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La
réunion, hier, des ministres des Finances des pays du G20 à Horsham, qui doit
préparer le sommet du 2 avril à Londres, s'achemine, sans grande surprise, vers
une déclaration consensuelle. Ce que les médias occidentaux présentaient comme
le champ d'une confrontation entre partisans d'un élargissement des plans de
relance et ceux de la régulation du système financier mondial, s'est rapidement
transformé en une réunion des partisans d'une seule thèse : celle du maintien
en l'état de l'ordre néolibéral.
Les conséquences dévastatrices de la crise seront évoquées sans qu'il soit question d'apporter des réponses novatrices à la lancinante question de la redistribution des richesses et à la réduction des inégalités. Il est vrai qu'attendre des fondés de pouvoir des grands intérêts qu'ils remettent en question l'injustice du système qui les a portés à sa tête relève de la pure candeur. Le G20 n'est que le nouvel habillage que s'est choisi le vrai directoire politico-économique de la planète qu'est le G7. Certes, les sept pays les plus avancés économiquement (et les plus armés), en élargissant le cénacle de ceux qui ont le droit d'exprimer un point de vue sur les affaires du monde, ont consenti un réel effort d'ouverture. Un effort contraint par les événements, mais un progrès malgré tout en termes de représentation de la population de la planète. Mais, faute de participation effective à l'élaboration des décisions, il s'agit au mieux d'un progrès très symbolique pour des pays dont les populations vont assumer les aspects les plus aigus de la crise. Les prémices d'une catastrophe annoncée sont perceptibles. Les capitaux privés investis dans les pays émergents sont tombés de 928 milliards de dollars en 2007 à 466 milliards en 2008 et, selon l'Institute of International Finance, ils ne devraient représenter que 165 milliards pour 2009. En dépit des discours et des proclamations émues, les faits sont têtus : les flux financiers Nord-Sud sont négatifs et à l'avantage des pays riches. Le BRIC, groupe réunissant le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, a mis en garde contre les replis protectionnistes des pays développés. Car, de surcroît, les pays émergents voient leurs exportations se réduire violemment. Les exportateurs de matières premières constatent la raréfaction des acheteurs, alors que les fournisseurs de biens de consommation comme la Chine ou le Brésil enregistrent un tassement de 25% et de 28% respectivement de leurs exportations. Ainsi qu'il est apparu lors de la réunion du FMI à Dar es-Salaam la semaine dernière, ce sont bien les plus pauvres qui paieront le plus cher une crise dont ils ne sont pas à l'origine. La relance de l'économie mondiale est envisagée par les pays riches sous le seul angle de leur consommation intérieure, alors même que la globalité de la crise impose une vision bien plus large et des actions cohérentes pour faire en sorte que la relance de la demande intéresse le monde entier et au premier chef les économies les moins avancées. C'est aussi l'intérêt stratégique des pays avancés. A Horsham, les grands argentiers de la planète vont décider de renforcer les moyens du FMI, clouer à un pilori sélectif quelques paradis fiscaux et s'accorder sur un minimum médiatique de régulation, notamment concernant la supervision des agences de notation. L'échec est donc inévitable et vérifiera, s'il en est encore besoin, l'aveuglant égoïsme des riches. |
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