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J'ai suivi avec une attention
particulière les interventions des hautes autorités du pays à ce qui a trait à
la réforme universitaire et notamment l'intervention du président de la
République à propos de l'importance de la pédagogie d'enseignement comme
préoccupation fondamentale de ladite réforme.
Ces propos ont stimulé mes réflexions sur les perspectives et projections futuristes de l'Université algérienne dans le domaine de la recherche scientifique, les réformes des curriculums LMD et les réformes des programmes disciplinaires, la valorisation des enseignements, la réforme des concours hospitalo-universitaires, la réforme des programmes des sciences de la santé ainsi que le déploiement des compétences professionnelles au service de la société. En effet, ces projets de réforme universitaire cadrent bien avec les missions et les valeurs de toute université afin de fournir à la société des professionnels compétents et autonomes, mais aussi de créer des passerelles entre les établissements d'enseignement supérieur et leur environnement socio-économique pour mobiliser le potentiel, les compétences et l'expertise scientifique pour soutenir le développement humain et durable de la société. Cet article est un récapitulatif et une synthèse de mes nombreuses contributions dans la presse algérienne depuis une douzaine d'années à des fins de réflexions pour promouvoir la prise de décision politique et pédagogique au service de la communauté et de la réforme de l'Université algérienne. Pour ce faire, c'est mon devoir et mon rôle de citoyen de faire entendre ma voix et celle de tout universitaire désirant concrétiser l'idée de l'amélioration de l'acte d'enseigner et des pratiques pédagogiques en contexte de l'Enseignement supérieur. Il est important de se questionner d'emblée sur la réforme universitaire. L'Université algérienne est-elle vraiment aussi centrée sur la recherche qu'on le prétend ? Est-elle autant réfractaire au changement et à l'innovation pédagogique ? Et pourtant, la pédagogie représente le facteur essentiel à même de créer les conditions nécessaires à l'émergence d'une culture pédagogique en milieu universitaire, mais aussi au fondement d'une société plus dynamique et prospère, sur le plan socio-économique. Pour ce faire, les stratégies pour promouvoir et valoriser l'acte d'enseigner, en milieu universitaire, sont nombreuses, et espérant que les hautes autorités du pays manifestent un écho favorable et qu'elles soient sensibles aux enjeux de la mutation de l'université dans le domaine de la pédagogie d'enseignement. Il est également important de signaler que l'enseignement constitue la mission première de toute université, et cela devrait être, plus que jamais, au cœur des préoccupations des responsables universitaires d'autant que les problématiques de l'Université algérienne sont multidimensionnelles comme dans la plupart des universités du monde. Mais pour faire de nos universités des lieux d'apprentissage crédibles et innovants au service de la société, un fondamental est souvent oublié: la Pédagogie. Or, c'est par la pédagogie que fonctionne l'université en tant qu'instance de construction des savoirs. En effet, la pédagogie d'enseignement est à la base de l'amélioration des formations universitaires centrées sur les apprenants et les apprentissages d'autant qu'il existe une relation significative entre la qualité de l'enseignement dispensé et l'apprentissage en profondeur réalisé visant à fournir à la société des professionnels compétents. De plus, enseigner en milieu universitaire n'est pas aussi simple qu'on le prétend, car c'est une pratique pédagogique beaucoup plus complexe. Pour ce faire, chaque université doit être soumise socialement à une obligation de satisfaire les besoins pédagogiques de ses apprenants et de faire connaître ses compétences et son professionnalisme par la manifestation de son savoir-faire en pédagogie universitaire. En d'autres termes, il est de la responsabilité de chaque université et faculté de se procurer une visibilité académique par l'affirmation de la qualité de ses pratiques pédagogiques et par son engagement social à promouvoir les compétences professionnelles dans un contexte défavorable où cohabitent deux systèmes de formation antagoniste : Classique et LMD (Licence - Master - Doctorat). À vrai dire, même si le modèle du curriculum de formation importe, ce sont les pratiques pédagogiques innovantes qui permettent véritablement le développement de l'expertise disciplinaire et la mobilisation des compétences au service de la société en général et pour soutenir les besoins socio-économiques du pays en particulier. De plus, enseigner à l'université est un métier qui évolue, et pourtant, que font les responsables universitaires pour préparer les enseignants à l'exercice de cette mission première ? L'Université moderne établit sa notoriété et sa visibilité régionale et internationale, entre autres, par les compétences des enseignants en pédagogie universitaire, et par son professionnalisme en termes de formation centrée sur les apprenants et les apprentissages. En d'autres termes, toute université est assignable socialement à l'obligation de répondre aux besoins pédagogiques de ses apprenants en collaboration avec les partenaires de son environnement socio-professionnel. Pour ce faire, chaque université est responsable de l'ensemble du cheminement pédagogique et curriculaire des apprenants qui lui sont confiés par la société pour toute la durée du cursus de formation. Par ailleurs, il existe depuis longtemps un débat entre la place de l'Enseignement et celle de la Recherche dans la progression de carrière des enseignants universitaires. À cet effet, de très nombreux universitaires attestent que l'enseignement n'est pas valorisé, voire presque dévalorisé dans leur université, leur faculté, leur département et leur programme de formation. De plus, ils confirment que ce sont plutôt les activités de recherche scientifique qui reçoivent la plus grande part de