, de vendre l'héritage que vous ont laissé nos parents. Travaillez, prenez de la peine, ne laissez nulle place où la main passe et repasse, un riche trésor est caché la dedans. Ceci pour dire, que le travail est la seule vraie source pérenne de richesses ! Nos oasiens, ces précurseurs du développement durable, savaient déjà cela, bien avant la naissance de cet illustre conteur de la fin du 16ème siècle. Mais force est de constater aujourd'hui, que la vision réductrice d'une administration territoriale mal inspirée, par méconnaissance du milieu sur lequel elle est censée agir, a quelque peu éludé les aspirations des populations ksouriennes, pas toujours correctement appréhendées dans leurs spécificités. Il faut cependant souligner, que cela relève plus d'un manque de professionnalisme chez certains commis de l'Etat et de l'ignorance des réalités locales, que d'une méprise à leur égard. Quoiqu'il en soit, cela est de toutes les manières, perçu par eux, comme un manque d'intérêt à l'égard de leurs conditions de vie et de travail. Ceci d'autant plus, que l'activité agricole, jadis considérée avec religiosité au même titre que la prière, ne s'effectue aujourd'hui dans les palmeraies déjà largement entamée par le dépérissement, qu'au rythme d'une main d'œuvre vieillissante, même si celle-ci n'a pas tout à fait abdiqué ! Oui, ces braves aux mains calleuses n'ont pas pour habitude de baiser les bras et continueront à s'activer jusqu'à leur dernier souffle ! Mais que l'on ne s'y trompe pas ! Chez tout être humain, la patience à ses limites et dans cette région aussi, même si l'autorité morale des zaouias est quasi permanente, pour atténuer quelque peu la colère de ses adeptes qui vivotent au rythme de leurs efforts, au demeurant fortement amoindris. Mais attention ! Pour peu que la vigilance ne soit pas de mise et que l'on soit tenté de percevoir constamment ces entités territoriales des régions du Sud , que comme seule réserve énergétique, en faisant fi des atouts multiples et des subtilités de leurs divers terroirs, ce Sud là, à l'image de ce fleuve qui dort, peut un jour quitter son lit et causer des dégâts préjudiciables à notre nation. Que Dieu nous préserve de tout cela ! Notre pays qui n'a pas fini de panser ses plaies et ses blessures de la décennie noire, mérite mieux que ce scénario catastrophe ! Oui il faut le dire et s'en convaincre, nous avons tout pour réussir dans l'édification d'un pays convivial à l'échelle de toute l'étendue de son territoire ! Pour peu qu'on puisse se défaire de ces travers, de ces tares et de ces comportements indignes qui portent atteinte à l'image de notre pays, le bien être global de notre société est à notre portée ! Chez des gens raisonnables qui aiment leur pays et sont proches des intérêts de leur peuple, cela n'est ni plus ni moins, qu'une affaire de bonne gouvernance, de management et de respect de la chose publique, dans l'esprit des principes d'équité et d'égalités des chances pour tous ! Oui notre destin est entre nos mains et il faut faire en sorte, qu'il en soit toujours ainsi ! Alors, travaillons dans ce sens, en n'étant mu que par le seul intérêt suprême de la nation, sans se soucier de plaire ou de faire allégeance à qui que ce soi. Dans l'immédiat, Il s'agit en fait, de se mobiliser autour de la question vitale et fondamentale du travail pour nos jeunes, particulièrement dans ces contrées arides, ou la survie de nos concitoyens relève dans bien des cas, du domaine de l'aléatoire ! L'EQUATION TRAVAIL DANS L'APPRENTISSAGE DE VRAIS METIERS Il est vrai que les jeunes des régions du Sud, désemparés face à la précarité de vie de leurs familles, n'accordent que peu d'intérêt à l'agriculture vivrière des écosystèmes oasiens en déclin et sont de plus en plus attirés par le mirage de cet «Eldorado» des sociétés pétrolières, généralement peu disposées à faire dans le recrutement à caractère social et dans la philanthropie. Ceci d'autant plus, qu'ils ne disposent bien souvent, d'aucune qualification professionnelle et encore moins, celle en rapport avec les activités énergétiques! Alors, qu'est-il possible de faire