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Une bagarre qui finit mal

par Houari Saaïdia

L'affaire, jugée hier par le tribunal criminel d'Oran, était un exemple édifiant de la futilité qui accouche d'un drame. De l'esprit frivole chez beaucoup de jeunes d'aujourd'hui, toujours prêts à en découdre et qui ne savent qu'un seul langage, celui de l'épée. De la violence urbaine, en général, phénomène funeste qui ronge Oran plus que toute autre ville de l'Algérie. Les faits, qui inspirent dégoût et consternation à la fois, ont eu pour théâtre la cité-dortoir Haï Yasmine. Le mois de Ramadan passé, le 15 septembre 2008 exactement. Pour une banale histoire de stationnement, deux fratries en arrivent à s'affronter à coups de massues, de poignards et d'épées. Bilan de la rixe mettant aux prises les deux familles: deux frères grièvement blessés, dont la vie de l'un d'eux ne tient aujourd'hui qu'à un cheveu. En effet, Z.A, 25 ans, l'aîné des deux frères victimes, n'a selon le médecin traitant qu'un petit espoir de survivre: après trois opérations échouées, il devra en subir une quatrième, décisive, dans quelques jours. Pas moins de douze témoins parmi les voisins du quartier ayant assisté à la « bataille rangée » ont défilé à la barre. Parmi les témoins, des proches de l'une ou de l'autre partie des antagonistes. A l'évidence, ces personnes qui ont un lien de parenté avec soit les accusés soit les victimes n'ont pas prêté serment, le tribunal les a auditionnés à titre de simple renseignement. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les témoins ont apporté des versions contradictoires. Ils ont été néanmoins unanimes sur ce point : les hostilités ont commencé quand les accusés, qui tenaient une échoppe de fruits et légumes, ont demandé aux victimes, des mécaniciens « ambulants », de ne plus parquer les voitures de leurs clients près de chez eux. Le représentant du ministère public a requis 20 ans de détention contre les frères accusés. Une procédure en contumace a été ouverte contre leur troisième frère, en cavale. A l'issue des délibérations, le tribunal a reconnu coupable de tentative d'homicide volontaire l'un des deux frères et l'a condamné à 6 ans de prison ferme. Son frère sera, quant à lui, déclaré innocent et acquitté. Leur autre frère en fuite a été, lui, condamné par contumace à la réclusion à perpétuité.