En consacrant une journée de travail au
secteur du Tourisme et à la préparation de la saison estivale 2009, le wali de
Boumerdès, Mr Merad, ne pensait sûrement pas qu'il allait mettre à nu certaines
pratiques et carences aussi vieille que l'est la wilaya de Boumerdès,
c'est-à-dire depuis 1984. Ces dernières, conjuguées à la situation sécuritaire
qui a caractérisé la dernière décennie, aujourd'hui et malgré toutes les
potentialités naturelles et les différentes opérations entreprises pour
relancer ce secteur, ce dernier n'arrive pas à décoller. Ainsi, Mme Bacha, la
directrice du Tourisme, devant un parterre réunissant les maires des huit
villes côtières, allant de Boudouaou El-Bahri à l'ouest, à Delly à l'est, soit 1
420 000 m² de plage et les directeurs de l'exécutif, a passé en revue la
situation de son secteur tout en relevant les insuffisances ayant caractérisé
la saison 2008 et en définissant les priorités pour réussir la saison estivale
prochaine. la wilaya de Boumerdès reste en queue de peloton en matière
d'accueil, malgré les 7 millions et demi d'estivants ayant mit le cap sur cette
destination. Pourquoi ? Le wali relèvera que les dix Z.E.T (zone d'expansion
touristique) n'ont pas encore été lancées. Pire, on citera le cas de la ZET de
Zemmouri, voilà trois ans qu'elle fut promulguée par décret exécutif (n° 07/02
du 06/01/2006), les 49 hectares et 38 ares furent déclarés d'utilités publiques
mais rien n'a été entrepris pour récupérer ce bien domanial aujourd'hui
propriété privée, comme l'a jeté le wali à la face de son conseil exécutif, a
été érigé un complexe touristique pieds dans l'eau, empiétant ainsi sur le
domaine maritime. Interpeller par le wali, le directeur des Domaines dira que
le bâti est illicite, mais le hic est que le propriétaire possède le livret
foncier, argumentant selon toujours le directeur des Domaines que ce dernier,
dont la famille possédait des terres sur le territoire de la commune de Thénia,
avait échangé ces dernières contre celle-ci. L'affaire se trouve sur le bureau
de la cour d'Alger depuis deux ans, précise le directeur de la Conservation
foncière. Devant cet imbroglio, Mr Merad ordonna l'ouverture d'une enquête et
ajoutera que la construction du complexe doit se situer sûrement sur le tracé
de la faille de Zemmouri (7 km à l'Est) ce qui met en danger la vie des
personnes s'y rendant. Une source proche du dossier avouera que cette parcelle
sans les constructions présentes a été estimée à plus de 63 milliards de
centimes. Un autre pavé lancé dans la mare, l'intervention du directeur de
l'Environnement, ainsi on apprend que le fameux projet du village touristique,
du groupe saoudien Edar-Sidar auquel on a affecté en grande pompe voilà plus de
quatre ans la 2e ZET de Zemmouri, estimé par les promoteurs à l'époque à plus
de 300 millions de dollars US, et sensé créer plus de 5.000 postes d'emplois
directs et indirects avec une capacité d'accueil de 2.600 lits, ce fameux
projet se trouve sur une zone sensible (loi sur le littoral). Un autre projet
entravant pour le tourisme soulevé par la directrice du Tourisme,
l'exploitation d'une ferme aquacole à Corso, une parcelle attribuée en 2005 au
niveau de la plage estimée aujourd'hui à 10 hectares dépassant, selon la
directrice, de loin l'acquisition initiale sans jamais lancer cette activité,
un échange de points eut lieu sur la question entre la directrice du Tourisme
qui défend la ZET et le directeur de la Pêche qui estime que cette dernière
empiète sur son secteur.
Autre situation qui provoqua l'ire du wali,
la présence de centaines de bus occupant le parking de la plage de Corso. Il
s'adressa au P/APC de Corso «est-ce que le propriétaire s'acquitte des droits
de stationnement ? «On ne peut pas gérer une wilaya comme cela», lâcha dépité
le wali. Il faut dire que plusieurs endroits sont squattés par les bus du
transporteur des étudiants sans contrepartie. Malgré toute la bonne volonté des
responsables du tourisme ou encore la nouvelle vision du premier magistrat de
la wilaya, plusieurs entraves et vieux réflexes s'érigent en obstacles au
développement du tourisme. Boumerdès n'a pas su ou pas voulu profiter des
opportunités existantes, plage, montagne, trois barrages des zones humides, une
forêt, celle du Sahel englobant trois communes, un réseau routier des plus
performants avec deux rocades aux portes de la capitale et le tracé de
l'autoroute Est-Ouest, 15 minutes de l'aéroport international, deux ports.
Beaucoup de travail attend Mr Merad et son team pour vendre le label Boumerdès.