pour inverser cette tendance négative, qui tend à faire croire aux jeunes, à tort bien sûr, que le lieu de résidence prime sur l'habilitation professionnelle, dans la perspective d'un travail bien rémunéré dans le secteur de l'énergie! Cela est faux ! C'est pourquoi, dans cette situation d'extrême urgence, où le chômage est la source de tous les maux et de tous les dangers qui nous guettent, il n'y a que le discours vrai qui peut atténuer les effets pervers de toute tentative de manipulation grossière! Il faut dire aux jeunes, tout simplement et sans détour, qu'ils n'auront de chances de pouvoir accéder un jour à un travail durable, que s'ils sont disposés à apprendre un véritable métier, comme c'est de tradition dans tous les pays de ce monde, dont on fait partie ! Nous ne pouvons déroger à cette règle, même si les pouvoirs publics sont acculés à agir dans l'urgence, pour parer au plus pressé et pour dissiper quelque peu la grogne populaire! Au-delà des emplois d'attentes qu'ils pourront offrir aux jeunes dans l'immédiat pour atténuer la souffrance de quelques uns parmi eux, il s'agit surtout d'entrevoir l'ouverture de filières de formation professionnelle qui soient en rapport avec les perspectives d'avenir de leurs régions. C'est dans les domaines de l'agriculture et de l'agroalimentaire, de la technologie du froid, de l'exploitation, le traitement et la gestion des ressources en eau, de l'énergie solaire, de la préservation du patrimoine ksourien, de l'artisanat et de l'écotourisme, de l'environnement et du paysagisme, des technologies de l'information et de la communication, de l'énergie fossile, des substances utiles et du BTP, que les jeunes de ces régions se doivent d'être orientés ! C'est là autant de savoirs-faires qu'ils devront acquérir, afin de pouvoir s'assurer un travail honorable, autre que dans le gardiennage. Mais il ne suffit pas de le décider pour que cela soit ainsi ! Il y a bien du travail à faire pour rattraper le temps perdu, en mettant tout d'abord à niveau, nos centres de formation qui ne dispensent aujourd'hui, qu'un enseignement pratique de piètre qualité, eu égard au niveau de leur encadrement ! Le recyclage de ce personnel et l'ouverture la plus large possible à la coopération, apparaissent comme étant d'une nécessité absolue, en même temps qu'ils relèvent d'un caractère d'urgence. Dans la phase actuelle, fortement marquée par la déperdition des métiers et l'appel à la main d'œuvre étrangère, cet effort que les institutions concernées devront déployer en direction de notre jeunesse, est certainement l'investissement le mieux inspiré de par son impact sur l'évolution des mentalités et l'avenir de nos jeunes ! C'est de cette manière qu'on avance et non pas, par la statistique des effectifs d'inscrits qui n'a de signification que dans la mesure où elle renseigne de façon éloquente, sur l'ampleur de l'échec scolaire ! Il faut espérer que cela soit définitivement compris et qu'on puisse enfin agir dans ce sens, dans les meilleurs délais possible. Comme il convient également, de faire bénéficier les jeunes de bourses suffisamment attractives, ou de crédits bancaires sans intérêts pour le financement de leurs études, lorsqu'il s'agit de formations pointues ou de stages de perfectionnement, nécessitant des séjours de courte durée à l'étranger! Ainsi mis à l'aise, ces jeunes pourront alors s'adonner entièrement à leurs études, parce que disposant d'un revenu qui puisse soulager le budget familial ! Oui, il faut le dire autant de fois que nécessaire, la formation de la ressource humaine est le maillon faible de notre politique de développement, ce qui rend impératif le lancement d'un véritable plan de redressement et de mise à niveau, selon les standards internationaux. Cinq années seulement, seraient suffisantes pour la concrétisation de cet objectif! Cela n'est rien dans la vie d'une nation! Alors, arrêtons de tournée en rond et soyons disposer à ressembler aux autres, en faisant de la maîtrise des arts et métiers, un projet d'avenir pour nos progénitures, plutôt que de les couver de notre compassion et de les gâter, au point de