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C'est la dernière trouvaille : une charte pour Berriane. On
n'en connaît ni le détail, ni les termes, ni les buts. Seulement l'auteur: Ould
Kablia ; et une date: mars prochain. Après des années de violences qui ont
coupé l'endroit en deux, entre mozabites et « arabes », on a compris que la
solution est «politique» et pas seulement dans le dispositif de sécurité ou
dans les explications angéliques du ministre Zerhouni, partisan apparemment des
interprétations végétariennes d'un réel carnivore. Passons. L'essentiel est là:
une charte. Elle suppose un consensus. Un statu quo entre groupes sociaux. Un
équilibre des tensions. Une entente entre deux violences sur le terrain d'un
intérêt commun.
Berriane a été longtemps un cauchemar, on se met à rêver, au-dessus, d'une perspective d'avenir. I have a dream. Genre une charte nationale, vraiment nationale. Entre opposants, nationalistes, ethnies, régions, anciens, frais, riches, appauvris, femmes, hommes, animaux et individualistes. Pourquoi cela a fonctionné à Berriane et pas dans le reste du pays ? Pourquoi Berriane a imposé l'idée d'une charte là où le reste de l'Algérie a subi l'idée d'une nouvelle constitution ? Pourquoi à Berriane on a fini par concéder la démocratie participative, même sous les formes archaïques de l'assemblée du palmier ou de l'olivier, là où dans le reste du pays on nous désigne maires, élus et tabliers scolaires ? Un sociologue attentiste peut déjà trouver son bonheur discret: là où l'Algérie impose un Etat centraliste, une gestion par le haut, le pays répond par des irruptions d'indépendance locale, imposant la participation et non seulement la soumission. Ce n'est pas rien si on est passé de la plate-forme d'El-Kseur à la charte de Berriane. En attendant la démocratie dans le Sud et la révolution des oeillets dans le reste de nos terres. Dans le tas, seule la facture semble être lourde pour nous: pour atteindre le minimum de cette démocratie de l'olivier, il faut à chaque fois des émeutes, des morts, des crises, des impasses, des manipulations et une affreuse parenthèse de temps perdu, avant que l'Etat ne réagisse en concédant un peu de liberté de choix et d'actions aux rescapés de leurs drames. Cela s'est passé ainsi en Kabylie, cela se passe ainsi à Ghardaïa. Il faut à chaque fois casser, souffrir et menacer d'un suicide collectif pour se voir accorder un peu d'air, une charte et de l'attention maternelle. La charte de Berriane peut n'être qu'une fiction ou une promesse de dons de bus gratuits et de 2.000 DA par blessure à la tête, mais du point de vue du sens, elle montre une possibilité machiavélique: le réel peut imposer les petites démocraties portatives, le consensus et le contrat social du « vivre ensemble », mieux que les urnes, les attentes dans les arrêts de bus, les prières contre la sécheresse ou les commentaires d'El Jazeera. |
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