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Nazisme, Sionisme et Holocauste

par Mourad Benachenhou

« Puis-je demander ce que serait la réaction internationale si le Hamas avait massacré environ 900 Israéliens et soumis environ 1,5 million d'Israéliens à la dégradation et aux privations ? C'est un fait indubitable qu'Olmert, Livni et Barak sont des tueurs en masse et des criminels de guerre... Ce ne sont pas seulement des criminels de guerre, ce sont des malades mentaux...

Le gouvernement israélien actuel exploite, de manière brutale et cynique, le sentiment continu de culpabilité parmi les non-Juifs pour le massacre des Juifs pendant l'Holocauste, pour justifier le meurtre des Palestiniens... Ma grand-mère était au lit, malade quand les Nazis l'ont tuée par balles dans son lit. Ma grand-mère n'est pas morte pour couvrir les meurtres de grands-mères palestiniennes par les soldats israéliens à Gaza...»

(Déclaration de Sir Gerald Kaufman, parlementaire travailliste anglais, lors de la séance du Parlement anglais, 12 janvier 2009).

Sans nul doute, le Nazisme peut être considéré comme la forme extrême des idéologies totalitaires, fondées sur la haine de races et/ou de classes, qui ont façonné une bonne partie de l'opinion publique des pays les plus avancés, et ont abouti à des massacres et des destructions uniques dans les annales, pourtant sanglantes, de l'Histoire de ces pays, comme du monde entier, d'ailleurs.



Le Nazisme, idéologie de la barbarie à visage inhumain



La lecture de « Mein Kampf, » le livre où Adolph Hitler, le fondateur du Nazisme et le « père » du Troisième Reich, cet Etat qui, suivant ses adeptes, devait durer mil ans, ne laisse aucun doute sur les fins dernières de cette idéologie qui plaçait la violence contre ce qu'elle considérait comme les « races inférieures » au centre des préoccupations du système politique que son « prophète » voulait mettre en place, et des objectifs géostratégiques qu'il appelait son peuple à atteindre.

Il s'agissait, en premier lieu, de purifier totalement la « race aryenne » dont, selon les Nazis, le peuple allemand était l'incarnation la plus parfaite, et, pour cela, d'annihiler toutes les races « impures », d'abord sur le territoire allemand, ensuite dans l'ensemble des pays européens qui tomberaient sous la coupe nazie.

Le second objectif était de réorganiser les économies des pays soumis à l'emprise nazie, en fonction des intérêts économiques et matériels du peuple allemand, afin d'assurer la domination technologique, et donc, politique sur les « nations esclaves », telle que définies par le Nazisme.

L'idée de base était que seuls les pays peuplés en majorité de « purs Aryens » pouvaient mener des activités de production industrielle. Les autres devaient soit fournir des lieux de repos et de villégiature pour les membres de la « race supérieure », soit devenir son grenier à blé, la pourvoyant en produits agricoles et alimentaires, ou ses fournisseurs de matières premières comme le pétrole.

Dans son ouvrage, Hitler ne fit aucun secret de sa vision du monde et de ses objectifs, et il réservait un sort funeste aux populations magrébines, pour le cas où elles seraient tombées sous la coupe de son Reich.



Rejet du Nazisme par tous les dirigeants maghrébins



Les dirigeants des mouvements de libération nationale dans les quatre pays du Maghreb en existence à l'époque, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye, comprirent très tôt le caractère barbare de cette idéologie conçue par un fou et embrassée par des peuples désespérés, et prirent, sans réserves aucunes, position contre lui.

Au risque de leur vie, ces leaders, Mohammed V et Allal el Fassi, au Maroc, Ferhat Abbas et Messali Hadj en Algérie, le Bey de Tunis et Habib Bourguiba en Tunisie, les Sénousites en Libye, rejetèrent toute collaboration avec les Nazis et toute participation à leurs crimes et à leur politique raciste, bien que la tentation, pour les nationalistes maghrébins, de régler de vieux comptes avec les autorités coloniales de l'époque comme avec leurs complices et comparses, fusse certainement extrêmement forte.

A noter que les partis nationalistes de ces pays ont systématiquement condamné et rejeté tous ceux de leurs partisans qui étaient, pour des motifs faciles à comprendre, tentés de forger des alliances, même opportunistes et temporaires, avec les Nazis.



L'ennemi de mon ennemi peut être mon pire ennemi !



Les leaders de ces partis ont pris une position dénuée de toute ambigüité à l'égard de l'idéologie nazie, car ils ont, de suite, compris que « l'ennemi de mon ennemie peut être mon pire ennemi », et que le remède proposé, à savoir la collaboration avec le nazisme, pour se débarrasser de l'oppression coloniale, ne pouvait déboucher que sur une situation pire que cette oppression.

Il ne faut pas omettre de mentionner que les administrations coloniales prirent fait et cause pour le nazisme dans les quatre pays, soit parce que leur métropole était occupée par l'armée nazie, comme la France, soit parce que leur pays était l'allié du Reich, comme l'Italie.