les rendre incapables à assumer leurs obligations vitales les plus élémentaires ! C'est là le secret de ces pays émergents, que sont la Turquie, la Malaisie, l'Indonésie et bien d'autres, qui ont fait de la maîtrise du travail manuel, l'atout maître de leurs réussites. C'est vrai que comme dit le proverbe chinois, mieux vaut transmettre un art à son fils que de lui léguer mille pièces d'or. On peut même mettre au goût du jour ce proverbe, en remplaçant les pièces d'or, par mille puits de pétrole, qui viendraient à se tarir ! C'est dans la capitalisation des savoirs-faires que tout devient possible en termes d'aménagement de ces territoires en péril et même, pour tout le reste ! Alors, essayons de voir ce qu'il est possible de faire au niveau tout au moins, de Timimoun et d'Adrar, pour favoriser la création de nouvelles richesses et d'emplois, dans cette région merveilleuse du Touat- Gourara. Il s'agit en fait, de concevoir une stratégie de développement qui puisse tenir compte de la fragilité des milieux de vie des populations qu'il convient de stabiliser. C'est là, un enjeu majeur pour la pérennité des établissements humains, sans laquelle, la préservation des écosystèmes fragiles devient illusoire. Aussi, il est à craindre de la rupture des équilibres fragiles, la disparition des oasis, une désertification accrue et par conséquent, un exode massif de populations comparable à celui des pays subsahariens. VOCATIONS AGRICOLE ET ECOTOURISTIQUE DE TIMIMOUN ET D'ADRAR Pour ce qui concerne Timimoun, il faut tout d'abord souligner, que cette capitale du Gourara a pour particularité de disposer du plus grand ksar de la région, qui présente l'intérêt d'être habité jusqu'à nos jours. Cela lui procure une valeur ajoutée touristique, dans la mesure où les visiteurs tant étrangers que nationaux préfèrent généralement être hébergés chez l'habitant. Ce ksar mythique, adossé à la palmeraie avec ses jardins et ses séguias, constitue un écosystème fragile et un vecteur essentiel à une dynamique d'écotourisme. Il convient cependant de souligner, que sa survie demeure tributaire de la foggara qui encourt depuis quelques années un grand danger, dés lors que les eaux usées sont déversées dans la sebkha. Par rapport à cette question qui porte atteinte à l'environnement, à la santé de la population et à l'équilibre de l'écosystème fragile, il importe de dire que la pérennité des établissements humains et l'avenir touristique de la région du Gourara restent intimement liés à la solution qu'il convient de dégager pour le traitement de cette question tant décriée par la population et particulièrement les agriculteurs. Il convient alors, d'envisager la réalisation d'une station d'épuration et la réutilisation des eaux au niveau de la palmeraie qui a atteint un niveau de dépérissement avancée. C'est là, un projet à lancer en toute urgence, dans la mesure où il s'agit de réhabiliter l'agriculture vivrière, afin d'éviter l'exode massif de la population ksourienne. Outre ce ksar, les 225 ksours qui entourent Timimoun, sont un autre atout du Gourara, dès lors qu'ils constituent une richesse de par leurs spécificités. Ces ksours sont le souvenir vivant du génie de l'homme en matière d'urbanisme et leur sauvegarde est fondamentale. Le Gourara est aussi, le berceau d'Ahellil, cette complainte du déraciné et exilé, une polyphonie qui semble être selon les spécialistes du patrimoine, l'ancêtre du « négro spiritual blues ». C'est en cela que ce chant a été reconnu comme patrimoine immatériel de l'humanité par l'UNESCO. Cette richesse patrimoniale constitue un atout indéniable qui favorise l'émergence d'un tourisme culturel haut de gamme. Pour l'amorce de cette dynamique d'écotourisme, Timimoun dispose de bien d'autres vestiges et d'un potentiel d'accueil en cours de réhabilitation d'une capacité de 100 chambres au niveau de l'hôtel Gourara, d'un hôtel privé de 38 chambres et de 07 gites de création récente. S'il est indéniable que le Gourara peut constituer une des destinations des plus prisées en matière d'écotourisme, pour peu que les capacités d'accueil soient renforcées, Timimoun a