|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Entre l'argent que distribue le président de la République et l'optimisme
que sème le Premier ministre à propos de l'absence des effets de la crise
financière mondiale sur l'économie nationale, il y a risque de mauvais comptage
pouvant entraîner récession à court terme.
Dans un passé très récent, le président de la République vociférait contre tous ceux qui revendiquaient des augmentations de salaires pour des travailleurs pourtant mal lotis. Il avait, pour rappel, conditionné toute augmentation de salaire par une hypothétique réalisation d'indicateurs économiques - production, productivité, croissance -. Cette approche de Bouteflika a été très souvent relayée par Ahmed Ouyahia qui, au passage, ne reconnaît pas que la réalisation d'un triptyque aussi précis exigerait, elle, en premier, une gestion sérieuse des affaires de l'Etat. A défaut d'appliquer des politiques claires de relance de l'économie basées sur des relations de travail saines, les dirigeants se contentent, aujourd'hui, de démarches électoralistes sonnantes et trébuchantes sans pour autant s'encombrer de la réalisation du fameux triptyque. Pour preuve, depuis que le président candidat a commencé sa campagne électorale, des milliers de milliards ont été distribués sans contrepartie aucune. L'effacement des dettes des agriculteurs en est tout à fait édifiant. Le Premier ministre rebondit sur la chose et assure que l'Algérie n'aura pas de problèmes d'argent sur les trois ou quatre années à venir. Ceci, même si la crise financière mondiale n'a pas encore dit toutes ses vérités en raison, entre autres, du secret bancaire qu'on ne prévoit pas de lever. Si la crise est mondiale, l'effet boule de neige l'est en évidence. L'on se demande aussi que représenteraient trois ou quatre ans dans la vie d'un pays qui n'exporte que le pétrole, y compris dans ses mauvais moments de chute libre de son prix. Chute qui ne prévient pas tout autant que les pluies qu'on qualifierait de salvatrices pour une agriculture aux rendements très aléatoires. Dans ces situations de récession mondiale, une fois vides, les caisses seront difficiles à remplir. A moins que le président se voit comme la providence de l'Algérie, il est quasiment impensable de croire en un quelconque sursaut managérial de la part du gouvernement. Jusque-là, les ministres se sont démenés uniquement en fonction de visées électoralistes et non d'exigences d'une bonne réorientation de la gouvernance.Le président, s'il a été contre des augmentations de salaires il y a à peine une année pour n'en tolérer en dernier que des bien maigres, aujourd'hui, à la veille de l'élection présidentielle, il annonce le relèvement du SNMG sans l'adosser à une quelconque condition. Pourtant, le SNMG, une fois relevé, coûtera bien plus cher au Trésor public. L'argent distribué ici et là tout au long de cette précampagne, si, de surcroît, on l'ajoute à toutes les rallonges budgétaires qu'il a accordées à chaque fois qu'il a foulé le sol d'une wilaya, doit obliger à des interrogations d'ordre managériale strict. L'on dit que Bouteflika compte sur les ressources du fonds de régulation que Abdelatif Benachenhou, alors ministre des Finances, avait dit l'avoir créé pourtant pour les générations futures. Par ces en veux-tu, en voilà de sommes d'argent colossales, le président ne dit plus que l'Algérie n'a pas d'argent mais plutôt qu'elle en a et qu'il est même prêt à en donner davantage. « Je pourrais en donner encore plus parce que nous vivons avec une jeunesse qui demande toujours plus », a-t-il déclaré le 12 février dernier à la coupole, lorsqu'il a fait savoir à l'assistance qu'il débloquera 150 milliards de dollars pour un nouveau programme de développement. Par ses promesses « marchandes », le candidat président a garanti son succès et se voit déjà élu pour un troisième mandat. « Si je t'entends encore me dire que Bouteflika n'est pas bon, je ne t'adresserai plus la parole. Moi, le 9 avril, je voterai pour lui ! », a lancé un agriculteur à la face d'un de ses copains à qui il a fait savoir qu'il n'était plus obligé de rembourser les 800 millions qu'il devait à la banque. Mis en place à coups de gros moyens humains, matériels et financiers, le staff de campagne de Bouteflika n'a pratiquement rien à inventer pour vendre le candidat. Quitte à piétiner l'éthique et la morale, le président a su soudoyer ces nombreuses voix qu'il croise sur le terrain. Il a surtout compris que dans ce pays, tout se vend, tout s'achète, au diable les scrupules. Même les élèves des lycées, à qui les ministres de l'Intérieur et de l'Education ont fait dispenser des cours sur le droit et le devoir de voter, doivent être convaincus de la bonne foi des gouvernants puisqu'on entend dire, à leur niveau, qu'il serait probable qu'ils bénéficieraient au printemps, d'une semaine de vacances en plus. C'est-à-dire, qu'au lieu de reprendre les cours le samedi 04 avril prochain après un arrêt à partir du 19 mars prochain, comme indiqué dans le communiqué du ministère de l'Education parvenu hier aux rédactions, ils les reprendront le samedi 11 avril. L'on sait que les écoles doivent être réquisitionnées pour le 9 avril prochain, pour servir de bureaux de vote le jour de l'élection présidentielle. Il serait donc possible de ne pas déranger les élèves pour à peine deux jours et demi de reprise. Entre-temps, et en attendant d'avoir leurs dix-huit ans, l'âge légal de vote, les lycéens auront quand même eux aussi compris qu'on ne badine pas avec l'exercice du pouvoir et qu'il est possible de l'acheter, à condition de mettre le prix. |
|