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Par Sahri
Fadéla et Moussaoui Rabiaa - Editions ENAG - Alger 2019
Cet ouvrage arrive en son heure. Il fait revivre des souvenirs nostalgiques en décrivant les portraits de certaines femmes qui, par leur engagement associatif, culturel ou politique, dès leur jeune âge, dans une Algérie dominée, vont marquer leur temps et provoquer une rupture dans leur société par la destruction des tabous dont était affublée l'Algérienne musulmane. Ce livre est l'œuvre de deux femmes algériennes exceptionnelles par leur parcours, natives de l'ouest algérien, Fadéla Sahri et Moussaoui Rabiaa, elles-mêmes éminentes intellectuelles qui ont enrichi l'édition algérienne par des ouvrages de qualité et qui comptent dans la littérature nationale. C'est une fresque de jeunes filles, pour certaines encore lycéennes, qui vont prendre conscience tôt de leur état de sujétion. Pour se dépasser, elles bousculent par l'exemple des tabous volontairement perpétrés, entourant l'Algérienne musulmane accusée à tort de passivité. Ce livre, édité sous forme l'album, doit s'incruster dans la mémoire historique parce que le témoignage et l'exemple de chacune des femmes décrites ont contribué à donner une certaine conscience d'éveil à leurs sœurs qui n'ont pas eu leur chance. Certes, le milieu de ces pionnières a donné une impulsion indirecte dans leur engagement en fréquentant les établissements secondaires coloniaux ou les medersas libres de l'Association des oulémas algériens, à l'instar de la Medersa El Falah d'Oran. Sans être concertées, ces «égéries» dans leur combat ont toutes un point commun, à savoir l'amour de la liberté qui ne peut éclore que par le sacrifice, le savoir. C'est une lutte par et pour les idées novatrices et les informations historiques judicieuses qui donnent naissance à une conscience nationale émancipatrice. Ces combattantes se retrouvent et se recrutent dans tous les milieux sociaux et professionnels, prêtes au sacrifice suprême durant la Guerre de Libération de Novembre 54. A l'Indépendance, en 1962, les survivantes vont continuer le combat, pacifiquement, en s'intégrant soit dans la vie professionnelle comme cadre dans l'Administration algérienne naissante soit en reprenant leurs études universitaires. A la fin elles se retrouvent alors enseignantes, médecins, avocates ou en politique. Leur exemple ne sera pas vain dans leur parcours et leur présence mémoriale reste vivace chez les vieilles familles oranaises. Mais le grand mérite de cet ouvrage qui ne peut être ignoré dans la grande durée de l'Histoire algérienne, c'est d'avoir rappelé le souvenir et le témoignage de certaines femmes européennes ou juives qui ont participé politiquement et socialement à la lutte anti-colonialiste. En vérité, toutes ces femmes, d'origine musulmane ou non, ont combattu pour un idéal humaniste et universaliste. C'est la gloire de la Révolution algérienne qui a contribué à sa manière à l'émergence d'une nouvelle culture de vivre ensemble malgré la divergence dans les opinions. *Avocat - Oran |
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