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Medelci: La résolution du Conseil de sécurité est insuffisante

par Ghania Oukazi

Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a réuni hier à la résidence El Mithak les représentants de la société civile pour coordonner avec eux les initiatives de solidarité envers Ghaza.

Aux côtés du chef de la diplomatie, il y avait le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines et le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication. A défaut donc de mener une offensive diplomatique comme elle en a eu à initier tout au long de son histoire en tant que «la Mecque des révolutionnaires» pour soutenir les causes justes, l'Algérie a décidé de mettre ses diplomates au service de la solidarité jusqu'à confondre sa diplomatie avec une entreprise d'actions humanitaires semblables à celles que mènent des ONG des pays occidentaux sur les territoires occupés. Encore que celles algériennes n'ont pu profiter à Ghaza en raison de la fermeture des frontières avec l'Egypte. «Sur décision de monsieur le Président de la République, l'Algérie a ouvert un pont aérien pour les secours qui sont dirigés avec beaucoup de difficultés, nous aussi nous avons besoin de coordination avec les autorités égyptiennes pour que ces aides aient plus d'efficacité et d'immédiateté», a déclaré le ministre des Affaires étrangères. Il précise que «si nous n'avions pas autant de contraintes, nous aurions multiplié par deux ou trois les avions de secours humanitaires pour Ghaza». Interrogé sur l'aide apportée par le gouvernement aux ressortissants algériens à Ghaza, le ministre indique que «nous avons beaucoup de frères et soeurs à Ghaza, nous avons des difficultés pour les ramener sur le territoire égyptien dont les frontières sont fermées». Mais il affirme que «notre ambassadeur fait tout son possible, avec des complicités actives, pour les faire ramener».

Tout en reconnaissant que les secours humanitaires pour Ghaza sont insuffisants, Medelci tiendra à consacrer la réunion d'hier, «la première du genre, dira-t-il, à une coordination entre les parties agissantes dans la société au profit du peuple d'El Iza oul karama, le peuple palestinien qui Inchallah créera son Etat indépendant». Pour lui, «cette coordination est nécessaire puisque nous parlons le même langage et visons le même objectif, aider les habitants de Ghaza». Selon lui, «c'est ce qui nous permettra d'échanger entre nous nos expériences et de dépasser les obstacles en donnant plus d'efficacité à nos actions sur le terrain». Pour justifier son action en tant que chef de la diplomatie, il prendra le soin de noter que «la diplomatie algérienne n'est pas administrative mais de politique globale». Il affirme que «il y a beaucoup d'efforts à déployer au plan institutionnel et à différents niveaux, ces efforts sont réels mais insuffisants. L'Algérie continue à les faire avec les pays concernés, la semaine dernière, nous avons commencé notamment avec les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU en rencontrant leurs ambassadeurs». L'UGTA, a-t-il fait savoir, «a pris l'initiative de regrouper demain à Bruxelles (NDLR : aujourd'hui) les syndicats internationaux pour prendre des initiatives communes».

Le MAE rappelle que «la résolution 1860 bien qu'elle représente un pas, n'est pas suffisante, elle a tendance à considérer certaines parties palestiniennes comme terroristes, en plus elle n'a pas fixé de calendrier pour l'arrêt de la violence, elle en garde seulement le principe, elle n'impose aucune nécessité de lever le blocus sur Ghaza». En quelques phrases, le ministre résumera une résolution du Conseil de sécurité onusien pour l'adoption de laquelle les pays arabes n'auraient pas dû insister sachant d'avance qu'elle sera royalement ignorée par Israël. «Nous sommes tous interpellés», a lancé Medelci. Sauf que l'interpellation de pays pourtant affirmant être «frères» aux Palestiniens semble s'arrêter à des actions d'envois de nourriture et de vêtements pour un peuple en proie à une guerre de destruction de son identité même. Et si nos diplomates affirment que «les secours sont insuffisants», ils se persuaderont que «dans la symbolique, ils sont importants».

Dans cette réunion, a expliqué Medelci, «vous pouvez dire quels sont les efforts que vous déployez pour aider les Palestiniens et discuter entre vous sur des initiatives à prendre, ce qui nous permettra de mieux nous organiser et d'être plus efficaces». Le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication jettera une fleur à la presse algérienne en la remerciant pour avoir traité les événements Ghaza avec beaucoup d'humanisme et de professionnalisme. Avant de donner la parole aux représentants de la société civile, Abdelkader Malki, de l'UGTA, proposera la constitution d'un bureau «pour gérer les débats sans que nos ministres quittent la table parce qu'il y aura peut-être des questions auxquelles ils devraient répondre». Une réunion pour coordonner des actions de solidarité avec Ghaza présidée par le ministre des Affaires étrangères, c'est ce qu'un diplomate a appelée - sans rire - «la diplomatie moderne».