cependant besoin d'une première mise à niveau pour la restauration de son image urbaine et l'accessibilité aux ksours pour la plupart enclavés, qui doivent constituer des éléments essentiels à la formulation de circuits touristiques. Ce programme d'urgence devrait s'articuler pour l'essentiel autour: de la requalification de la ville, du désenclavement des établissements humains et de l'introduction des commodités de vie à l'intérieur des ksours. À l'échelle de la ville de Timimoun, il s'agit d'engager un vaste programme d'aménagement urbain articulé autour de l'amélioration de la composante paysagère, de la réalisation d'un jardin botanique totalement dédié à la biodiversité de la région, de l'aménagement de boulevards animés, de la mise en valeur de la place du ksar de Sidi Brahim (centre d'accueil du festival d'ahellil) , d'espaces publics de détente et de loisir, de jets d'eau, du renforcement de l'éclairage public, de la réalisation d'une piscine et d'autres équipements urbains nécessaires à l'émergence d'un cadre de vie convivial, propice à l'accueil des visiteurs. Tout cela doit se faire dans le respect de la typologie urbanistique du Gourara. À l'échelle des liaisons inter-ksours pour permettre une meilleure offre touristique à travers les daïras de Timimoun, de Tinerkouk, de Charouine, et de l'Aougrout, il est nécessaire d'envisager l'ouverture de pistes carrossables. À l'intérieur des ksours, afin d'éviter que la dynamique touristique ne soit accompagnée par des frustrations des populations locales, il importe de souligner fortement le souci de l'Etat quant au traitement des questions de précarité de vie qui caractérisent la plupart des ksours dans cette région. Cela veut dire qu'il faille revoir à la hausse les dotations des programmes communaux de développement, dans la mesure où pour la seule commune de Timimoun, constituée de 28 ksours, les besoins exprimés en matière de réalisation de réseaux d'eau potable, d'assainissement et de télécommunications, de revêtement de la voirie, d'éclairage public et d'équipements de proximité sont conséquents, eu égard au retard enregistré en la matière. Pour ce qui concerne la ville d'Adrar, il apparaît de toute évidence que de part ses atouts et sa position géostratégique, elle est appelée à jouer un rôle majeur dans le concert des villes des régions du Sud, et tout particulièrement, à l'échelle subsahelienne. Le statut de métropole régionale à viser pour Adrar, requiert une séries d'actions qui visent, non seulement la requalification du cadre urbain, mais aussi, la réalisation d'équipements structurants (hôtellerie, animation, services supérieurs?) liés à ce statut. De même, la position de prédilection que lui confère l'originalité de son système oasien millénaire et la convivialité de son terroir, est un attribut essentiel pour un essor économique d'un tourisme écologique et le renforcement de sa fonction de carrefour d'échanges. Ces deux fonctions essentielles militent pour l'option d'un développement durable que garantit l'organisation traditionnelle de la gestion spatiale, basée sur l'économie de l'eau et l'activité agricole de proximité, au sein des ensembles ksouriens. Cette gestion parcimonieuse des ressources, respectueuse des équilibres écologiques, a forgé le caractère de cette oasis qui a pu survivre aux vicissitudes du temps et des aléas d'un milieu hyperaride. Elle est aussi, le siège d'une mutation profonde que symbolise la mise en valeur intensive qui exploite de façon inconsidérée, les réserves en eau de l'albien et qui à terme, peut conduire à l'assèchement des foggaras et par conséquent, à la déperdition du système oasien sur lequel reposent les établissements humains. C'est là, un risque majeur qu'il faudra prévenir, afin d'éviter que ne soit hypothéqué à jamais, l'essor économique de cette région du Touat. Cela ne veut pas dire qu'il faille proscrire la mise en valeur agricole, mais que celle-ci doit être limitée dans le respect de l'adéquation sol-eau. De même, cette mise en valeur à caractère spéculatif, devra laisser place, à la reconstitution et l'extension du système oasien