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Selon Khelil : Le pétrole à 60 dollars d'ici la fin de l'année

par Mahrez Ilies

Le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, a affirmé depuis Vienne où il participe à un symposium sur l'énergie, que les prix du brut pourraient remonter dans le fourchette des 60 dollars d'ici à la fin de l'année.

L'affirmation du ministre, qui intervient au lendemain de la réunion ministérielle de l'OPEP, est conditionnée par une bonne réaction des marchés et des investisseurs, notamment ceux des pays membres du G20. Selon Khelil, les prix du pétrole remonteront à 60 dollars (vers la fin de l'année) si les marchés d'actions continuent à s'améliorer et si le G20 adopte des mesures efficaces pour relancer le crédit.

Dimanche à Vienne, l'OPEP avait décidé de maintenir inchangé son plafond de production à 24,84 millions de barils par jour (MBJ), alors que les marchés s'attendaient à une coupe dans la production de l'organisation. Résultat: les prix ont fondu lundi à l'ouverture des marchés, mais sont restés dans une fourchette de 40 dollars. «Nous nous fondons sur l'hypothèse que le G20 va déboucher sur un bon programme de stimulus économiques», a estimé le ministre de l'Energie, car ces responsables économiques n'ont pas d'autres choix, sinon ils auront, selon Khelil, beaucoup de problèmes politiques et sociaux.

Le problème actuel de la baisse des cours pétroliers, sur le sillage de la crise économique, est que le système financier mondial doit être mieux régulé.

Pour M. Khelil, une petite solution miracle existe. Il faut juste, estime-t-il, que les marchés d'actions reprennent, que le système financier mondial soit mieux régulé et que la demande de pétrole reparte à la hausse au 3ème trimestre 2009.

Une affirmation qui pèche un peu par sa naïveté, même si le ministre algérien est réputé rompu aux rouages de l'économie mondiale et les marchés pétroliers.

En fait, le message est particulièrement adressé aux pays consommateurs qui détiennent la clé de la sortie de crise: autant pour l'économie mondiale que pour un réajustement à la hausse des cours du brut. Après la dégringolade de septembre dernier, où les prix pétroliers avaient chuté de 140 dollars/baril à moins de 100 dollars en l'espace de quelques mois, puis à moins 50 dollars/baril fin décembre 2009, l'OPEP a préféré concentrer ses efforts sur un nouveau prix de référence du brut, celui de 75 dollars le baril. Un niveau qui ne sera pas atteint dans la conjoncture économique actuelle avant longtemps. D'autant que le niveau de 60 dollars/baril apparaît aujourd'hui comme un objectif à atteindre. Une situation qui ne manquera pas d'attirer l'attention des marchés qui vont se focaliser sur ce niveau de prix. Et, à 40 dollars le baril en moyenne, l'Algérie peut encore supporter le choc de la baisse de ses recettes pétrolières, a souligné, par ailleurs, le ministre de l'Energie.

Les pays OPEP peu endettés, comme l'Algérie, peuvent passer au moins deux hivers au chaud et peuvent résister longtemps à la chute des cours, selon Khelil, qui a précisé que «l'Algérie a bien fait de payer ses dettes», et que l'économie algérienne peut résister deux ou trois ans avec un brut à 40-50 dollars. Une affirmation qui tranche avec celle du Premier ministre, M. Ouyahia, qui tablait sur une moyenne de 60 dollars pour passer sans encombre la crise économique mondiale. Dans l'immédiat, les prix du pétrole ne devraient pas trop s'affoler, autant du fait de la baisse de la demande sur le sillage de la vague de désinvestissements dans les pays industrialisés, minés par la crise financière et les dégraissages en chaîne dans les grands groupes industriels, que de l'approche du printemps où la demande n'est pas forte.

Le brut était en recul sur le marché new-yorkais, à 47,28 dollars le baril. C'est en fait une première conséquence de la révision à la baisse des objectifs de l'OPEP ramenés à 60 dollars au lieu des 75 dollars réclamés avant la réunion de Vienne.

Des prix qui vont inciter les autres producteurs non-OPEP à abandonner des projets d'extraction fort coûteux et orienter leurs investissements vers des sources d'énergie non conventionnelles, selon des experts pétroliers qui tablent sur un développement du nucléaire et de l'éolien pour suppléer à la dépendance des énergies fossiles.