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Londres, Strasbourg, Prague, Ankara : Barack Obama a marqué son empreinte en Europe et lui a «intimé» l'ordre de bataille. Tout ça avec le sourire et les applaudissements des Européens qui n'ont vu que le côté «star» du président américain. «G 20» à Londres, sommet de l'OTAN à Strasbourg et rencontre avec la Russie, sommet USA-UE à Prague, sommet Turquie-USA à Ankara... Ces événements majeurs de la vie politique occidentale ont soldé, en cinq jours, les affaires du monde et annoncé la feuille de route pour les années à venir. Tout cela sans nous, sans le reste du monde. 750 milliards de dollars sur trois années (250 milliards par an) pour le FMI. Pour l'ensemble, 5.000 milliards de dollars promis pour relancer l'économie mondiale. L'Europe n'a pas résisté aux desiderata de Barack Obama : elle a promis un second plan de relance en cas de nécessité alors qu'elle s'y refusait. L'Europe s'est rangée derrière les USA sur la question afghane : elle pourvoira en troupes militaires et en matériels la Force internationale (FIAS) sous commandement de l'Otan. Barack Obama, lui, de son côté a maintenu le projet américain du bouclier antimissile en Tchéquie et en Pologne tant que l'Iran continue son projet d'enrichissement nucléaire destiné, selon l'Occident, à des fins militaires. Le président américain s'est même permis de conseiller à l'UE de hâter l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. La Turquie où il s'est rendu, juste après ce conseil à l'Europe, pour une visite de deux jours et après l'avoir convaincue de lever son veto pour la nomination du Danois Andersen Rasmussen au poste de SG de l'OTAN. Au final, Barack Obama a eu tout ce qu'il voulait et l'Europe a suivi. Il a donc mérité son statut de «vedette et star» de l'actualité de la semaine euro-américaine. Dans le déroulement de ces événements dominés par deux grands vecteurs, l'argent (G20) et la force militaire (OTAN), les USA ont prouvé leur suprématie et imposé leur plan au reste du monde. Cependant, il y a une différence de taille dans la nouvelle approche américaine des relations internationales : la diplomatie, le dialogue ont remplacé l'usage tous azimuts de la force et de la violence prônées par la précédente administration sous George Bush. Comme quoi, le ralliement aux thèses américaines dans la lutte contre le terrorisme international et la gestion des crises internationales est possible sans langage guerrier, sans haine, sans larmes et sang, sans humiliation des plus faibles. Certains qualifient l'action du nouveau président américain de multilatéralisme diplomatique ou encore de prima du politique sur le militaire. Qu'importe, Barack Obama a su, moins de trois mois après son arrivée au pouvoir, renverser toute la conception d'affrontement avec «l'autre» privilégiée par son prédécesseur George W Bush. Il a changé le regard du reste du monde sur l'Amérique. En moins de trois mois. C'est énorme. Par ailleurs, compte tenu des difficultés institutionnelles et politiques dans lesquelles se débat l'UE, Barack Obama n'aura pas trop de problème à modeler la relation ou partenariat transatlantique selon sa conception. Et l'UE qui n'en finit pas en convulsions politiques internes vient d'apprendre que le chef du gouvernement tchèque, Mirek Topolànek, qui préside le Conseil européen, quittera le pouvoir dans son pays avant la fin de sa présidence de l'UE, le 30 juin prochain. La gestion de la présidence de l'Union sera confiée à des administrateurs qui traiteront des affaires courantes. Des conditions idéales pour ouvrir la course à la surenchère politicienne entre les «leaders» et les nouveaux arrivés au sein de la famille européenne. Le Français Nicolas Sarkozy adore ce genre de situations qui lui permettent de multiplier les déplacements, les réunions internationales, les shows médiatiques... quitte à porter des coups au peu de consensus et de solidarité qui restent encore entre les Etats membres de l'Union. En fin de compte, Barack Obama est venu en Europe, a dit et obtenu ce qu'il voulait, puis est reparti. L'UE a tenté de sauver les apparences par des déclarations générales et le faste des réceptions. Quant au reste du monde, en particulier le monde arabe, avez-vous remarqué qu'il n'y a pas eu un seul mot, une seule phrase pour l'Union pour la Méditerranée (UPM) ; la question palestinienne au moment même où le nouveau gouvernement israélien enterrait l'idée d'un Etat palestinien et le plan de paix arabe ? Mais pourquoi diable porter toute la responsabilité à cet Occident dans la tragédie palestinienne lorsque les chefs arabes se sont séparés, eux-mêmes, deux jours auparavant dans le désert de Doha en «s'insultant» ? |
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