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Réunion aujourd'hui à Vienne : Que décidera l'OPEP ?

par H. Barti

A la veille de l'ouverture de la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), prévue aujourd'hui à Vienne, les cours du pétrole affichaient un léger repli à New York, où le baril de Light Sweet Crude pour livraison en avril a fini à 46,25 dollars. Un repli qui intervient à la suite d'un bond de 10% dans un marché qui attend la réunion des ministres de l'OPEP.

Alors que l'issue des dernières réunions était pratiquement connue d'avance, pour cette fois-ci, l'incertitude prévaut. La question du respect des engagements pris fin 2008, à l'issue de la réunion d'Oran, devrait être au coeur des débats d'aujourd'hui.

Trois options se présentent au cartel. La première, et c'est la plus probable selon les observateurs, c'est de maintenir le niveau actuel de la production, avec toutefois l'obligation pour tous les pays membres de respecter la baisse de leurs quotas selon les règles convenues. Si le cartel n'arrive pas à faire respecter cette discipline à l'ensemble de ses membres, on pourrait dès lors opter pour une nouvelle réduction de la production, ce qui induirait à une répartition inégale des sacrifices entre les pays membres.

«Un respect plus rigoureux de l'accord d'Oran aurait un meilleur effet sur le marché qu'une nouvelle réduction de la production, aux résultats aléatoires», a indiqué avant hier M. Aït Laoussine, ancien ministre de l'Energie, installé à Genève, dans un entretien à l'APS. Un avis partagé par le ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi, qui a estimé à son arrivée hier à Vienne que le marché n'est «pas encore» équilibré, affirmant par ailleurs qu'il souhaitait un respect des quotas de production «aussi élevé que possible».

A noter que le plafond actuel de production de l'OPEP, pour 11 des 12 pays membres car l'Irak n'est pas soumis à des quotas, est fixé à 24,84 millions de barils par jour (mbj).

Depuis septembre dernier, l'OPEP a décidé de retirer du marché 4,2 mbj afin d'enrayer l'effondrement des cours du brut, qui s'étaient écroulés jusqu'à 32,40 dollars à l'automne. Cela devait aussi désengorger un marché inondé par un excès de production. Mais dans les faits, ses membres n'ont respecté qu'à 80% les baisses de production décidées.

Selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE), l'Equateur et l'Angola en particulier ne respectent pas leurs quotas de production. L'Arabie Saoudite, premier producteur du cartel, qui a jusqu'à septembre également largement dépassé ses quotas, a depuis fourni le plus gros de l'effort de réduction en retirant du marché 1,6 mbj sur le total de 4,2 mbj promis. Ainsi les Saoudiens, qui pompaient autour de 9,6 mbj au mois de septembre, n'en extrayaient plus que 7,95 mbj en février (selon l'AIE), soit un peu moins que leur plafond de 8,05 mbj.

Face à cet effort, l'Arabie Saoudite pourrait donc mettre son veto à un changement de production lors de la réunion de Vienne. Riyad, qui table sur un baril à 75 dollars comme prix raisonnable, a déjà fait savoir qu'il souhaitait un meilleur respect des quotas avant d'aller plus loin. Actuellement, le baril tourne autour de 44 dollars sur le marché.