Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

ESPAGNE Visites, déclarations et contacts : Ghaza au centre des tractations diplomatiques

par I. O.

La Palestine a été, cette semaine, extrêmement présente dans la vie diplomatique espagnole. D'abord, en raison de la visite effectuée par le président de l'Autorité nationale palestinienne, Mahmoud Abbas, à Madrid. Le dirigeant palestinien a été reçu par le Roi Juan Carlos et par le président du Gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.

Au cours de la conférence de presse conjointe qui a suivi la rencontre, le Président Zapatero a appelé à « déployer tous les efforts possibles face à toutes les organisations palestiniennes ». Cette idée a fait réagir l'ambassade israélienne à Madrid. Par la voix de son porte-parole, Edwin Yabo, la représentation diplomatique s'est dite choquée par cette suggestion qui reviendrait à inclure le Hamas.

Yabo a indiqué qu'il existait des contacts fluides entre les gouvernements israélien et espagnol mais il a relevé qu'il « n'y avait pas encore eu de contact au plus haut niveau entre le président Zapatero et le Premier ministre israélien Ehud Olmert ».

Quelques heures plus tard, les deux dirigeants ont eu un entretien téléphonique. Le président du Gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a plaidé pour « un cessez-le-feu réel ».

D'autre part, et après la position exprimée lundi par le président Zapatero affirmant qu'il ne saurait y avoir de « solution militaire » et appelant la communauté internationale à chercher un mécanisme de gestion de crise, les ambassadeurs d'Arabie Saoudite, d'Egypte, du Maroc, de Palestine, du Qatar et de Syrie, en représentation des ambassadeurs arabes accrédités en Espagne, ont été reçus, mercredi, par le ministre espagnol des Affaires extérieures, Miguel Angel Moratinos.

Les ambassadeurs arabes ont remis au ministre un texte relatif à la situation prévalant à Ghaza: «Nous venons vous parler d'un thème dont vous avez déjà amplement connaissance du fait de votre engagement en faveur de la justice, de la paix et des valeurs universelles, du fait de votre appréciable expérience et de votre prestigieux parcours politique et professionnel. Nous venons vous parlez de la tragédie humaine qui est en cours à Ghaza.

Nous savons que nous pouvons compter sur le meilleur avocat et le meilleur défenseur. Nous n'avons pas de mots pour décrire l'horrible massacre de Ghaza, manifestement préparé et programmé depuis longtemps. Nous n'avons pas de mots pour décrire l'hécatombe délibérée qui accompagne les bombardements incessants, terrestres, aériens et maritimes dirigés contre des vieillards, des femmes et des enfants coincés dans un piège infernal depuis plus d'un an. Nous n'avons pas de mots pour décrire le massacre sans témoin qui est en train d'être perpétré à Ghaza et la situation apocalyptique de la population enfermée dans une prison-abattoir à ciel ouvert.

Cette tragédie humaine nous préoccupe par elle-même ; le destin des Palestiniens de Ghaza nous préoccupe ; et ses imprévisibles conséquences sur la paix dans la région et sur les légitimes revendications du peuple palestinien nous préoccupent.

L'aveuglement des dirigeants d'Israël et ses inévitables effets dévastateurs au-delà de la région nous préoccupent. L'impact de cette nouvelle tragédie sur les judicieuses actions que nous étions en train de mener ensemble dans le cadre du Dialogue des Cultures et des Religions, de l'Alliance des Civilisations et de la construction de l'Union pour la Méditerranée, nous préoccupe.

Nous préoccupe, également, l'excessive modération des réactions et des positions de certains pays occidentaux : la première réaction de la nouvelle présidence européenne nous a causé une grande stupeur, les déclarations qui tentent de mettre sur le même plan les torts des uns et des autres et de mettre au même niveau les responsabilités, nous causent une grande inquiétude.

En ce qui concerne la position de l'Espagne, nous voulons affirmer clairement que la déclaration institutionnelle du Président du Gouvernement a dissipé tout doute possible. Nous prenons acte de cette déclaration en la considérant judicieuse, positive, substantielle et argumentée. Nous apprécions à sa juste valeur la proposition du Président relative à un mécanisme international de coordination et de supervision pour mettre fin à l'agression israélienne et ouvrir des perspectives de dialogue et de négociation. Nous apprécions à sa juste valeur la disponibilité de l'Espagne à participer à ce dispositif et nous l'en remercions.

Nous estimons que l'Espagne consolide chaque jour davantage ses nobles positions vis-à-vis des causes arabes justes et son engagement pour la paix au Moyen-Orient.

Aussi, venons-nous aujourd'hui demander au Gouvernement d'Espagne, au vu de son prestige, son poids et sa capacité d'interlocution dans la région et au niveau international, qu'il fasse usage de toute son autorité et de son influence pour mettre fin à l'agression et qu'il considère cet objectif comme la priorité des priorités.

Nous demandons également au Gouvernement espagnol qu'il utilise son rôle important au sein de l'Union européenne et sa connaissance des tenants et aboutissants de cette question pour une implication plus claire, plus ferme et plus énergique de l'ensemble communautaire».