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La duplicité du discours politique continue de ronger un pays déjà mis à mal par l'absence de conformité de ses réformes avec les exigences du terrain. Omniprésente notamment depuis l'intronisation de Bouteflika à la tête de la présidence de la république, la duplicité du discours politique est devenue en ces temps préélectoralistes, un moyen de séduction dont le président candidat use et abuse jusqu'à tomber dans ses propres contradictions. A ses débuts de chef d'Etat, il avait fustigé le peuple pour être «ce fainéant qui ne travaille pas mais à qui on raconte qu'il est le plus beau, le plus intelligent et est né dans un pays riche.» Alors candidat à l'élection présidentielle de 1999, Bouteflika avait fait du « retroussez-vous les manches et travaillez » un des slogans de sa campagne électorale. Il avait aussi répété à chaque fois que l'occasion lui était donnée que le pétrole va disparaître dans une cinquantaine d'années, «dans bien moins de 25 ans». Aujourd'hui, les choses sont dites bien autrement. « Vous le méritez bien, vous, enfants de l'Algérie, oua ma adraka mel Djazaïr», avait-il lancé à la foule lors de sa récente visite officielle à Sidi Bel Abbés. Le président candidat a décidé de puiser dans les caisses du Trésor public pour augmenter les salaires de base, les pensions, les bourses d'études, les ressources financières pour la mise en oeuvre de programmes d'investissements et autres emprunts obligataires et effacement de dettes. Il est difficile de comprendre pourquoi a-t-il décidé d'être «ce faiseur de bien» au moment où il est en quête d'une réélection et il ne l'a pas été pendant l'exercice de ses mandats. C'est qu'en tant que président pendant dix ans, Bouteflika aurait pu tout faire et même bien mieux faire. Il aurait pu ordonner le règlement de problèmes qui n'auraient peut-être pas nécessité autant de dépenses, et surtout dans un même moment, pour le Trésor public. D'autant qu'ainsi, il aurait été réélu «convenablement », c'est à dire sur la base de ce qu'il aurait accompli comme bienfaits à la nation. Non seulement, il ne l'a pas fait mais durant son deuxième mandat, il a plutôt crié contre tout le monde, le gouvernement, les responsables des collectivités locales, les investisseurs nationaux et étrangers, les binationaux, les émeutiers, les harraga. Il a laissé ses ministres faire appel à chaque grève de leurs personnels, à la justice pour la déclarer illégale et sanctionner les contestataires par des ponctions dans leurs salaires. Grève des personnels médicaux, de l'enseignement supérieur, de l'éducation, des vétérinaires, des lycéens, le pays bouillonne depuis toujours mais le gouvernement fait semblant de ne rien voir. En dehors des revendications des lycéens qui relèvent du pédagogique, celle principale à l'origine de tous les conflits est incontestablement liée à la faiblesse des revenus et à la dégradation du pouvoir d'achat. Mais dans tous les cas, les grévistes ont été rabroués et même frappés avec des ceinturons par les forces de sécurité. Belkhadem alors chef du gouvernement n'avait même pas daigné les recevoir. Ouyahia avait fait, avant et après lui, la même sourde oreille. L'on se demande si le gouvernement a mesuré les conséquences d'un tel mépris vis-à-vis d'employés qui ne revendiquent que leur droit de vivre plus ou moins dignement et si aujourd'hui il ne s'offusque pas devant son candidat -Bouteflika- qui vient de faire une volte-face sidérante pour prendre en charge, en un tour de main, l'ensemble des revendications exprimées tout au long de ses dernières années. Bien qu'elles soient les bienvenues pour les ménages affaiblis par l'érosion de leur pouvoir d'achat, ces augmentations ainsi décidées, posent un sérieux problème de crédibilité de la gouvernance en général, de la décision politique en particulier et au-delà, de l'efficience des réformes engagées dans nombre de secteurs dont les responsables ont jusque là, superbement ignoré la ressource humaine. Le bleu, la couleur du choix de «l'État» Il est vrai que le président, unique décideur devant les Exécutifs de tout ordre, s'est toujours mis au dessus de la mêlée des hauts responsables de l'Etat pour les accabler de toutes les tares de la gouvernance à chaque fois qu'il en avait l'envie. Mais peut-être qu'il tient à les choisir lui-même pour en faire ce qu'il veut. Il en a déjà accusé plusieurs d'entre eux publiquement en les tançant vertement sans qu'aucun d'entre eux ne trouve une quelconque gêne à rester au même poste de responsabilité qu'il lui a confié. Il ressurgit aujourd'hui en messie pour en faire davantage comme pour les déjuger. Le fort de Bouteflika semble être justement de faire une chose et son contraire dans l'esprit de contredire tout le monde pour demeurer très distinctement en dehors du «lot». Ainsi, voudrait-il garder une mainmise sur toutes les sphères décisionnelles tout en tenant à en être dissocié. Extravagant, cet équilibre auquel il s'essaie tout le temps. Il devrait dans ce sens, en ces jours de mawssim du Mawlid, demander aux douaniers comment réussissent-ils « la prouesse » de s'équiper de moyens de contrôles colossaux qu'ils qualifient de modernes et d'efficaces et de ne pas voir sortir de leurs frontières de service, des quantités toutes aussi colossales de produits pyrotechniques prohibés. Vendredi, Kouba a vécu des affrontements entre les vendeurs de ces produits et les forces de l'ordre. Il est évident qu'il ne s'agit pas de quantités que pourraient saisir des policiers au détour d'une ronde dans un quartier, mais bien d'un commerce florissant qui se chiffre à coups de milliards et qui se pratique chaque année au vu et au su des autorités chargées de l'éradiquer. D'ailleurs, c'est à ce type d'occasion que l'on pourrait juger de l'efficacité ou pas des services de contrôle. A l'avenue du 1e novembre d'Alger, la réfection des trottoirs est d'actualité. Réfection non pas avec du carrelage comme ils l'étaient mais avec un matériau ressemblant à de l'asphalte, à coup de gros frais, à n'en pas douter. Ceci, en prévision de la visite du président candidat dans la capitale, non pas pour le début du mois de mars comme annoncée dans ces colonnes, mais « le 6 avril prochain » dit-on. A la corruption politique que Belkhadem n'a eu de cesse de dénoncer, s'ajoute la courtisanerie qui sévit à grande échelle au niveau des comités de campagne du président candidat et dans les espaces publics et privés soient-ils. Toutes les instances se sont mises au bleu, couleur de campagne de Bouteflika. Dans les studios de la télévision nationale, dans les salles des meetings lors de ses visites officielles, sur les grandes façades des villes qui l'accueillent, le bleu est dominant comme pour lever la toute dernière équivoque qui resterait à propos du choix que «l'Etat» aura à faire le 9 avril prochain. |
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