Le prix du kilogramme de viande rouge
(agneau) maintient toujours le cap des 700 DA dans la wilaya de Naama, et ce,
depuis la fin du mois de décembre 2008, date à laquelle il est passé de 500 DA
à 700 DA, voire 750 DA. Bien sûr, les fortes précipitations qui se sont
abattues sur la région (+ 140 mm) y sont pour quelque chose dans cette cherté,
nous dit-on, pour avoir garanti une nourriture naturelle abondante au cheptel.
Donc, nul besoin de brader les troupeaux
pour se procurer l'aliment du bétail. Mais pourquoi les éleveurs disent que
c'est la cherté de l'aliment du bétail qui augmente le prix de la viande rouge.
«Que non !», réfute M. Messaoudi Laïd, connaisseur en matière d'élevage ovin,
avant d'expliquer «quand la steppe n'offre plus d'aliment naturel suffisant,
l'éleveur se trouve alors dans une situation d'obligation de vendre et donc
d'amenuiser son cheptel, ce qui, a priori, gonfle l'offre, entraînant une
baisse du prix de la viande. C'est une règle naturelle, souligne notre
interlocuteur, mais qui a des retombées graves sur le petit éleveur car, acculé
aux besoins, il se replie vers l'exode par suite d'une paupérisation acquise
malgré lui. Et les cas sont nombreux à citer». Mais lorsque les parcours
steppiques sont florissants et prolifiques en plantes fourragères comme c'est
le cas cette année, l'éleveur n'exprime aucun besoin pour entretenir son
cheptel, ce qui, a priori, donne une thésaurisation d'un flux réel par rapport
à l'offre et la demande. Conséquence: le prix de la viande rouge augmente. «On
prévoit cependant, renchérit notre interlocuteur, une légère baisse vers les
mois de mai et juin jusqu'à la veille de l'Aïd El-Adha». M. Messaoudi évoque
par conséquent la nécessité pour les décideurs du secteur agropastoral d'opter
pour la mise en place d'une politique de développement durable de la steppe,
d'autant plus que la conjoncture s'y prête, de créer les conditions de vie
favorables aux pasteurs des hauts plateaux avec notamment la mise en défens des
parcours steppiques, la mobilisation des ressources en eau potable non au
profit d'une agriculture qui n'existe que sur le papier mais essentiellement
pour la steppe, la mise à la disposition des éleveurs de l'électricité et
désenclaver autant que possible les zones aptes pour accueillir la transhumance
du cheptel ainsi que le soutien du prix de l'aliment du bétail, ce qui
permettra, à coup sûr, de soulager les pâturages des wilayas du Sud et le
retour d'une nature jadis fructueuse pour le pays.