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Cigarettes légères (light), un mensonge des industriels du tabac pour
tromper les fumeurs et préserver le même niveau de consommation de ce produit
considéré, sans conteste, comme nocif pour la santé. Consommer du « light » ne
signifie nullement moins de risque pour la santé, selon les pneumologues et
cancérologues. Au contraire, les fumeurs ont tendance à fumer plus lorsqu'ils
se mettent à ces cigarettes « légères » pour la simple raison, explique le
professeur Ziane, un pneumologue, qu'avec ces cigarettes, le fumeur consomme de
façon à atteindre la dose de nicotine « habituelle ». Résultat : davantage de
cigarettes grillées. Conséquences : risque d'un autre type de cancer appelé
l'adénocarcinome. C'est le type de pathologie, souligne le Pr Ziane, qui ne
répond pas favorablement au traitement contre le cancer.
En Algérie, les cas d'adénocarcinome, ou cancer glandulaire, sont en augmentation depuis l'introduction de la cigarette dite light sur le marché. « Nous avons constaté de plus en plus de cas d'adénocarcinome depuis que les cigarettes appelées légères sont commercialisées en Algérie ». Entre les light et les « normales », il n'y a pas de différence. Le mal est le même, estime le spécialiste qui considère que ce type de cigarettes légères n'est en fait qu'un moyen pour les industriels du tabac de garder le même niveau de consommation et de fidéliser encore plus la clientèle. Signe révélateur que le tabagisme fait des dégâts considérables en Algérie : sur les 30.000 nouveaux cas de cancer décelés, le 1/6 est dû au tabac. On enregistre 5.000 cas de cancer des poumons par an, dont 90% sont le résultat d'une consommation de tabac. Bien que la législation protège en théorie les personnes des risques du tabagisme passif et punit les individus qui enfreignent cette loi, son application traîne. Même la convention de l'Organisation mondiale de la santé de lutte contre le tabagisme, signée par l'Algérie, n'est pas respectée, souligne le même spécialiste. La tromperie sur les cigarettes à travers celles présentées comme étant légères n'est pas seulement dénoncée par les spécialistes de la santé, mais également par la justice. Ainsi, aux Etats-Unis, la Cour d'appel fédérale a confirmé vendredi un jugement de première instance rendu en août 2006, selon lequel les cigarettiers ont menti, en concertation et en connaissance de cause, pendant des dizaines d'années sur les effets nocifs du tabac. Selon l'AFP, la Cour d'appel fédérale américaine a estimé que l'industrie du tabac avait sciemment trompé les fumeurs en s'entendant pour labelliser des cigarettes «légères», alors qu'elles étaient aussi nocives pour la santé. En ne se prononçant que sur la forme, dans cette affaire opposant l'Etat américain à plusieurs industriels du tabac, dont le puissant Philip Morris et Reynolds, cette instance juridique américaine a considéré que le tribunal de première instance «n'a pas commis de faute juridique en estimant que les hauts responsables (de l'industrie du tabac) avaient pleine connaissance de la fausseté de leurs déclarations». «La cour a devant elle suffisamment de preuves que les responsables de l'industrie du tabac connaissaient les conséquences nocives pour la santé de la cigarette, les risques d'addiction (...), le phénomène de compensation qui ne rend pas les cigarettes légères moins nocives pour les fumeurs et parfois plus», a estimé la cour d'appel de Washington. Elle a également confirmé la décision de la juge fédérale de première instance d'obliger les industriels du tabac à retirer les mentions trompeuses comme «légères» ou «naturelles» des paquets de cigarettes. Une confirmation de jugement qui a fait réagir les industriels du tabac et notamment le groupe Altria, qui fabrique les cigarettes Marlboro. Ce dernier a rétorqué qu'il continuerait à contester cette décision. «Nous croyons toujours que les conclusions de la cour ne sont pas soutenues par la loi ou par les éléments présentés au procès», a souligné son responsable juridique cité par l'AFP. «Nous pensons que l'importance exceptionnelle de ces questions justifie une poursuite de leur examen», a-t-il dit. La cour d'appel a en revanche refusé de contraindre les plaignants à financer une campagne de prévention contre le tabac, ainsi que d'associer à sa décision l'obligation qu'ils s'acquittent d'une amende équivalent aux bénéfices enregistrés grâce à la tromperie sur les cigarettes légères. Cette affaire n'est pas encore close, le dossier devrait faire l'objet d'un recours devant la Cour suprême des Etats-Unis. L'industrie du tabac est confrontée depuis une dizaine d'années aux Etats-Unis à une série de poursuites judiciaires dénonçant ses mensonges sur les dangers du tabac. En décembre, la Cour suprême a autorisé des fumeurs à poursuivre des représentants de l'industrie du tabac directement pour tromperie, le label «light» ayant été présenté comme moins nocif pour la santé. |
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