qui retient le palmier dattier, comme élément pivot incontournable à la formation d'un microclimat propice à l'activité agricole et à l'émergence de nouveaux établissements humains, dans la perspective d'une structuration spatiale et d'une décongestion de la ville d'Adrar. Cette démarche qui procède du souci de concilier l'ingéniosité du système traditionnel, le savoir-faire des populations oasiennes et la rentabilité économique, milite en faveur de la mise en place d'un cadre de concertation et d'observation du milieu qui conjugue les intérêts des différents partenaires de l'espace, avec la volonté collective et la nécessité d'un développement durable. C'est dans cet état d'esprit que doivent s'inscrire les projets de concessions agricoles destinés aux jeunes, qui doivent être encadrés tout au long de la réalisation de leurs projets, aux plans technique et administratif. A noter aussi, qu'à partir de la mise à niveau des villes de Timimoun et d'Adrar et de la restauration des ksours, avec le concours des pouvoirs publics et sa mise en « location adjudication » avec prise d'actions par les collectivités locales et les sociétés touristiques en vue de son exploitation, sur la base de cahiers de charges, il est possible d'assurer l'ouverture d'un vaste chantier de formation et d'emplois pour les jeunes, sur plusieurs années. Oui, même si Timimoun et Adrar sont effectivement moins dotées en infrastructures que leur consœur marocaine, en l'occurrence Marrakech, destination touristique fortement médiatisée par les tour-opérateurs, il n'en demeure pas moins qu'elles ont préservé toutes leurs chances par rapport à cette dernière, dont la palmeraie s'est érigée en résidence pour stars et touristes fortunés. Cela n'est pas de la culture authentique du Touat-Gourara cette région fortement conservatrice, quoique très tolérante ! L'on peut s'arranger autrement, pour lancer une authentique dynamique touristique sans attendre ces étrangers qui dans tous les cas, ne viendront pas de sitôt ! La forme à privilégier, est celle du tourisme solidaire qui permettra à nos concitoyens de se retrouver dans la richesse de la diversité de leur territoire, en faisant ainsi, la pédagogie du « pays-continent » qui rassemble et consolide les liens d'amitié et de fraternité ! Nous avons aujourd'hui, besoin de cela parce qu'il est tout à la fois intolérable et inadmissible que la majorité de nos jeunes ne connaissent de leur pays, dans le meilleur des cas, que le chef lieu de leur Wilaya ! Comment alors, pourrions-nous nous accepter mutuellement, sans qu'on puisse apprendre à nous connaitre et à nous apprécier ! Il faut donc établir de véritables et durables ponts d'échanges du Nord vers le Sud qui nous interpelle par rapport à la question de l'emploi, en imaginant des formules mieux adaptées aux moyens financiers dérisoires, de nos jeunes chômeurs, de nos étudiants, de nos écoliers, de nos retraités et de nos associations. C'est dans la permanence de cette mobilité que des emplois peuvent être créés. Faire voyager nos concitoyens des régions du Nord à des prix abordables, selon des modes de transport adapté, équivaut à garantir la création de milliers d'emplois dans les secteurs du tourisme de masse et de l'artisanat ! Cela pourrait donner lieu à la création de micro-entreprises de réalisation de gites à l'intérieur des ksours et des palmeraies, en améliorant ainsi, le revenu des populations oasiennes, qui trouveront une raison à la préservation du patrimoine et de l'équilibre écologique. De même, à l'échelle urbaine, cette solidarité agissante en direction des régions du Sud, doit trouver son prolongement dans la domiciliation d'un bon nombre de manifestations sportives, de séminaires et de journées scientifiques et techniques des organismes étatiques dans les villes du Sud, à partir de la recherche de formules de sponsors et de frais de participation symboliques. C'est là un signe fort et un ferment indispensable pour la cohésion sociale et l'unité nationale et une réponse au cri de détresse qui nous est lancé. * Professeur |
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