L'état veut dorénavant doper la production agricole et la remettre sur les rails de l'export. Car jusqu'à présent, et après trois ou quatre plans de réformes depuis l'indépendance, les exportations agricoles algériennes restent marginales, faibles et peu compétitives sur les marchés extérieurs. En fait, l'agriculture algérienne n'est pas sortie de la logique d'un système de production directement orienté vers les exportations, dans la mesure où il n'y a pas assez de surplus pour envisager d'exporter des produits agricoles vers des marchés demandeurs, notamment dans l'Europe de l'Ouest ou de l'Est pour certaines spéculations. Hormis des spéculations produites en frais dans le sud du pays et faisant l'objet de marchés fermes avec des clients ibériques et français, l'Algérie n'exporte pour ainsi dire que ses dattes qui, du reste, sont mises à rude concurrence par les tunisiennes et les marocaines. Les exportations agricoles algériennes sont ainsi dérisoires, sinon insignifiantes, comparativement aux potentialités réelles de l'agriculture algérienne. Des niveaux de production tellement faibles et avec une qualité moyenne qui ont amené les négociateurs algériens, lors des discussions pour la conclusion au milieu des années 90 d'un accord d'association de seconde génération avec l'UE, à laisser de côté le volet agricole. Une clause de sauvegarde a été ainsi conclue pour protéger l'agriculture algérienne, trop faible pour supporter la concurrence des produits européens, plus compétitifs. Selon les derniers chiffres du commerce extérieur, les exportations hors hydrocarbures, dont celles des produits agricoles, ont totalisé fin 2008 une valeur globale de 1,89 milliard de dollars, soit seulement 2,4 PC du volume global des exportations algériennes qui avaient culminé à 78,23 milliards de dollars. Même en hausse de 42,12 PC en 2008 par rapport à 2007, les exportations algériennes hors hydrocarbures, dont celles des produits agricoles, restent faibles. Pour encourager les exportations algériennes, notamment agricoles, un ensemble de mesures incitatives ont été prises pour doper la production agricole et améliorer son exportation vers les marchés émergents. La Compagnie algérienne d'assurance et de garantie des exportations (Cagex) compte lancer, au courant de 2009, l'assurance crédit documentaire et l'assurance crédit investissement au profit des banques opérant dans le financement des exportations ou des investissements. Selon le Président directeur général de la CAGEX, M. Djillali Tariket, la compagnie est aujourd'hui prête à accompagner les exportateurs algériens, et à assurer à des taux encourageants leurs produits à l'export. Mais, pour l'heure, la compagnie ne compte que 60 exportateurs couverts par des contrats d'assurance crédits contre les risques de non-paiement par des acheteurs étrangers, sur un portefeuille de 300 à 400 exportateurs algériens réguliers. Les exportations de produits agricoles peuvent dans ce contexte donner du volume aux activités de la CAGEX, d'autant que l'état vient officiellement de confirmer son soutien à la production agricole. Presque toutes les filières de production seront soutenues par l'Etat, avait affirmé la semaine dernière à Biskra le Président Bouteflika. Lors de la conférence sur les Etats généraux de l'agriculture algérienne, et dans le sillage de l'annonce de l'effacement de la dette des agriculteurs algériens, il a également annoncé des mesures fiscales et financières importantes pour le soutien et l'encouragement des filières agricoles stratégiques. Il s'agit notamment de la production céréalière, laitière, des viandes, des produits frais et d'élevage. Ce soutien, qui porte sur une moyenne de financement de 30 PC assurés par l'Etat, est étendu à la modernisation du machinisme agricole, avec l'achat en leasing de matériel agricole moderne. Le tout a été concocté pour sortir la production agricole nationale du Ghetto de la consommation interne, lui donner des contours beaucoup plus conformes aux réalités spécifiques de l'économie de marché, c'est-à-dire l'abondance et à moindre coût des produits agricoles, avec un surplus destiné à l'export. Sinon une spécialisation des producteurs pour l'export de certaines filières et variétés agricoles. C'est du moins les grands objectifs assignés à un secteur boulimique en financements de l'état, depuis les fameux domaines autogérés et l'aventure de l'agriculture socialiste, mais qui n'a pas pour le moment assuré complètement sa maturité commerciale sur les marchés étrangers.