Pour un moment, nous avons cru que les pays arabes avaient retrouvé leur dignité. Pour un moment seulement...
Durant deux jours, hier et avant hier, les âmes» des martyrs de Ghaza ont plané sur le temple de la démocratie européenne : le Parlement européen (PE) de Bruxelles. La cinquième session ordinaire de l'Assemblée parlementaire euroméditerranéenne a été transformée en un tribunal criminel jugeant les crimes d'Israël en Palestine. Symboliquement, certes, mais ô combien libérateur des consciences arabes. Et pour une fois, saluons l'attitude des députés algériens qui ont ouvert, les premiers, l'offensive contre les députés de la Knesset (parlement israélien). En cause, les termes de la proposition de la Commission politique qui qualifiait «l'agression israélienne de barbare et de criminelle». Cela a suffi au porte-parole de la délégation israélienne, le député Web, d'accuser les rédacteurs de la résolution «d'hypocrites». Et c'est à ce moment que les députés algériens lui ont crié à la face une série de qualificatifs lui rappelant la barbarie d'Israël, son caractère raciste, criminel, ennemi de la paix.... L'israélien a quitté la salle. Les délégués des pays arabes se sont rangés derrière la colère algérienne... pour un moment. Oui un moment seulement. Sinon comment expliquer la «médiation» des députés jordaniens et égyptiens ? ... Nous sommes entièrement d'accord avec vous, mais il faut comprendre que nous devons faire très attention aux termes de la résolution....il faut condamner Israël, mais nous devons trouver les termes qui font consensus» c'est ainsi qu'ils se sont adressés aux Algériens, selon le député indépendant de Ouargla, M. Djafri Imad. Puis l'autre moment de discorde et qui concerne l'admission de nouveaux Etats. Il s'agit de la Mauritanie, de la Croatie, de l'Albanie, de la Bosnie, de Monténégro et de... Monaco. Et je ne sais par quel miracle de la géographie, et excepté la Mauritanie, les quatre autres pays ont été proposés comme pays faisant partie de la rive sud méditerranée ! Encore une fois, les Algériens ont dénoncé le «stratagème» européen: «croyez-vous que les quatre pays en question voteront à l'avenir en faveur de la position des pays sud méditerranéens?» et de rappeler l'évidence géographique : « ce sont des pays européens». La solution ? Attribuer aux quatre futurs membres 10 sièges et à la Mauritanie 10 sièges. Ainsi, l'équilibre des voix entre le nord et le sud sera préservé et passera de 130 députés pour chaque rive à 140. Le «cheval de troie» européen démasqué, les travaux ont pu continuer. De son côté, la délégation israélienne a regagné la salle des débats avec la garantie que les termes du projet de résolution de la Commission politique seront modifiés (atténués?). A l'heure où nous mettons sous presse, les résolutions des Commissions politique et économique n'ont pas encore été adoptées. La seule certitude concerne la Commission économique qui a remis, faute d'accord, à la prochaine rencontre le vote du budget. Par ailleurs, comme prévu, c'est la Jordanie qui prend la coprésidence de l'APEM avec le président du Parlement européen pour l'année 2009. Suivront l'Italie en 2010 et le Maroc en 2011. Précisons que le président du PE est président de l'APEM en permanence, et qu'il lui est associé, en alternance, une fois un pays du sud, une autre un pays du nord. Au final, la décision des pays arabes de suspendre, au lendemain de l'agression israélienne contre Ghaza, toutes leurs activités dans le cadre du Partenariat euroméditerranéen (UPM) jusqu'au Sommet arabe de Doha, prévu à la fin de ce mois de mars, n'a pas tenu. L'agression barbare et assassine contre la population ghazaouie a plus divisé le camp arabe qu'elle ne l'a unifié. Tout indique que la résolution politique évitera de «blesser» Israël. Ses députés ont arrivés à faire admettre à l'APEM qu'il ne faut pas préjuger du nouveau gouvernement israélien qui regroupe la droite dure et l'extrême droite ! Ainsi, vont les calculs politiques des uns et des autres. Dans de telles circonstances, la rumeur qui prête l'attention au Qatar d'une OPA -achat- sur la banque européenne d'investissement (BEI), n'est peut-être pas si extravagante que ça. En affaires tout est possible.