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Javier Galvan, le directeur de l'Institut Cervantès d'Oran, a donné
mercredi dernier une conférence sur le patrimoine oranais. Cela a eu lieu dans
l'enceinte même de l'établissement espagnol qui se situe à Boulanger (ex-rue
Léonie). Cette conférence a été ponctuée par la projection de photos de
chefs-d'oeuvres architecturaux datant de l'époque turque ou espagnole, et se
trouvant essentiellement au quartier de Sid El Houari. A ce sujet, M. Galvan a
noté les nombreuses similitudes qui se trouvent entre les éléments
architecturaux d'Oran et ceux de Valence ou d'Alicante. Par la suite, de nombreuses
critiques ont fusé de part et d'autre de la salle sur ce qu'il est advenu
aujourd'hui de ce patrimoine.
«La mode, maintenant, est de dévider l'intérieur du bâtiment en conservant seulement la façade, mais c'est une grosse bêtise, car l'architecture intérieure est tout aussi importante que celle de l'extérieur ». Ensuite, beaucoup ont relevé que la restauration du patrimoine oranais, contrairement à celui d'Alger, de Tlemcen ou de Constantine, enregistre d'énormes retards. Pour beaucoup d'intervenants, le patrimoine d'Oran a longtemps été boudé par les autorités du pays, et ce depuis l'indépendance jusqu'à tout récemment. Metaïr Kouider, président de l'association Bel Horizon, explique pour sa part que: « si on n'a pas cité Oran comme étant une ville historique, cela n'est ni plus ni moins qu'une attitude idéologique, parce que selon eux, il n'y a pas eu de civilisation arabo-islamique dans cette région; ce qui est par ailleurs faux ! ». Ce n'est qu'à partir de 1998, a-t-il continué, avec l'article 2 de la loi 98.04 qui stipule clairement que: « tout monument en Algérie est considéré comme patrimoine algérien, et ce depuis la pré-histoire jusqu'à ce jour », que les choses ont commencé plus ou moins à bouger à Oran. Il a affirmé ensuite que: «Oran, étant une ville côtière, a connu tous les tumultes de la Méditerranée; nous habitons un trésor et nous ne le savons pas. De 1962 à 2002, seulement deux livres ont été consacrés à cette ville ». Pour d'autres, la question du patrimoine est avant tout un problème de spéculation et de foncier urbain. Selon certains, dans un temps où le béton bouffe le paysage à Oran, la sauvegarde du patrimoine est loin d'être une priorité pour les promoteurs. Parlant du tourisme, l'auditoire a conclu qu'il peut être une bonne aubaine pour le patrimoine, comme il peut aussi être une menace. Javier Galvan a abondé dans ce sens en relatant un exemple survenu en Espagne. « Durant les années 70, a-t-il dit, dans un des boulevards principaux de Madrid, on a démoli de très beaux palais datant du XIXème siècle pour construire des gratte-ciel; cela a été une grosse erreur car on a démoli des trésors architecturaux; j'espère que cela ne se commettra pas aussi à Oran ! ». |
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