Pourtant, les populations autochtones de ces quatre pays étaient plongées dans une déchéance politique, économique, sociale et culturelle qui les aurait certainement poussés à accepter n'importe quelle compromission pour briser le cercle vicieux de l'oppression coloniale, ne serait-ce que pour des gains temporaires et temporels.

Des dirigeants d'autres pays, supposés plus avancés que ceux du Maghreb n'ont pas hésité à aller jusqu'au bout de la complicité avec les Nazis, leur fournissant des soldats, mais également, leur livrant les représentants des « races inférieures » vivant sur leur territoire, aussi bien que les soldats et les bourreaux chargés d'exécuter leurs desseins barbares.



La désolante leçon d'inhumanité des Nations «civilisées»



Il faut constater qu'un « remarquable travail d'escamotage de l'Histoire » a été effectué depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale - guerre déclenchée à l'initiative du Troisième Reich - pour effacer, dans les mémoires, les traces de cette coopération volontaire et convaincue entre les Nazis et les dirigeants, comme les peuples, de pays qui se targuent actuellement de représenter, dans leur forme ultime, tous les idéaux fondés sur le respect de la personne humaine, quelles que soient ses origines raciales ou ses croyances religieuses.

Dans les temps de désespoir que crée une guerre totale, la leçon de refus de l'injustice et de rejet de la barbarie nazie a été donnée, non par ces pays - leurs dirigeants comme leurs peuples supposés être culturellement avancés, et « civilisés » -, mais par les peuples maghrébins, pourtant rongés par la misère, et à la recherche de la moindre lumière au bout du tunnel colonial.

La tentation de la barbarie, si porteuse de satisfaction dans les situations désespérées, a été rejetée par tous les dirigeants et les peuples du Maghreb, et c'est là un fait historique incontesté et incontestable, qui, Hélas ! n'a pas encore été ni suffisamment mis en exergue, ni suffisamment étudié.

C'est dans les temps durs que sont mis à l'épreuve les idéaux humains. Et dans ces temps, les Maghrébins ont été à la hauteur des valeurs universelles de respect de l'homme, dans toutes ses variétés.

Une alliance avec le nazisme pour faire avancer les objectifs d'indépendance nationale n'a jamais été ni contemplée, ni envisagée malgré la tentation, naturelle, de s'appuyer sur le vainqueur du moment, qui se trouve être, de surcroît, l'ennemi de notre ennemi. La clairvoyance politique des dirigeants maghrébins de l'époque a évité à nos pays, faibles, donc faciles à punir, une catastrophe historique irrémédiable !



Le régime nazi, allié des sionistes ?



Vu que les politiciens nazis n'avaient jamais caché leur hostilité à la population juive, et leur volonté de la faire disparaître du Reich allemand, par des actions d'expulsion massive, et, finalement, par leur extermination physique, on aurait pu conclure qu'il ne pouvait y avoir de possibilité de coopération entre les idéologies nazie et sioniste, l'une ayant des objectifs aux antipodes de l'autre.

Des recherches menées, entre autres, par des historiens juifs, dont Lenni Brenner, montrent que les sionistes ont entretenu des relations continues et poussées avec le Troisième Reich jusqu'à sa chute.

Dans son livre paru en 1983, et intitulé : «Le Sionisme dans l'âge de la Dictature», suivi d'un recueil de documents appuyant ses assertions, Brenner montre que les sionistes ne se sont fait aucun scrupule d'aller jusqu'au bout de la compromission avec les Nazis.

Edwin Black propose une description plus détaillée de ces relations dans son livre : « L'Accord de Transfert : l'Histoire jamais racontée du Pacte Secret entre le Troisième Reich et la Palestine juive : 1984 », édité étrangement par le Centre Simon Wiesenthal, en charge de la chasse aux anciens Nazis, et établi à Vienne, Autriche.

Black documente l'assertion selon laquelle les sionistes ont été jusqu'à proposer un accord « stratégique » aux Nazis, accord passé dans le cadre du nouvel ordre mondiale allemand, tel que décrit déjà plus haut.

Voici un extrait de ce projet de traité, établi une année et demi après l'éclatement de la guerre, le 11 janvier 1941, par l'Irgun Zwei Leumi (organisation terroriste sioniste activant en Palestine avant 1948) :

« L'Organisation nationale militaire (ONM) connait bien la bonne volonté du Gouvernement du Reich allemand et de ses autorités envers les activités sionistes à l'intérieur de l'Allemagne et envers les plans d'émigration sionistes, pense que :

1. Des intérêts communs pourraient exister entre l'établissement d'un nouvel ordre en Europe en conformité avec la conception allemande et les vraies inspirations nationales du peuple juif telles qu'elles sont incarnées par l'ONM en Palestine ;

 2. La coopération entre l'Allemagne nouvelle et un Etat hébreu rétabli serait possible ; l'établissement de l'Etat juif historique sur une base totalitaire et lié par un traité avec le Reich allemand serait dans l'intérêt du maintien et du renforcement de la future position de pouvoir allemande au Moyen-Orient ».