l'attention, de l'encouragement et de la valorisation, et qui ont les conséquences les plus positives sur la progression de carrière de l'enseignant universitaire. De plus, les activités de recherche scientifique ont les impacts les plus positifs sur la carrière professorale. Il est certain que pour encourager les universitaires à s'engager entièrement en enseignement, les hautes autorités doivent assumer une responsabilité pédagogique fondamentale : soutenir clairement les activités d'enseignement, reconnaître, au grand jour, leurs réalisations et travaux et de les féliciter en célébrant avec eux les succès obtenus ou les défis surmontés dans leur pratique d'enseignement. Par ailleurs, la plupart des enseignants sont motivés afin de procurer des apprentissages de qualité à leurs étudiants, mais ils n'utilisent pas les bonnes méthodes et ressources pour y parvenir. Le premier constat est l'absence de formation à la pédagogie universitaire pour améliorer leur processus d'enseignement au regard de l'évolution rapide des connaissances dans le domaine de l'éducation. De plus, les propos des hauts responsables universitaires sont perçus comme si on avait des soupçons que le soutien à l'enseignement est traduit comme un manquement à la vocation de recherche de l'université. Lorsque les hautes directions universitaires s'adressent aux enseignants du Supérieur, il est très rare qu'elles invoquent les réalisations en enseignement et les accompagnements qu'elles désirent mettre en place, dans ce domaine. De plus, elles citent rarement les réalisations des universitaires en enseignement. En effet, l'analyse du discours des responsables d'université et des hautes autorités montre que l'évocation du terme enseignement est relativement rare. Faut-il en déduire que l'enseignement n'a pas d'importance aux yeux de nos responsables universitaires ? Le manque d'initiative dans le domaine de la Pédagogie universitaire a poussé les hautes autorités du pays à promouvoir la réforme du système universitaire, tout en considérant la pédagogie comme matrice de toute refondation ou réforme du système universitaire. En publiant l'arrêté 932 du 28 août 2016, le MESRS a pris acte et conscience que l'accompagnement pédagogique et la formation à la pratique de l'enseignement sont à la base de l'amélioration qualitative des formations universitaires. En d'autres termes, c'est la condition sine qua non pour espérer une mutation de l'université en faveur des enseignements de qualité dans les établissements du Supérieur. Mais le soutien pédagogique offert dans les établissements universitaires algériens est très insuffisant, car dans la plupart des établissements, les services de soutien et de formation à la pédagogie de l'enseignement ne sont pas ancrés ni dans la culture universitaire ni dans sa structure organisationnelle. Par ailleurs, encourager un universitaire à réfléchir sur ses pratiques pédagogiques constitue un signal fort de valorisation de l'acte d'enseigner et des pratiques pédagogiques en milieu universitaire. En d'autres termes, cela constitue un geste concret de la part du MESRS et de son engagement certain en faveur de l'amélioration des enseignements. Cela constitue également un geste tangible que l'acte d'enseigner et l'enseignement occupent des places importantes parmi les autres missions de l'université. De plus, il faut également mettre à la disposition des enseignants les outils pédagogiques et les ressources humaines compétentes nécessaires pour se développer et pour atteindre les buts de formation, à court et à moyen termes, comme le financement de projets d'innovation pédagogique, une offre de formation et d'accompagnement pédagogique, une plateforme de collaboration entre les enseignants pour partager leur expérience et pratique pédagogique. De plus, il faut proposer un soutien clair pour la valorisation et la diffusion des résultats des projets pédagogiques des enseignants comme une présentation dans un colloque de pédagogie ou des événements internes de partage d'expérience en enseignement. Plus importants encore, une réforme majeure des textes et des arrêtés ministériels, régissant tous les concours de recrutement des futurs enseignants universitaires et hospitalo-universitaires seraient plus que nécessaires pour s'adapter à l'évolution de la réalité professionnelle et pédagogique des pratiques d'enseignement universel. De plus, la notion de certification en pédagogie et le concept de l'épreuve pédagogique d'enseignement devraient être soutenus et promus comme outils de sensibilisation, de conscientisation, de sélection et de promotion bien avant l'organisation de tout concours de recrutement des futurs enseignants universitaires, et cela à tous les paliers de l'enseignement supérieur. Finalement et pour que l'enseignement soit valorisé, les hautes autorités du pays et les responsables universitaires doivent lui donner une grande visibilité, faire des propositions et prendre des actions concrètes qui motivent les enseignants, appuient les universitaires et couronnent les réalisations et les travaux louables en pédagogie de l'enseignement. C'est la condition sine qua non et elle exige une certaine volonté politique et pédagogique. De plus, on ne le rappellera jamais assez que le bricolage et l'amateurisme dans la gestion de la pédagogie d'enseignement doivent cesser pour donner la chance aux ressources humaines compétentes de faire valoir leur savoir-faire et savoir agir dans le domaine de la pédagogie universitaire et de la pédagogie des sciences de la santé. En conclusion et pour promouvoir la Pédagogie de l'enseignement, les hautes autorités du pays pourraient proposer de nouveaux modèles pour reconnaître et récompenser les enseignants universitaires sur les deux volets : recherche et enseignement. Ce modèle peut prendre appui sur une parité claire et transparente entre le dossier enseignement et le dossier recherche. *Docteur - Conseiller et concepteur en Pédagogie universitaire et des Sciences de la santé. |
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