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1.845 affaires liées à la corruption jugées en moins de trois ans

par A. Zerzouri

«L'Algérie n'a aucune inhibition à l'endroit des jugements extérieurs, pour peu que ceux-ci revêtent le sceau de l'objectivité », a soutenu hier le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, lors de son intervention à l'université Mentouri, où s'est tenue une conférence sur le thème «La présentation du rapport de l'Algérie sur la gouvernance, le développement économique et social: 10 ans de maturation».

Bien plus, le conférencier soulignera que l'Algérie, avec d'autres pays africains, a adopté, dans le cadre du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP), une politique de l'autocritique qui accepte la critique fondée de l'autre, laquelle politique « a permis à notre pays de mesurer les avancées réalisées en matière de gouvernance, et aussi les faiblesse à pallier pour relever le défi de la modernisation de l'Etat et de la société », conviendra-t-il.

Ces remarques ne sont pas sans lien avec le dernier rapport du département US qui a été très critique vis-à-vis de la situation des droits de l'homme en Algérie. A. Messahel précisera encore à ce propos que la consolidation de l'Etat de droit en Algérie est une réalité imperturbable, rappelant dans ce sillage les progrès accomplis en matière de réforme de la justice, ainsi que l'amélioration des droits politiques de la femme et la levée des réserves de l'Algérie à la convention des Nations Unies contre toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

La lutte contre la corruption est un autre aspect d'autocritique visant la consolidation de l'Etat de droit qui a été détaillé par l'orateur. En tant que reflet de la volonté politique de mener efficacement ce combat relatif à la prévention et à la lutte contre la corruption, le ministre délégué livrera les statistiques de ce dossier en toute transparence : durant ces trois dernières années (2006, 2007, et le 1er semestre de l'année 2008), pas moins de 1.845 affaires liées à la corruption ont été jugées par les juridictions du pays, dont les verdicts ont prononcé la condamnation de 3.845 personnes. M. Messahel reconnaîtra que ces résultats ne sont pas à la hauteur du défi que représente l'éradication du fléau de la corruption, nécessitant à cet effet une mobilisation de la société dans son ensemble, et de la coopération de nos partenaires des pays développés qui disposent, eux, de moyens de lutte efficients et qui n'ignorent pas que le corrompu comme le corrupteur sont la face d'une même pièce. Avec cette dernière observation, le conférencier épinglera ces pays développés très prompts à réagir avec des rapports sur les droits de l'homme, d'une critique très vive à l'égard de pays sous-développés ou en voie de développement, qui ne manquent pas de se voiler la face assez souvent lorsque de hauts fonctionnaires de ces Etats riches donnent des pots-de-vin pour graisser la patte de responsables de ces pays du Sud pour décrocher de gros marchés.

En tout cas, le développement économique en Afrique est certain, avec un taux de croissance atteignant les 5%, laissant dire au conférencier que l'Afrique n'est pas seulement terre de désolation. L'Algérie, quant à elle, ses réalisations en matière de développement socio-économique sont citées en exemple par le Forum du MAEP. Dans ce sens, il sera rappelé que le montant global des différents programmes lancés par notre pays depuis 2001 s'élève à 240 milliards de dollars, avec en sus un montant de 150 milliards de dollars qui est mobilisé pour le prochain plan quinquennal, « plan qui sera lancé dès cette année », précise le conférencier.

D'autres indices, désignés par M. Messahel comme révélateurs des progrès accomplis par notre pays sur le plan du développement socio-économique, malgré les déficits créés par la décennie de la tragédie nationale, « nous hissent au niveau de certains pays développés », à l'exemple de l'augmentation de l'espérance de vie, passée de 72 ans en 1999 à 75,7 ans en 2007, ainsi que le taux de 98% de couverture en matière d'alimentation en électricité, ou encore l'amélioration enregistrée dans le domaine sensible de l'emploi, où la population occupée est passée de 6 millions en 1999 à 9,3 millions en 2007.