Cet extrait d'un document politique sioniste, rédigé par Menahem Begin, futur Premier ministre israélien, montre à quel point les dirigeants sionistes de l'époque étaient disposés à collaborer avec le régime nazi, pour atteindre leur objectif de création d'un Etat totalitaire, tirant son inspiration de la doctrine raciale nazie, et dont un auteur canado-israélien, Bernard Avishaï, a trouvé des traces claires dans la loi du retour établie en Israël en 1953, qui accorde la nationalité « juive » au sens israélien du terme, à toute personne reconnue comme juive par les autorités rabbiniques officielles du pays.

N'oublions pas qu'Israël est un Etat confessionnel qui ne reconnaît pas la séparation entre les autorités religieuses et l'Etat, bien que ses dirigeants et ses thuriféraires le présentent comme la seule vraie «démocratie occidentale» du Moyen-Orient, une bien étrange démocratie, d'ailleurs : sans Constitution écrite, sans garantie d'égalité de tous les citoyens devant la loi, sans reconnaissance de la notion de droits de l'Homme, sans égalité d'accès aux ressources publiques, sans garantie des droits de propriété aux minorités palestiniennes, sans nationalité unique partagée par tous (Il n'y a pas de « nationalité israélienne » aussi étonnant que cette affirmation puisse paraître !) etc...

Et, comme l'a écrit Har Shefi : « Israël est le seul pays qui ne se reconnaît pas lui-même » (cité par Bernard Avishaï dans : « La République Hébraïque,» p. 58).



L'Holocauste contre les races inférieures : une réalité historique incontestable



Sur les quelque 73 millions de victimes de la Seconde Guerre mondiale, 47 millions étaient des civils, dont 20 millions dans les territoires de l'ex-Union soviétique. Parmi ces morts, 12 millions deux cent mille ont été exécutés dans les camps de la mort instaurés par le système nazi pour l'extermination industrielle de membres des sous-races : Sémites, Tziganes, Slaves, des handicapés, des francs-maçons et des homosexuels.

L'opération de purification de la race germanique et d'instauration d'un nouvel ordre politique et moral propre à assurer la survie du Reich pour mille ans a été menée avec vigueur et rigueur, utilisant les méthodes les plus modernes de la gestion logistique : on peut dire, sans risque d'être démenti, que le régime nazi a prouvé, par la façon dont il a organisé et exécuté sa politique d'extermination, qu'il faisait bien partie des « nations avancées », la preuve de sa modernité doit être trouvée dans - et prouvée par - l'immense appareil administratif et les infrastructures hautement sophistiquées que ce régime a mis en place pour perpétrer son oeuvre de purification ethnique, morale et physique.

Il faut reconnaître que les Sémites à portée de la main des Nazis, c'est-à-dire les Juifs, dans le territoire allemand, comme dans les pays occupés, sont ceux qui ont subi le gros de cette politique d'extermination.

A souligner que la liste de ces pays n'en comporte aucun en dehors de l'Europe, et aucun à majorité musulmane ou à système politique contrôlé ou géré par les musulmans. A Ajouter qu'Hitler promettait le même sort aux autres populations sémites du monde.

Que l'Holocauste racial, conçu comme une opération d'épuration ethnique en application de la conception nazie de la hiérarchie des races, ait effectivement existé, ne saurait être contesté; on peut l'affirmer avec d'autant plus de force qu'aucune nation musulmane n'y a pris part directement ou indirectement, y compris, bien sûr, les Palestiniens, dont 12 mille ont d'ailleurs servi dans les troupes alliées contre la machine de guerre nazie.



Un génocide ne saurait être justifié par un autre génocide



Que l'Holocauste constitue, également, une page sombre de l'Histoire du monde occidental, un de ses moments de folie collective et de volonté de meurtre à l'échelle cosmique, - où il a eu l'occasion de faire montre de son génie de l'organisation comme de son avance à la fois technique et intellectuelle, car il fallait bien rationaliser cette oeuvre d'une barbarie infinie, qui va au-delà de la bestialité cachée en chaque être humain - ne fait nul doute.

Pour ceux dont les ancêtres n'y ont pas pris part, cette barbarie constitue une preuve que le progrès technique n'est nullement l'équivalent du progrès moral, et que l'intelligence, poussée à son extrême limite, devient une forme de folie, d'autant plus dangereuse si s'y ajoute l'esprit de foule.

Ils ont toutes raisons de condamner cette preuve que l'inhumanité n'a pas de limites si elle s'accompagne de la maîtrise technologique, et que la haute culture n'implique nullement la bonté humaine. Ils ont d'autant plus de raison de ne pas participer à la négation de cet Holocauste que leurs parents ne leur ont pas laissé en héritage l'opprobre qu'aurait appelée sur eux leur complicité dans ce summum de la barbarie difficile à comprendre comme à justifier.

A suivre